« Paul VI a été le guide et l’interprète du concile », explique, dans L’Osservatore Romano en italien, le cardinal Loris Capovilla, 99 ans en octobre prochain, ancien secrétaire particulier du saint pape Jean XXIII. Il souligne le « génie pastoral » de Paul VI, qui sera béatifié le 19 octobre.
« L’humanitas de Montini, sa foi, sa religiosité, sa culture et son expérience, sa capacité à lire l’histoire et à en interpréter les événements le qualifient comme un des prélats les plus éminents, un de ceux vers qui devait converger les choix des cardinaux électeurs », dit le cardinal italien du jeune Montini.
Avec ce fait curieux : « Après la mort de Jean XXIII, Montini ne participa pas aux fameuses congrégations générales que les cardinaux tiennent une ou deux fois par jour pendant la vacance du siège. »
Fidélité aux intuitions de Jean XXIII
De fait, il resta à Milan, auprès de ses diocésains jusqu’au 18 juin 1963, veille de l’entrée en conclave. Il fut élu le 21 juin, au cinquième scrutin. Quinze jours plus tôt, il avait fait déclaration de fidélité aux orientations de Jean XXIII, lors d’une messe pour Jean XXIII : « Ce sera cette fidélité aux grands canons de son pontificat qui en perpétuera la mémoire et la gloire et qui nous le fera sentir encore plus paternel et plus proche ». Le pontificat allait durer 15 ans.
Quant au choix du nom de « Paul », le card. Capovilla fait observer : « De l’apôtre des nations, il imita dès les premiers mois l’engagement itinérant : l’engagement du concile et l’ « aggiornamento », l’indication laissée par son prédécesseur : « Fidélité et renouveau », le chemin du dialogue et de la rencontre avec les peuples des cinq continents. »
Le cardinal Capovilla salue ce qu’il appelle le « génie pastoral » de Paul VI : « Le définir comme un pape diplomate ou politique, un pape aristocratique, un pape incertain et angoissé, signifierait n’avoir rien compris. Il a été un pontife religieux dans le sens le plus profond du terme, un homme simple et discret, respectueux de sa liberté et de celle des autres, conscient du poids formidable chargé sur ses fragiles épaules et, malgré cela, certain de marcher avec le Christ, main dans la main. Il a été un chantre de l’humanité et de ses valeurs, ni pessimiste, ni naïf mais plutôt ouvert à l’espérance, toujours confiant dans la capacité de se repentir de ceux qui sont dans l’erreur. »
Photos du pontificat
Il cite cette réflexion de Jean-Paul II : « Nous voyons son personnage à la lumière de tout ce qu’il a fait et enseigné, et nous le voyons de mieux en mieux à mesure que le temps nous éloigne de sa vie terrestre et de son ministère. »
Il retient quelques « photos » du pontificat comme « des moments qui illustrent les étapes de l’Église itinérante à l’époque du concile Vatican II : l’Église de la Parole, du service, de la communion »: « Paul VI portant le crucifix au Colisée, sur les rives du Jourdain et au Cénacle, à la tribune de l’ONU, baisant les pieds de l’envoyé de Constantinople dans la Chapelle Sixtine, sur l’escalier mobile de l’avion. »
« Paul VI a été le guide et l’interprète du concile, affirme le témoin de huit papes. Il faut reconnaître au pape Jean la paternité et la dimension prophétique de ces assises œcuméniques providentielles, et à son successeur le mérite incomparable de les avoir menées à leur pleine réalisation et d’en avoir été, jusqu’au bout, le catéchiste et le chantre persévérant. »
Il souligne la contribution de Paul VI dans différents domaines : la réforme liturgique, la réforme de la Curie romaine, la Maison pontificale, le règlement du conclave, le dialogue avec les frères séparés (l’accolade avec les patriarches d’Orient et avec les chefs des communautés anglicanes et protestantes), les rapports « courtois » avec les représentants du judaïsme et des religions monothéistes, et avec les hommes d’État et de culture, y compris avec les non croyants.
Pour ce qui est des voyages il cite le pèlerinage en Terre Sainte et à Éphèse, les grandes assemblées religieuses en Asie, en Afrique, en Amérique et en Océanie.
Et le fameux appel de la tribuen des Natiosn Unies, à New York : « Plus jamais la guerre ! Plus jamais ! (…) Nous devons nous habituer à penser d’une manière nouvelle l’homme ; d’une manière nouvelle enfin les chemins de l’histoire et les destins du monde. Jamais comme aujourd’hui, dans une époque marquée par un tel progrès humain, n’a été aussi nécessaire l’appel à la conscience morale de l’homme. »
Avec une traduction de Zenit, Constance Roques