Pour le Saint-Siège, le premier frein à la criminalité sont « les citoyens de chaque pays », par « leur confiance et leur soutien aux forces de l’ordre ».
Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les rapports avec les États, est intervenu le 4 novembre devant la 83e session de l’Assemblée générale d’Interpol à Monaco (3-7 novembre) sur le thème « Menaces criminelles contemporaines et nouveaux enjeux de coopération policière internationale ».
Cette session marquait aussi la célébration du centenaire du premier congrès international de police judiciaire.
Le Saint-Siège a salué « les initiatives, les efforts et les projets d’Interpol destinés à améliorer les conditions de vie et de sécurité des membres de la famille humaine ».
« La sécurité a été et continue d’être l’un des défis les plus importants de notre époque », a ajouté Mgr Mamberti en rappelant que le Vatican est associé à Interpol depuis 2008. A ce titre, le Saint-Siège « s’associe aux efforts de la communauté internationale face aux diverses formes de criminalité » grâce à « l’excellent travail accompli par le Corps de la Gendarmerie vaticane » et grâce à des « instruments normatifs efficaces ».
Le premier frein à la criminalité sont les citoyens
Parmi les causes du « recours à la criminalité, au terrorisme et à la guerre », le Saint-Siège a noté « des motifs idéologiques, ethniques ou culturels », mais aussi la pauvreté : « certains [y ont vu] le moyen le plus facile, sinon l’unique à leur portée, de sortir de la pauvreté et de devenir protagonistes du village global ».
La lutte contre toute forme de criminalité suppose donc « la solidarité sociale » et « le devoir moral de tout faire pour créer les conditions hostiles à son déclenchement et à son développement », le premier frein à la criminalité étant « les citoyens de chaque pays » par « leur confiance et leur soutien aux forces de l’ordre ».
Mgr Mamberti a souhaité que « les gouvernements, les forces de police et les autorités judiciaires parviennent à susciter et à alimenter la confiance et le respect des citoyens », une attitude qui va dans le sens de la « culture de la rencontre », promue par le pape François.
Le Saint-Siège a aussi plaidé pour la « promotion et le renforcement de l’État de droit, au niveau local comme au niveau mondial, afin de consolider la confiance entre les peuples et de raviver les espoirs de paix dans le monde ».
Utilisation perverse du progrès technologique
L’archevêque a également fait le point sur la criminalité transnationale actuelle qui s’est « beaucoup transformée tant du point de vue quantitatif que du point de vue de la violence de ses manifestations ».
Ce développement a été favorisé « par l’utilisation perverse des instruments de la mondialisation et du progrès technologique », a-t-il fait observer : ainsi par exemple les nouvelles communications sont utilisées « à des fins abusives et criminelles » et des activités délictueuses sont perpétrées « à grande échelle dans le domaine financier, tirant avantage des lacunes de la réglementation et du contrôle du cyberespace ».
En outre, le Saint-Siège a dénoncé « un accès trop facile aux technologies de la guerre ». Il a exprimé sa préoccupation pour « la planification des activités criminelles au niveau planétaire, avec des systèmes de coordination qui dépassent les frontières des États ».
Combattre avec détermination le trafic d’êtres humains
Mgr Mamberti a évoqué « la plaie dramatique du trafic d’êtres humains, forme moderne de l’esclavage », subi par plus de vingt-sept millions de personnes : « Ce crime odieux doit être combattu avec détermination, en particulier par la mise en œuvre des moyens nécessaires. »
Il s’agit notamment de promouvoir « la formation des consciences individuelles et la sensibilisation de l’opinion publique en faveur des droits et de la dignité de la personne humaine ».
Le Saint-Siège préconise de travailler pour « une prise de conscience collective de l’ampleur et de la perversité du phénomène de la traite, afin d’agir résolument et sur tous les fronts pour que les victimes soient libérées et réhabilitées, et que les responsables et leurs complices soient jugés avec une juste rigueur ».
La finalité de la peine doit être la réhabilitation du coupable
Rappelant « la valeur transcendante de la dignité humaine », le Saint-Siège a souligné que « le plein respect des droits humains nécessite de conserver la conviction que le criminel, aussi graves que puissent être les délits commis, est toujours une personne humaine, dotée de droits et de devoirs ».
« La finalité de la peine doit être la réhabilitation du coupable afin qu’il puisse, autant que possible, se réintégrer dans le tissu social » : « L’État a le devoir de prévenir et réprimer les actes criminels » tout en garantissant « les droits fondamentaux dont jouit toute personne ».
« Ainsi, pour être légitime, toute restriction à la liberté individuelle, même si elle a pour but la prévention ou la répression d’une activité criminelle, ne devra jamais porter atteinte à la dignité de la personne ou compromettre injustement l’exercice effectif des droits fondamentaux », a souligné l’archevêque.