« L’Esprit Saint est l’âme de l’Église », souligne le pape François lors de la messe qu’il a célébrée ce 29 novembre 2014 à Istanbul : « Il donne la vie, il suscite les différents charismes qui enrichissent le peuple de Dieu et surtout, il crée l’unité entre les croyants. »
Le pape a encouragé à ne pas lui « résister » mais à « abandonner un style défensif pour se laisser conduire par l’Esprit » qui est « fraîcheur, imagination, nouveauté », et qui « bouleverse, secoue, fait marcher, pousse l’Église à avancer ».
Au deuxième jour de son voyage apostolique en Turquie (28-30 novembre) le pape François a quitté Ankara pour rejoindre Istanbul, où il a visité ce matin la Mosquée bleue et le Musée Sainte-Sophie.
Cet après-midi, il a présidé une messe à 16h, en présence du patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomaios Ier, du patriarche syro-catholique, Ignace III Younan, du vicaire patriarcal arménien apostolique d’Istanbul, Mgr Aram Ateshian, du métropolite syro-orthodoxe d’Istanbul, Filuksinos Yusuf Çetin, et de représentants de confessions évangéliques.
Les remerciant de leur présence, le pape a plaidé durant son homélie pour l’unité donnée par l’Esprit-Saint : « plus nous nous laisserons guider avec humilité par l’Esprit du Seigneur, plus nous dépasserons les incompréhensions, les divisions et les controverses et plus nous serons signes crédibles d’unité et de paix ».
A.K.
Homélie du pape François
L’Esprit Saint est l’âme de l’Église. Il donne la vie, il suscite les différents charismes qui enrichissent le peuple de Dieu et surtout, il crée l’unité entre les croyants : de beaucoup il fait un seul corps, le corps du Christ. Toute la vie et la mission de l’Église dépendent de l’Esprit Saint ; c’est lui qui réalise toute chose.
La même profession de foi, comme nous le rappelle saint Paul dans la première lecture d’aujourd’hui, est possible seulement parce qu’elle est suggérée par l’Esprit Saint : « Personne n’est capable de dire : “Jésus est Seigneur” sinon dans l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3b). Quand nous prions, c’est parce que l’Esprit Saint suscite la prière dans notre cœur. Quand nous brisons le cercle de notre égoïsme, que nous sortons de nous-mêmes et nous approchons des autres pour les rencontrer, les écouter, les aider, c’est l’Esprit de Dieu qui nous a poussés. Quand nous découvrons en nous une capacité inconnue de pardonner, d’aimer celui qui ne nous aime pas, c’est l’Esprit Saint qui nous a saisis. Quand nous passons outre les paroles de convenance et que nous nous adressons aux frères avec cette tendresse qui réchauffe le cœur, nous avons été certainement touchés par l’Esprit Saint.
C’est vrai, l’Esprit Saint suscite les différents charismes dans l’Église ; apparemment, cela semble créer du désordre, mais en réalité, sous sa conduite, cela constitue une immense richesse, parce que l’Esprit Saint est l’Esprit d’unité, qui ne signifie pas uniformité. Seul l’Esprit Saint peut susciter la diversité, la multiplicité et, en même temps, opérer l’unité. Quand nous voulons faire la diversité, et que nous nous arrêtons sur nos particularismes et sur nos exclusivismes, nous apportons la division ; et quand nous voulons faire l’unité selon nos desseins humains, nous finissons par apporter l’uniformité et l’homologation. Si au contraire, nous nous laissons guider par l’Esprit, la richesse, la variété, la diversité ne deviennent jamais conflit, parce que Lui nous pousse à vivre la variété dans la communion de l’Église.
La multitude des membres et des charismes trouve son principe harmonisateur dans l’Esprit du Christ, que le Père a envoyé et qu’il continue d’envoyer, pour accomplir l’unité entre les croyants. L’Esprit Saint fait l’unité de l’Église : unité dans la foi, unité dans la charité, unité dans la cohésion intérieure. L’Église et les Églises sont appelées à se laisser guider par l’Esprit Saint, en se plaçant dans une attitude d’ouverture, de docilité et d’obéissance. C’est Lui qui harmonise l’Eglise. Il me vient à l’Esprit la belle parole de saint Basile le grand : Ipse armonia est – lui-même est l’harmonie !
Il s’agit d’une perspective d’espérance, mais en même temps laborieuse, puisqu’il y a toujours en nous la tentation de résister à l’Esprit Saint, parce qu’il bouleverse, parce qu’il secoue, il fait marcher, il pousse l’Église à avancer. Et il est toujours plus facile et plus commode de se caler dans ses propres positions statiques et inchangées. En réalité, l’Église se montre fidèle à l’Esprit Saint dans la mesure où elle n’a pas la prétention de le régler ni de le domestiquer. Et nous, chrétiens, nous devenons d’authentiques disciples-missionnaires, capables d’interpeller les consciences, si nous abandonnons un style défensif pour nous laisser conduire par l’Esprit. Il est fraîcheur, imagination, nouveauté.
Nos défenses peuvent se manifester par le retranchement excessif sur nos idées, sur nos forces – mais ainsi nous glissons dans le pélagianisme –, ou par une attitude d’ambition et de vanité. Ces mécanismes défensifs nous empêchent de comprendre vraiment les autres et de nous ouvrir à un dialogue sincère avec eux. Mais l’Église, née de la Pentecôte, reçoit en consigne le feu de l’Esprit Saint, qui ne remplit pas tant la tête d’idées mais incendie le cœur ; elle est investie du vent de l’Esprit qui ne transmet pas un pouvoir, mais habilite à un service d’amour, à un langage que chacun est en mesure de comprendre.
Sur notre chemin de foi et de vie fraternelle, plus nous nous laisserons guider avec humilité par l’Esprit du Seigneur, plus nous dépasserons les incompréhensions, les divisions et les controverses et plus nous serons signes crédibles d’unité et de paix. Nous serons des témoins crédibles que notre Seigneur est vivant.
Avec cette joyeuse certitude, je vous salue tous avec affection, chers frères et sœurs : le Patriarche Syro-Catholique, le Président de la Conférence épiscopale ; le Vicaire apostolique Monseigneur Pelâtre, les autres Évêques et Exarques, les prêtres et les diacres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs, appartenant aux différentes communautés et aux différents rites de l’Église catholique. Je désire saluer avec une fraternelle affection le Patriarche de Constantinople, Sa Sainteté Bartholomaios Ier, le Métropolite Syro-Orthodoxe, le Vicaire Patriarcal Arménien Apostolique et les représentants des Communautés protestantes, qui ont voulu prier avec nous durant cette célébration. Je leur exprime ma reconnaissance pour ce geste fraternel.
J’envoie une pensée affectueuse au Patriarche arménien apostolique Mesrob II, en l’assurant de ma prière.
Frères et sœurs, tournons notre pensée vers la Vierge Marie, Mère de Dieu. Avec elle qui a prié dans le cénacle avec les Apôtres dans l’attente de la Pentecôte, prions le Seigneur pour qu’il envoie le Saint Esprit dans nos cœurs et nous rende témoins de son Évangile dans le monde entier. Amen !
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