Le pape François invite l’Europe à retrouver ses racines car « pour marcher vers l’avenir, il faut le passé, de profondes racines sont nécessaires », déclare-t-il devant le Conseil de l’Europe – 47 Etats membres représentant quelque 900 millions d’habitants – ce mardi 25 novembre 2014.
Le pape François a en effet accompli son cinquième voyage international, auprès des institutions européennes. Il a prononcé deux discours en fin de matinée : le premier devant le Parlement européen, et le deuxième au Conseil de l’Europe, où il est arrivé aux alentours de 12h30: deux chartes pour l’avenir de l’Union européenne.
Après la signature sur le livre d’or, les présentations des délégations, le traditionnel échange de présents, le pape est entré dans l’hémicycle de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe aux environs de 13h.
Le pape a été accueilli par le discours de bienvenue du Secrétaire général du Conseil de l’Europe, M. Thorbjørn Jagland, Norvégien.
Il a recommandé de fortifier les « racines » de l’Europe: « Si les racines se perdent, lentement le tronc se vide et meurt et les branches – autrefois vigoureuses et droites – se plient vers la terre et tombent… Un tronc sans racines peut continuer d’avoir une apparence de vie, mais à l’intérieur il se vide et meurt. »
« Ici, se trouve peut-être l’un des paradoxes les plus incompréhensibles pour une mentalité scientifique qui s’isole : pour marcher vers l’avenir, il faut le passé, de profondes racines sont nécessaires et il faut aussi le courage de ne pas se cacher face au présent et à ses défis. Il faut de la mémoire, du courage, une utopie saine et humaine », a ajouté le pape.
Il a invité l’Europe à « réfléchir pour savoir si son immense patrimoine humain, artistique, technique, social, politique, économique et religieux est un simple héritage de musée du passé, ou bien si elle est encore capable d’inspirer la culture et d’ouvrir ses trésors à l’humanité entière ».
Le pape a demandé à l’Europe : « où est ta vigueur ? Où est cette tension vers un idéal qui a animé ton histoire et l’a rendue grande? Où est ton esprit d’entreprise et de curiosité ? Où est ta soif de vérité, que jusqu’à présent tu as communiquée au monde avec passion ? »
Il a aussi exhorté le Conseil de l’Europe à « poursuivre les processus [de paix] sans anxiété mais avec des convictions claires et avec ténacité » : « La voie privilégiée vers la paix c’est de reconnaître dans l’autre non un ennemi à combattre, mais un frère à accueillir… Il s’agit d’un processus continu, qu’on ne peut jamais considérer pleinement achevé » et qui exige « une vigilance absolue ».
Enfin, le pape a proposé une collaboration entre le Saint-Siège et le Conseil de l’Europe, « pour forger la mentalité des futures générations d’Européens » : « Il s’agit d’effectuer ensemble une réflexion dans tous les domaines, afin que s’instaure une sorte de « nouvelle agorà », dans laquelle chaque instance civile et religieuse puisse librement se confronter avec les autres, même dans la séparation des domaines et dans la diversité des positions, animée exclusivement par le désir de vérité et par celui d’édifier le bien commun. »
Le discours du pape a été suivi de l’allocution, en français, de Mme Anne Brasseur, du Luxembourg, présidente de l’Assemblée parlementaire.