Le pape François dénonce le commerce des armes, qui alimente les guerres en « donnant à tous ceux qui sont en conflit, les armes pour continuer le conflit ». Il demande de prier pour « la conversion des criminels » qui s’adonnent à ce commerce.

Au premier jour de son pèlerinage en Terre Sainte, ce samedi 24 mai 2014, le pape François a rencontré quelque 600 réfugiés - syriens et irakiens - et personnes handicapées en Jordanie, à Béthanie, site du baptême du Christ, sur l’autre rive du Jourdain.

Après avoir célébré la messe au stade d’Amman, le pape a rejoint l’église latine actuellement en construction à Béthanie, et dont Benoît XVI avait béni la première pierre en 2009.

Accueilli chaleureusement par les « Viva il papa ! » répétés des participants qui agitaient des drapeaux du Saint-Siège et de la Jordanie, le pape est arrivé souriant, au coucher du soleil. Conduit au son d’un hymne joyeux et rythmé jusqu’à un siège doré, il a inauguré la rencontre par le signe de la croix.

Mgr Fouad Twal, patriarche de Jérusalem des latins, a formulé quelques paroles d’introduction, après lesquelles le pape a prononcé un discours en italien, évoquant « les drames et les blessures de notre temps, spécialement celles provoquées par les conflits encore ouverts au Moyen Orient ».

Exprimant plus particulièrement ses préoccupations pour la Syrie, il lancé un nouvel appel à l'arrêt des violences et à la paix. Puis quittant un instant son texte préparé, le pape a dénoncé le commerce des armes, enraciné dans « la convoitise de l’argent », qui alimente les conflits.

Il a invité à prier pour la conversion de « ces pauvres gens criminels », qui « donnent à tous ceux qui sont en conflit, les armes pour continuer le conflit ».

Le pape a remercié les Autorités et le peuple jordanien « pour l’accueil généreux d’un nombre très élevé de réfugiés provenant de la Syrie et de l’Irak », demandant à la communauté internationale de « ne pas laisser seule la Jordanie » pour faire face à cette « urgence humanitaire » mais de « continuer et accroitre son action de soutien et d’aide ».

Il a encouragé également « tous ceux qui font œuvre d’assistance et de solidarité envers les réfugiés » : « en portant assistance à ceux qui en ont besoin, sans distinction de foi religieuse, d’appartenance ethnique ou idéologique, ils manifestent la splendeur du visage charitable de Jésus miséricordieux », a-t-il souligné.

Demandant de s’unir à sa prière pour la paix, le pape a confié aux jeunes handicapés une mission : « Vous pouvez le faire aussi en offrant à Dieu vos peines quotidiennes, et ainsi votre prière deviendra précieuse et efficace ».

« Je vous encourage à collaborer, par votre engagement et votre sensibilité, à la construction d’une société respectueuse des plus faibles, des malades, des enfants, des personnes âgées. Même dans les difficultés de la vie, soyez signe d’espérance. Vous êtes dans le cœur de Dieu et de mes prières », a-t-il ajouté à leur intention.

Son allocution a été suivie de témoignages de réfugiés et de jeunes malades ou handicapés, en arabe, en anglais et en espagnol. Parmi eux, un jeune garçon a témoigné de la « bénédiction » de Dieu sur lui dans sa maladie, un jeune atteint de handicap mental a parlé au pape en arabe, soutenu par un volontaire pour la prononciation des mots au micro. Près du pape, un interprète franciscain traduisait.

Un groupe d’enfants a interprété un chant dédié à la Vierge Marie en espagnol, que le pape a applaudi de bon cœur. Tout au long de la rencontre, il a également reçu différents présents, des œuvres artisanales locales – un tableau, une écharpe… – et il a conclu par un bain de foule en descendant les marches de l’estrade.

Lorsque la célébration s’est terminée, aux environs de 20h30, la nuit était tombée sur l’église de Béthanie, éclairée de puissants halogènes au cœur d’un écrin de verdure jordanien.