« La souffrance n’est pas une valeur en elle même », mais une réalité « à vivre avec une attitude juste », souligne le pape François : ni « passivité », ni « résignation », ni « rébellion » mais « vivre la douleur en acceptant la réalité de la vie avec confiance et espérance, en mettant l’amour de Dieu et du prochain dans la souffrance même : l’amour transforme tout ».
Le pape a reçu les participants au Pèlerinage des Associations des « Ouvriers silencieux de la Croix » et du « Centre des volontaires de la souffrance », à l’occasion du centenaire de la naissance de leur fondateur, le bienheureux Luigi Novarese (1914-1984), samedi dernier, 17 mai 2014, au Vatican.
Les personnes malades et handicapées sont appelées à « valoriser leur souffrance au sein d’une action apostolique vécue avec foi et amour des autres », leur a déclaré le pape : « Une personne malade, handicapée, peut devenir un soutien et une lumière pour les autres souffrants, transformant ainsi l’environnement dans lequel ils vivent ». Mgr Novarese a été béatifié il y a un an (cf. Zenit du 11 mai 2013).
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie d’être venus ! Vous fêtez le centenaire de la naissance de votre fondateur, le bienheureux Luigi Novarese, prêtre amoureux de Christ et de l’Église et apôtre zélé auprès des malades. Son expérience personnelle de la souffrance, vécue dans son enfance, le rendit très sensible à la douleur humaine. A cause de cela il fonda les Ouvriers silencieux de la Croix et le Centre des volontaires de la souffrance, qui encore aujourd’hui continuent son œuvre.
Je voudrais rappeler avec vous une des Béatitudes : « Bienheureux ceux qui sont ceux dans la peine, car ils seront consolés » (Mt 5,4). Avec cette parole prophétique, Jésus se rapporte à une situation de la vie terrestre qui ne manque à personne. Il y a celui qui pleure parce qu’il n’a pas la santé, celui qui pleure parce qu’il est seul et incompris… Les raisons de la souffrance sont si nombreuses. Jésus a expérimenté dans ce monde l’affliction et l’humiliation. Il a subi les souffrances humaines, il les a assumées dans sa chair, il les a vécues jusqu’au bout une par une. Il a connu toutes les sortes d’afflictions, morales et physiques : il a éprouvé la faim et la fatigue, l’âpreté de l’incompréhension, il a été trahi et abandonné, flagellé et crucifié.
Mais en disant « bienheureux ceux qui sont dans la peine », Jésus n’entend pas déclarer satisfaisante une condition défavorable et écrasante de la vie. La souffrance n’est pas une valeur en elle même, mais une réalité que Jésus nous enseigne à vivre avec une attitude juste. En effet, il y a des manières justes et des manières erronées de vivre la douleur et la souffrance. Une attitude erronée est de vivre la douleur de manière passive, en se laissant aller sans réaction et en se résignant. La réaction de rébellion et de refus n’est pas non plus une bonne attitude. Jésus nous enseigne à vivre la douleur en acceptant la réalité de la vie avec confiance et espérance, en mettant l’amour de Dieu et du prochain dans la souffrance même : l’amour transforme tout.
C’est vraiment cela que vous a enseigné le bienheureux Luigi Novarese, en apprenant aux personnes malades et aux handicapées à valoriser leur souffrance au sein d’une action apostolique vécue avec foi et amour des autres. Il disait toujours : « Les malades doivent se sentir les auteurs de leur propre apostolat ». Une personne malade, handicapée, peut devenir un soutien et une lumière pour les autres souffrants, transformant ainsi l’environnement dans lequel ils vivent.
Avec ce charisme vous êtes un don pour l’Église. Vos souffrances, comme les plaies de Jésus, sont d’un côté un scandale pour la foi, mais de l’autre elles sont une vérification pour la foi, signe que Dieu est Amour, qu’il est fidèle et miséricordieux et consolateur. Unis au Christ ressuscité vous êtes « sujets actifs de l’œuvre de salut et d’évangélisation » (Exhort. ap. Christifideles laici, 54). Je vous encourage à être proche des souffrants de vos paroisses, en tant que témoins de la Résurrection. Ainsi vous enrichissez l’Église et collaborez à la mission des pasteurs, priant et offrant vos souffrances même pour eux. Je vous remercie beaucoup de ceci !
Chers amis, la Sainte Vierge vous aide à être de vrais « travailleurs de la Croix » et des vrais « volontaires de la souffrance », vivant les croix et les souffrances avec foi et amour, ensemble avec le Christ. Je vous bénis et vous demande s’il vous plaît de prier pour moi.
Traduction de Zenit, Hugues de Warren