L’évêque de Rome parle de « la Ville éternelle, qui devrait être un phare pour le monde », dans un entretien publié sur le quotidien romain “Il Messaggero”, le 30 juin 2014 : si aujourd’hui Rome « est le miroir de la dégradation morale de la société », le pape François estime que « ces problèmes peuvent se résoudre avec une bonne politique sociale ».
Pour le pape, « le premier service de François est celui-ci : faire l’évêque de Rome. Tous les titres du pape, pasteur universel, vicaire du Christ, etc., il les a parce qu’il est évêque de Rome ». Il confirme son intention « d’aller visiter le territoire, les paroisses ».
S’il connaissait très peu Rome auparavant, y venant rarement comme cardinal, le pape François assure qu’il « commence à [se] sentir romain » : « Je découvre petit à petit cette ville. C’est une très belle métropole, unique, avec les problèmes des grandes métropoles », ajoute-t-il en constatant que « la Ville éternelle, qui devrait être un phare pour le monde, est le miroir de la dégradation morale de la société ».
Il évoque notamment les « tribus urbaines des jeunes… des territoires culturels transversaux, qui ont leur propre appartenance. Des villes dans les villes. L’Église doit aussi savoir répondre à ce phénomène ».
Il dénonce aussi les maux des métropoles où certains « augmentent leurs bénéfices » tandis que d’autres « deviennent de plus en plus pauvres ». « Je pense que ces problèmes peuvent se résoudre avec une bonne politique sociale », poursuit le le pape.
Il déplore la pauvreté matérielle comme la pauvreté morale, en particulier celle du chômage : celui qui perd son travail « pourra peut-être aller à la Caritas et rentrer chez lui avec un sac de provisions, mais il expérimente une pauvreté très grave qui ruine son cœur… beaucoup de personnes vont à la cantine et, en cachette, couvertes de honte, elles remportent de la nourriture chez elles. Leur dignité est progressivement appauvrie, elles vivent dans un état de prostration ».
Le pape exprime aussi son « immense douleur » pour la « prostitution, la mendicité » et « l’exploitation des enfants » : « Une fois, on m’a prévenu qu’il y avait, dans une rue de Buenos Aires, des petites filles prostituées de douze ans. Cela m’a fait mal. Mais plus encore en voyant que c’était des voitures de gros cylindre conduites par des personnes âgées qui s’arrêtaient. Ils auraient pu être leurs grands-parents. Ils faisaient monter la fillette et la payaient 15 pesos qui lui servaient ensuite à acheter les déchets de la drogue, le « pacco ». Pour moi, ces personnes qui se comportent comme cela avec ces fillettes sont des pédophiles. Cela existe aussi à Rome. »
Avec une traduction de Constance Roques