Le 18 Juillet 1994, date de l’attentat contre la communauté juive de Buenos Aires, Mgr Jorge Bergoglio était évêque auxiliaire et vicaire épiscopal du quartier de Flores.
Vingt ans après, le pape exprime sa proximité à la communauté juive d’Argentine à l’occasion de l’anniversaire de l’attentat contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), qui promeut la solidarité sociale. L’explosion a fait 85 victimes, dont un prêtre catholique, le P. Juan Carlos Brumana, et 230 blessés.
Le pape condamne le terrorisme comme une « folie destructrice » et il demande que « justice soit faite ».
Le pape adresse à la communauté de Buenos Aires et aux familles des victimes un message vidéo tourné, grâce à son téléphone portable, par le directeur exécutif du Congrès juif latino-américain – branche du Congrès juif mondial -, Claudio Epelman, qui a rendu visite au pape au Vatican le mois dernier. Il l’avait déjà reçu le 20 mars 2013, puis le 16 janvier 2014.
La vidéo a été projetée lors de la cérémonie de commémoration, à Buenos Aires, ce 18 juillet.
Une folie destructrice
Il voit dans l’attentat un « geste de folie » et il fait observer que le manque de justice est une « dette envers la société ».
« Le terrorisme est une folie. Le seul but de terrorisme est de tuer. Il ne construit pas, il ne fait que détruire », dit le pape.
« C’est pourquoi je tiens à être aux côtés de tous ceux qui ont vu des vies abrégées, des espérances détruites, et ruinées. J’ai dit que Buenos Aires est une ville qui a besoin de pleurer, qui n’a pas encore assez pleuré », ajoute le pape François.
Il appelle à la justice: « Au risque de tomber dans un lieu commun, je le répète : il nous faut pleurer. Nous sommes très enclins à archiver les choses, à ne pas nous charger d’histoire, de souffrances, de choses qui auraient pu être belles et qui ne l’ont pas été. Et c’est pour cela que cela nous coûte autant de trouver des chemins de la justice pour faire face à la dette que cette tragédie a contractée avec la société. »
Que « justice soit faite »
Le pape exprime sa « proximité » et sa « prière » pour « toutes les victimes » et affirme encore aujourd’hui son « désir de justice » : « Que justice soit faite. Que Dieu vous bénisse tous. Les institutions, les familles. Que Dieu donne la paix à ceux qui ont été tués dans cet acte de folie », conclut le pape.
Le pape avait annoncé ce message à l’occasion de son voyage en Terre Sainte et de sa prière au mémorial des victimes du terrorisme sur la colline du Mont Herzl, à Jérusalem, comme nous le rapportions le 28 mai.
Président du Congrès juif mondial, Ronald S. Lauder a remercié le pape d’avoir accepté d’adresser ce message « émouvant » à la communauté juive argentine: « C’est peut-être la première fois qu’un pape a enregistré un tel message. Nous remercions le pape François pour son message sincère et voulons lui exprimer notre profonde gratitude parce qu’il a choisi de faire connaître son opinion franchement à propos de ce triste anniversaire. Le monde a besoin d’entendre ce message et de tenir compte de votre appel à la solidarité avec les victimes et le désir de justice. »
L’attentat a été la plus grande attaque terroriste de l’histoire de l’Amérique du Sud et un événement traumatisant pour les Juifs en Argentine et au-delà. Les enquêteurs argentins ont suspecté l’Iran et le bras du Hezbollah. « Vingt ans après, il est grand temps de clore ce chapitre et d’amener ceux qui ont commis cet acte de terreur devant la justice » a déclaré R. Lauder.
Solidarité de la communauté catholique
L’actuel archevêque de Buenos Aires, le cardinal Mario Aurelio Poli, a participé à la cérémonie de commémoration du 20e anniversaire de l’attaque avec le P. Omar Salvador Di Mario, membre de la Commission de l’archidiocèse pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux.
Luis Czyzeweski, dont la fille, Paola, 21 ans, est morte dans l’attentat, a remercié l’archevêque d’avoir ouvert les portes de la cathédrale pour commémorer avec d’autres confessions religieuses l’anniversaire de la tragédie, lundi dernier, 14 juillet.