A son arrivée à Tel Aviv, le pape François rappelle que la tragédie de la Shoah est un avertissement pour l’histoire de toute l’humanité en annonçant qu’il se rendra ua Mémorial de Yad Vashem « en souvenir des six millions de juifs victimes de la Shoah, tragédie qui demeure comme un symbole du point où peut arriver la méchanceté de l’homme quand, fomentée par de fausses idéologies, il oublie la dignité fondamentale de chaque personne, qui mérite un respect absolu quel que soit le peuple auquel elle appartient et la religion qu’elle professe. Je prie Dieu pour que plus jamais ne se produise un tel crime, dont ont été victimes aussi tant de chrétiens et d’autres ».
Accueilli à 15h35 (de Rome) à sa descente d’hélicoptère, à l’aéroport de Tel Aviv-Ben Gourion, par le président Shimon Peres et par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, le pape a écouté les hymnes officiels du Vatican et d’Israël – « Ha Tikva », l’Espérance -, avant les honneurs militaires et la présentation des deux délégations.
Le président et le Premier ministre ont prononcé un discours, avant celui du pape François.
« Il faut entreprendre toujours avec courage et sans se lasser la voie du dialogue, de la réconciliation et de la paix. Il n’y en a pas d’autre », a déclaré le pape avant de réaffirmer la « solution de deux Etats » souhaitée par Benoît XVI.
Il a déploré et condamné la tuerie de Bruxelles comme un acte de « haine antisémite ».
Aux chrétiens il a donné cette misison: « Soyez ferment de réconciliation, porteurs d’espérance, témoins de charité. Sachez que vous êtes toujours dans mes prières. »
Et au président Peres, il a répété l’invitation faite le matin à Bethléem en présence du président Mahmoud Abbas.
A.B.
Discours du pape François à Tel Aviv
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Frères,
Je vous remercie cordialement pour l’accueil dans l’État d’Israël, que j’ai la joie de visiter au cours de mon pèlerinage. Je suis reconnaissant au Président, Monsieur Shimon Pérès, et au Premier Ministre, Monsieur Benjamin Netanyahu, pour les courtoises paroles qu’ils m’ont adressées. Je me souviens volontiers des rencontres avec eux au Vatican. Comme vous le savez, je viens en pèlerin 50 ans après le voyage historique du Pape Paul VI. Depuis lors, beaucoup de choses ont changé entre le Saint-Siège et l’État d’Israël : les relations diplomatiques, qui existent entre nous désormais depuis une vingtaine d’années, ont favorisé l’accroissement de relations bonnes et cordiales, comme en témoignent les deux Accords déjà signés et ratifiés et celui en voie de perfectionnement. Dans cet esprit, j’adresse mon salut à tout le peuple d’Israël et je souhaite que se réalisent ses aspirations à la paix et à la prospérité.
Sur les traces de mes prédécesseurs, je suis venu comme pèlerin en Terre Sainte, où s’est déroulée une histoire plurimillénaire et où se sont produits les principaux événements liés à la naissance et au développement des trois grandes religions monothéistes, le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam ; c’est pourquoi elle est le point de référence spirituel pour une si grande partie de l’humanité. Je souhaite donc que cette Terre bénie soit un lieu où il n’y ait aucune place pour celui qui, en instrumentalisant et en exacerbant la valeur de sa propre appartenance religieuse, devient intolérant et violent envers celle d’autrui.
Durant mon pèlerinage en Terre Sainte, je visiterai certains lieux parmi les plus significatifs de Jérusalem, ville de valeur universelle. Jérusalem signifie ‘‘cité de la paix’’. C’est ainsi que Dieu la veut et c’est ainsi que tous les hommes de bonne volonté désirent qu’elle soit. Mais malheureusement, cette ville est encore tourmentée par les conséquences de longs conflits. Nous savons tous combien la nécessité de la paix est urgente, non seulement pour Israël, mais encore pour toute la région.
