L’unité entre les chrétiens « est un don auquel le Très-Haut nous donne dès maintenant la grâce de puiser, chaque fois que, par la force de l’Esprit-Saint, nous réussissons à nous regarder les uns les autres avec les yeux de la foi, à nous reconnaître pour ce que nous sommes dans le plan de Dieu, dans le dessein de sa volonté éternelle, et non pour ce que les conséquences historiques de nos péchés nous ont poussés à être », affirme le pape François.
Le pape a reçu la délégation du patriarcat œcuménique de Constantinople, venue à Rome, selon la tradition, à l’occasion de la solennité des saints Pierre et Paul (29 juin), samedi dernier, 28 juin 2014.
La délégation, envoyée par le patriarche oecuménique de Constantinople Bartholomaios Ier, était guidée par le métropolite de Pergame Ioannis Zizioulas, co-président de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, accompagné par l’archevêque Job de Telmessos et l’archidiacre patriarcal, le théologien américain John Chryssavgis.
Le pape a expliqué que le regard de la foi était « capable de générer une réflexion théologique authentique, qui est en réalité une véritable science de Dieu, participation au regard que Dieu a sur lui-même et sur nous ».
« Nous avons tous besoin de nous ouvrir avec courage et confiance à l’action de l’Esprit-Saint, de nous laisser impliquer dans le regard du Christ sur l’Église son épouse, sur le chemin de cet œcuménisme spirituel renforcé par le martyre de tant de nos frères qui, en confessant que Jésus-Christ est Seigneur, ont réalisé l’œcuménisme du sang », a-t-il ajouté.
A.K.
Discours du pape François
Éminence,
Chers frères dans le Christ,
La solennité des saints patrons de l’Église de Rome, les apôtres Pierre et Paul, me procure à nouveau la joie de rencontrer une délégation de l’Église sœur de Constantinople. Je vous accueille en vous souhaitant chaleureusement la bienvenue et j’exprime mes remerciements au patriarche œcuménique, Sa Sainteté Bartholomaios Ier, et au Saint Synode, de vous avoir envoyés pour partager avec nous la joie de cette fête.
Le souvenir des rencontres que j’ai eues récemment avec mon frère bien-aimé Bartholomaios est encore vivant dans mon esprit et dans mon cœur. Au cours de notre pèlerinage commun sur la Terre de Jésus, nous avons pu revivre la grâce de l’accolade qui eut lieu il y a cinquante ans, dans la ville sainte de Jérusalem, entre nos vénérés prédécesseurs, Athénagoras Ier et Paul VI. Ce geste prophétique a donné une impulsion décisive à un cheminement qui, grâce au Seigneur, ne s’est plus arrêté. Je considère comme un don particulier de la part du Seigneur d’avoir pu vénérer ensemble ces lieux très saints, nous unir dans la prière sur le lieu du tombeau du Christ, là où nous pouvons toucher avec la main le fondement de notre espérance. La joie de cette rencontre a ensuite été renouvelée lorsque nous avons conclu ensemble notre pèlerinage en élevant ici, près de la tombe de l’apôtre Pierre, une invocation fervente à Dieu pour le don de la paix en Terre sainte, avec les présidents israélien et palestinien. Le Seigneur nous a donné ces occasions de rencontre fraternelle, où nous avons eu la possibilité de nous manifester mutuellement l’amour qui nous lie dans le Christ, et de redire notre volonté commune de continuer à cheminer ensemble sur la voie de la pleine unité.
Nous savons bien que cette unité est un don de Dieu, un don auquel le Très-Haut nous donne dès maintenant la grâce de puiser, chaque fois que, par la force de l’Esprit-Saint, nous réussissons à nous regarder les uns les autres avec les yeux de la foi, à nous reconnaître pour ce que nous sommes dans le plan de Dieu, dans le dessein de sa volonté éternelle, et non pour ce que les conséquences historiques de nos péchés nous ont poussés à être. Si, guidés par l’Esprit-Saint, nous apprenons à nous regarder toujours les uns les autres en Dieu, notre cheminement sera encore plus rapide et la collaboration dans de nombreux domaines de la vie quotidienne, qui nous unit déjà avec bonheur, en sera plus agile.
Ce regard théologal se nourrit de foi, d’espérance et d’amour ; il est capable de générer une réflexion théologique authentique, qui est en réalité une véritable science de Dieu, participation au regard que Dieu a sur lui-même et sur nous. Une réflexion qui ne pourra que nous rapprocher les uns des autres, sur le chemin de l’unité, même si nous partons de perspectives différentes. Je suis donc confiant et je prie pour que le travail de la Commission mixte internationale puisse être l’expression de cette compréhension profonde, de cette théologie « faite à genoux ». La réflexion sur les concepts de primat et de synodalité, sur la communion dans l’Église universelle, sur le ministère de l’évêque de Rome ne sera alors pas un exercice académique ni une simple dispute entre des positions inconciliables. Nous avons tous besoin de nous ouvrir avec courage et confiance à l’action de l’Esprit-Saint, de nous laisser impliquer dans le regard du Christ sur l’Église son épouse, sur le chemin de cet œcuménisme spirituel renforcé par le martyre de tant de nos frères qui, en confessant que Jésus-Christ est Seigneur, ont réalisé l’œcuménisme du sang.
Chers membres de la délégation, avec des sentiments de respect sincère, d’amitié et d’amour dans le Christ, je renouvelle tous mes remerciements pour votre présence ici avec nous. Je vous demande de transmettre mes salutations à mon vénéré frère Bartholomaios Ier et de continuer de prier pour moi et pour le ministère qui m’a été confié. Par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, la Mère de Dieu, des saints apôtres Pierre et Paul, les coryphées des apôtres, et de saint André, le premier appelé, que Dieu tout-puissant nous bénisse et nous comble de toutes grâces. Amen.
Traduction de Zenit, Constance Roques