Un projet de rites sataniques au Queen’s Head Pub in Memorial Hall, sur le campus de la prestigieuse université de Harvard, dans le Massachusetts, aux Etats-Unis, a suscité un tollé général, à commencer par le diocèse de Boston. Le but du Harvard Extension Cultural Studies Club semble avoir été de se moquer des rites catholiques, mais il a finalement annulé le rendez-vous.
Le président de l’université, Drew Faust, avait déclaré désapprouver l’initiative. Les opposants à ce rite ont dénoncé une initiative présentée comme « éducative » : une prétention « ridicule » pour l’archidiocèse de Boston qui avait réagi en organisant une procession eucharistique réparatrice, le 12 mai, dans la ville de Cambridge.
Or, devant des phénomènes sataniques, comment réagir ? Carlo Climati, expert du phénomène du satanisme, était l’un des intervenants d’un cours sur l’exorcisme et la prière de libération, organisé du 5 au 10 mai 2014 à l’Athénée pontifical Regina Apostolorum de Rome.
Il donne quelques éclairages sur ce phénomène qui touche particulièrement « ceux qui ont des problèmes dans leur vie ». « Les prêtres peuvent beaucoup aider », affirme-t-il, mais « ils doivent recevoir une bonne formation ».
Etablir des ponts
Carlo Climati invite à refuser tout sensationnalisme : « Nous avons besoin de parler de ces sujets de la bonne manière, sans crier, sans tirer la sonnette d’alarme, sans faire de sensationnel. Nous devons être positifs, parce que le phénomène du satanisme a tendance à se diffuser chez les personnes qui ont déjà d’autres problèmes, qui souffrent d’un manque de communication dans leur famille ou d’autres problèmes personnels. »
Et il recommande l’écoute des jeunes : « Je pense que nous devrions écouter beaucoup plus les jeunes. Nous devrions établir un pont entre eux et nous. En particulier en Italie, à Rome, nous voyons des groupes de jeunes qui se rassemblent, qui sont habillés en noir, avec des symboles sataniques, comme des croix portées à l’envers. Nous ne devons pas avoir peur et nous ne devons pas condamner ces jeunes mais nous devrions essayer de nous demander pourquoi ils se comportent comme cela. »
Il souligne la soif de spiritualité des jeunes : « Derrière tout jeune sataniste, il y a quelqu’un qui cherche Dieu et une spiritualité. Ils cherchent quelque chose mais ils ont pris un mauvais chemin parce qu’il s’est passé quelque chose dans leur vie. Beaucoup de jeunes ont ce genre d’expériences. Ils deviennent très sombres et pessimistes. Ils détestent la vie. Ils détestent les gens. Mais dans toute personne sataniste, il y a une sensibilité. Ils ne sont pas stupides. Personne ne hait sans raison. Il y a des personnes qui souffrent pour une raison précise. Il est bon d’écouter, d’être proche des jeunes, parce que beaucoup sont seuls. »
Il indique la musique et Internet comme des portes d’entrées dans le satanisme : « Parfois, les jeunes commencent à éprouver de l’intérêt pour certaines musiques ou bien ils vont sur des sites Internet. Ils ne sont pas préparés pour ce qu’ils lisent et cela rentre dans leur tête et y crée de la confusion. Personnellement, j’aime parler avec les jeunes, en particulier parce que je suis aussi musicien et que j’ai joué pendant des années. J’essaie de parler avec eux parce qu’il existe de la musique qui comporte réellement des éléments sataniques. Ils réalisent que je comprends leur culture et que je ne suis pas là pour « les condamner ». C’est très intéressant de discuter des messages véhiculés par la musique. »
Reconnaître les signes
Surtout il invite à la prévention : « Il faut savoir reconnaître les signes de deuil ou de dépression. Une fois que vous avez repéré cela, vous pouvez parler avec la personne qui est dans ces sentiments. Vous pouvez demander l’aide d’une bonne organisation, comme GRIS en Italie. GRIS est une organisation de l’Église catholique qui travaille avec beaucoup de volontaires. Beaucoup de personnes sont capables de sortir de ce chemin. »
Il témoigne qu’il a lui-même été à un certain moment de sa vie « loin de l’Église » et de Dieu: « Je comprends quand quelqu’un dit ‘je hais Dieu’ parce que j’ai aussi eu une période de ma vie où je haïssais Dieu. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi il y avait tant de souffrance dans le monde, surtout quand je voyais de jeunes enfants à l’hôpital, malades avec de très graves problèmes. »
Il recommande aussi une préparation adéquate des prêtres : « Les prêtres peuvent beaucoup aider, mais ils doivent être préparés. C’est très important parce que souvent, c’est vers eux que les familles vont chercher de l’aide quand elles ont des problèmes. Il faut donc que les prêtres soient préparés pour savoir comment réagir. Il faut qu’ils comprennent comment cela arrive. Tous les points de vue présentés dans le cours sont positifs et très utiles à cette fin. C’est une bonne formation qui donne de très bonnes perspectives. »
Avec Anita Bourdin et Constance Roques pour la traduction