Autriche: excommunication d'un couple pour simulation de l'eucharistie

Une sentence à but « médicinal »

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Une excommunication dite « latae sententiae » – automatique – a été signifiée à un couple en Autriche, jeudi 21 mai, pour simulation de l’eucharistie, après une enquête de plusieurs années qui a établi les faits.

L’excommunication exclut de la réception des sacrements. Mais elle fait partie des peines dites « médicinales » qui ont pour objectif le renoncement au mal et la réparation du mal commis. 

Qu’est-ce qu’une excommunication « latae sententiae » ? Selon le droit de l’Eglise catholique, c’est une excommunication – pour parler latin – « ipso facto », autrement dit, automatique.

C’est-à-dire que la personne qui commet telle faute désignée par le droit s’excommunie elle-même de ce fait, sans qu’un juge ne doive prononcer une sentence, d’où son nom, la sentence étant en quelque sorte cachée au cœur même de l’acte commis. Le droit canon le prévoit pour des cas graves.

Le canon 1314 explique : « Ordinairement la peine est ferendae sententiae (en prononçant un sentence, ndlr), de telle sorte qu’elle n’atteint pas le coupable tant qu’elle n’a pas été infligée; mais elle est latae sententiae, de telle sorte qu’elle est encourue par le fait même de la commission du délit, si la loi ou le précepte l’établit expressément. »

Mais cela n’empêche pas que les personnes ayant commis publiquement des actes encourant une telle excommunication se la voient signifiée officiellement.

C’est ce qui vient de se passer en Autriche, hier, mercredi 21 mai, indique le quotidien du Tyrol : Tiroler Tageszeitung et le quotidien allemand Die Welt.

L’évêque d’Innsbrück, Mgr Manfred Scheuer, a en effet présenté un décret concernant cette excommunication aux conjoints Martha et Gert Heizer, parce qu’ils font célébrer chez eux, depuis plusieurs années, trois ou quatre fois par an, en présence d’autres personnes, des « eucharisties privées sans prêtre ». C’est ce qui a fait déclencher, en 2011 une enquête de l’évêque.

En d’autres termes, ce sont pour l’Eglise des « simulations d’eucharistie », le prêtre ordonné de façon valide dans l’Eglise catholique étant le seul ministre de l’eucharistie sacramentelle, selon le droit canon et le Catéchisme de l’Eglise catholique (CEC) : « Seuls les prêtres validement ordonnés peuvent présider l’Eucharistie et consacrer le pain et le vin pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur » (CEC, 1411 ).

Ces simulations sont considérées par le droit de l’Eglise comme des « délits très graves » qui encourent automatiquement l’excommunication. L’instruction « Redemptionis Sacramentum », du 24 mars 2004, évoque ce délit comme « le fait d’attenter, sans être prêtre, une célébration liturgique du Sacrifice eucharistique, ou de la simuler » (n. 272, b, Cf. Droit canon :can. 1378 § 2 n. 1 et 1379).

L’Eglise distingue le sacerdoce commun des fidèles, découlant du baptême, et le sacerdoce ministériel, ordonné, au service de celui-ci, et chargé notamment de la célébration de l’eucharistie et d’administrer le sacrement de la réconciliation.

Mme Martha Heizer est, depuis avril 2014, responsable en Autriche du mouvement « Wir sind Kirche » (« Nous sommes l’Eglise »), dont elle est aussi un membre fondateur. Elle estime, en substance, et contrairement à la théologie catholique (mais aussi orthodoxe), que le sacerdoce commun des baptisés permet la célébration de l’eucharistie sacramentelle.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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