Le pape François et le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier, ont signé une Déclaration commune, lors d’une « rencontre fraternelle » ce 25 mai 2014, à Jérusalem. Ils appellent tous les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté « à reconnaître l’urgence de l’heure qui nous oblige à chercher la réconciliation et l’unité de la famille humaine, tout en respectant pleinement les différences légitimes ».
Cette rencontre était au cœur du pèlerinage du pape François en Terre Sainte (24-26 mai), cinquante ans après la rencontre historique entre Paul VI et le patriarche Athénagoras.
Au deuxième jour de son voyage, après la Jordanie et la Palestine (Bethléem), le pape a atterri à l’héliport de Jérusalem, aux environs de 17h45, accueilli par le maire de la ville, M. Nir Barkat.
Il a rejoint en voiture la délégation apostolique de Jérusalem, sur le Mont des Oliviers, pour une rencontre privée avec le patriarche Bartholomaios Ier, aux environs de 18h15. Le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin et le président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, le cardinal Kurt Koch, étaient également présents.
A cette occasion, le pape et le patriarche ont signé cette Déclaration commune, sous le regard de la Vierge Marie : la Custodie de Terre Sainte rapporte en effet que le tableau choisi pour décorer le salon de la rencontre était « l’Annonciation », de l’artiste Francesco De Mura. La Vierge Marie « présidait donc », souligne la Custodie.
Dans la déclaration commune, signée hors du champ des caméras, le pape François et le patriarche Bartholomaios Ier expriment leur joie pour cette « rencontre fraternelle », « nouvelle et nécessaire étape sur la route de la communion dans une légitime diversité ».
Confirmant leur « engagement à continuer de marcher ensemble vers l’unité », ils commémorent le geste de Paul VI et Athénagoras, faisant observer que « tout au long de ces années, Dieu, source de toute paix et de tout amour, nous a enseignés à nous regarder les uns les autres comme membres de la même Famille chrétienne, et à nous aimer les uns les autres ».
Ils saluent le travail de la Commission mixte internationale qui « offre une contribution fondamentale à la recherche pour la pleine communion » rappelant l’exigence d’une rencontre « fraternelle » et d’un « dialogue vrai ».
Le pape et le patriarche appellent les catholiques et orthodoxes à « offrir le témoignage commun de l’amour de Dieu envers tous, en travaillant ensemble au service de l’humanité », spécialement « en défendant la dignité de la personne humaine à toutes les étapes de la vie et la sainteté de la famille basée sur le mariage, en promouvant la paix et le bien commun, et en répondant à la souffrance qui continue d’affliger notre monde ».
« L’avenir de la famille humaine dépend aussi de la façon dont nous sauvegardons le don de la création », soulignent-ils, appelant « tous les hommes de bonne volonté à considérer les manières de vivre plus sobrement, avec moins de gaspillage, manifestant moins d’avidité et plus de générosité ».
Il soulignent également la nécessité d’une « coopération effective et engagée des chrétiens » pour la liberté religieuse et les invitent « à promouvoir un authentique dialogue » avec les autres religions : « L’indifférence et l’ignorance mutuelles ne peuvent que conduire à la méfiance, voire, malheureusement, au conflit », mettent-ils en garde.
Le pape et le patriarche expriment leurs « profondes préoccupations » pour la situation des chrétiens au Moyen Orient, spécialement « pour les Églises en Égypte, en Syrie et en Irak », rappelant que « ce ne sont pas les armes, mais le dialogue, le pardon et la réconciliation qui sont les seuls moyens possibles pour obtenir la paix ».
Ils concluent en lançant « un appel à tous les chrétiens, ainsi qu’aux croyants de toutes les traditions religieuses et à tous les hommes de bonne volonté, à reconnaître l’urgence de l’heure qui nous oblige à chercher la réconciliation et l’unité de la famille humaine, tout en respectant pleinement les différences légitimes, pour le bien de toute l’humanité et des générations futures ».
Au terme de la rencontre, a eu lieu un échange de cadeaux. Le pape François a offert au patriarche un « Codex Pauli », beau-livre commémorant le bimillénaire de la naissance de saint Paul, incluant entre autres les contributions inédites de Bartholomaios Ier, de Kirill Ier, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, de Grégoire III, patriarche melkite d’Antioche et de tout l’Orient. L’édition est limitée à 998 exemplaires.
Enfin, le pape et le patriarche se sont retrouvés au Saint-Sépulcre, pour une célébration oecuménique, qui a commencé avec du retard : leur échange entre frères avait duré plus que prévu.