Par conséquent, que se multiplient les efforts et les énergies en vue d’arriver à une résolution juste et durable des conflits qui ont causé tant de souffrances. En union avec tous les hommes de bonne volonté, je supplie tous ceux qui sont investis de responsabilité de ne laisser passer aucune tentative pour la recherche de solutions équitables aux difficultés complexes, de manière qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre en paix. Il faut entreprendre toujours avec courage et sans se lasser la voie du dialogue, de la réconciliation et de la paix. Il n’y en a pas d’autre.
Par conséquent, je renouvelle l’appel que, de ce lieu, Benoît XVI a lancé : qu’il soit universellement reconnu que l’État d’Israël a le droit d’exister et de jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Qu’il soit également reconnu que le Peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine, à vivre avec dignité et à voyager librement. Que la ‘‘solution de deux États’’ devienne réalité et ne demeure pas un rêve.
Un moment particulièrement touchant de mon séjour dans votre pays sera la visite au Mémorial de Yad Vashem, en souvenir des six millions de juifs victimes de la Shoah, tragédie qui demeure comme un symbole du point où peut arriver la méchanceté de l’homme quand, fomentée par de fausses idéologies, il oublie la dignité fondamentale de chaque personne, qui mérite un respect absolu quel que soit le peuple auquel elle appartient et la religion qu’elle professe. Je prie Dieu pour que plus jamais ne se produise un tel crime, dont ont été victimes en premier les Juifs, et aussi tant de chrétiens et d’autres.
Nous souvenant toujours du passé, promouvons une éducation où l’exclusion et l’affrontement laissent place à l’inclusion et à la rencontre, où il n’y ait pas de place pour l’antisémitisme, quelle que soit la forme sous laquelle il se manifeste, ni pour une quelconque expression d’hostilité, de discrimination ou d’intolérance envers des personnes et des peuples.
Le coeur profondément douloureux, je pese à ceux qui ont perdu la vie dans l’attentat atroce survenu hier à Bruxelles. Je déplore à nouveau vivement cet acte criminel de haine antisémite, et je recommande à Dieu les victimes, en souhaitant la guérison des blessés.
La brièveté du voyage limite inévitablement les possibilités de rencontres. Je voudrais d’ici saluer tous les citoyens israéliens et leur exprimer ma proximité, en particulier à ceux qui vivent à Nazareth et en Galilée, où sont présentes aussi de nombreuses communautés chrétiennes.
Aux Évêques et aux fidèles chrétiens, j’adresse mon salut fraternel et cordial. Je les encourage à poursuivre avec confiance et espérance leur témoignage serein en faveur de la réconciliation et du pardon, en suivant l’enseignement et l’exemple du Seigneur Jésus, qui a donné sa vie pour la paix entre l’homme et Dieu, entre frère et frère. Soyez ferment de réconciliation, porteurs d’espérance, témoins de charité. Sachez que vous êtes toujours dans mes prières.
Je désire vous adresser une invitation, Monsieur le Président Shimon Peres, et au président Mahmoud Abbas, à élever ensemble avec moi une prière intense en invoquant de Dieu le don de la paix. J’offre ma maison, au Vatican, pour accueillir cette rencontre de prière.
Tous nous désirons la paix ; beaucoup de personnes la construisent chaque jour par de petits gestes ; nombreux sont ceux qui souffrent et supportent patiemment les efforts de beaucoup de tentatives pour la construire. Et tous – spécialement ceux qui sont placés au service de leur peuple – nous avons le devoir de nous faire instruments et artisans de paix, avant tout dans la prière.
Construire la paix est difficile, mais vivre sans paix est un tourment. Tous les hommes et toutes les femmes de cette Terre et du monde entier nous demandent de porter devant Dieu leur aspiration ardente à la paix
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de nouveau pour votre accueil.
Que la paix et la prospérité descendent en abondance sur Israël. Que Dieu bénisse son peuple avec la paix ! Shalom !
(c) LEV, Traduction officielle
Les italiques indiquent les passages ajoutés par le pape, transcrites par Zenit.