Europe : la fraternité, un moteur essentiel de la vie politique

Colloque du Mouvement politique pour l’Unité à Strasbourg

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« La fraternité est un outil et un moteur essentiel de la vie politique » : c’est la conviction des organisateurs du Colloque « Fraternité en politique s’investir autrement dans la cité » qui a eu lieu du 13 au 15 mars 2015 à Strasbourg.

Organisé par le « Mouvement politique pour l’Unité » (MPPU) – issu du Mouvement des Focolari – au Centre Culturel St Thomas à Strasbourg, le colloque avait pour but de montrer « la pertinence de la Fraternité en politique », expliquent les organisateurs Marie Odile et Michel Batt, à Zenit.

Durant ces trois jours, une centaine de personnes de divers nations européennes ont plaidé pour mettre la fraternité au cœur de la politique et offrir « une vraie alternative à l’esprit de combativité qui envahit les débats politiques à l’heure actuelle ».

« On ne peut pas se contenter de critiquer les dysfonctionnements » ni s’arrêter « au simple constat qu’il faudrait « faire quelque chose » », ont-ils souligné : « L’avenir s’invente ensemble avec les idées de chaque génération, avec les aspirations et le dynamisme de la jeunesse, et l’expérience des plus âgés. »

Zenit – Comment est né ce colloque ?

Marie Odile et Michel Batt – C’est le désir de faire découvrir combien la fraternité est un outil et un moteur essentiel de la vie politique qui a conduit le groupe du « Mouvement Politique pour l’Unité » à organiser un colloque sur 3 jours à Strasbourg.

A qui était-il adressé ?

Il s’adressait à des personnes qui se sentent concernées par le bien commun mais qui sont aussi déconcertées par divers dysfonctionnements. Depuis une dizaine d’années, un groupe de personnes engagées au service de la collectivité, élus, employés de la fonction territoriale, responsables d’associations ou personnes au service d’activités dans leur voisinage découvrent de plus en plus la pertinence de la Fraternité en politique.

L’événement a réuni plus d’une centaine de participants provenant de différentes régions de France, mais aussi d’Allemagne, de Suisse, d’Italie et des étudiants d’autres continents (Brésil, Mexique, Côte d’Ivoire,…) ainsi qu’un public relié en direct par vidéo conférence.

Par ailleurs, une trentaine de villes à travers le monde s’étaient donné le mot pour organiser simultanément un événement sur le thème de l’unité en politique. L’opportunité était offerte par la commémoration du 7eme anniversaire du décès de Chiara Lubich (fondatrice du Mouvement des Focolari) qui a donné l’impulsion initiale à ce mouvement international du MPPU en 1996.

Quelle était la matière des échanges ?

Pour traiter ce sujet avec réalisme, ce colloque se devait d’être ancré dans le réel. Pour cela il y avait une progression qui partait des réalités telles que des élus et des personnes en charge de responsabilités les assument (avec leurs difficultés, leurs échecs, leurs satisfactions et leurs analyses rétrospectives), pour aboutir à des ouvertures sur des pistes d’actions qui favorisent le vivre ensemble. La présentation d’expériences concrètes était le substrat qui alimentait les échanges et les débats.

Au premier jour, les participants se sont penchés sur le Conseil de l’Europe : quel éclairage sa mission a-t-elle apporté ?

Vouloir parler de la fraternité en politique n’a de sens que si on connaît les structures et les institutions politiques en place. Les participants ont été réellement interpellés par la découverte de cette institution au service de la construction du dialogue entre les peuples. Cela était d’autant plus pertinent que des représentants de pays voisins, Suisse et Allemagne, ont pu partager les réalités de leur culture politique.

L’illustration de l’engagement de personnes responsables au sein du Conseil de l’Europe a été très appréciée.

Quelles sont les « bases du dialogue » en politique ?

Très clairement, c’est le regard que l’on pose sur la personne « d’en face » qui est apparu comme déterminant, cette espérance qui permet de croire que l’on arrivera à construire quelque chose ensemble malgré les intérêts divergents. C’était réjouissant de découvrir que les structures en place sont concordantes avec cette aspiration.

Au deuxième jour, vous avez donné la parole à des citoyens engagés dans divers domaines de la société (médecine, religion…) : qu’est-ce que leur expérience de terrain apporte aux politiques ?

Nous sommes tous en prise avec des problématiques dites complexes ou insolubles. Faire parler des personnes qui, confrontées à des situations déroutantes, prennent des initiatives dictées par la Fraternité, met en évidence la grandeur de la politique, la met face à sa vraie vocation.

Les expériences de terrain sont essentielles pour ne pas rester dans la simple analyse, au simple constat qu’il « faudrait faire quelque chose » ! Elles rendent aussi visible une vraie alternative à l’esprit de combativité qui envahit les débats politiques à l’heure actuelle.

Qu’est-ce qui est ressorti des groupes de travail sur le thème de la fraternité au dernier jour de la rencontre ? Sur quoi doit-on porter une attention particulière aujourd’hui en Europe ?

Il s’en est dégagé une grande confiance, une réconciliation avec la vie politique, qui a un rôle essentiel au cœur de la société, de l’organisation du vivre ensemble.

A l’heure actuelle, la tentation du repli sur soi, du repli sur son identité territoriale ou idéologique est très forte. Les lieux de crises, de conflits et d’incertitudes sont proches de chacun au quotidien. C’est l’endroit privilégié pour agir. Ce n’est pas seulement une question de structure.

Les participants sont repartis convaincus de l’impact de leurs actions animées par la fraternité. Se soucier des inquiétudes et des problèmes qui préoccupent les personnes est réellement opérant et ouvre à accueillir l’autre de culture différente. Le désir a été exprimé de rendre visibles les expériences où la confiance dans l’autre conduit à une vraie recherche de solution, à un vrai épanouissement.

Agir localement est le moyen concret et efficace pour participer globalement au renouvellement de la société et des relations entre les peuples.

Quelles conseils donneriez-vous à des jeunes qui souhaitent se lancer en politique ?

Sentez-vous concernés par la vie politique. Allez rencontrer des personnes engagées, quel que soit leur âge. Mais tenez compte du fait que vivre une « politique nouvelle », en cohérence avec la fraternité, cela s’apprend.

Ce colloque, avec une présence significative de jeunes, a été l’illustration que les regards croisés enrichissent chacun et donnent confiance en l’avenir. On ne peut pas se contenter de critiquer les dysfonctionnements actuels. L’avenir s’invente ensemble avec les idées de chaque génération, avec les aspirations et le dynamisme de la jeunesse, et l’expérience des plus âgés.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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