Au nom de la liberté de conscience, de la liberté religieuse et du refus de la peine de mort, le Quai d’Orsay se mobilise en faveur de la jeune femme médecin condamnnée à la pendaison au Soudan pour s’être déclarée chrétienne.
« La France condamne la décision de la justice soudanaise d’infliger la peine de mort à une jeune femme pour apostasie. Notre ambassade à Khartoum a suivi ce procès et assisté au verdict. Nous continuerons de suivre avec la plus grandeattention la suite de la procédure judiciaire », dit un communiqué du porte-parole du Ministère français des Affaires étrangères ce 19 mai.
Il insiste sur la liberté de conscience: « Cette décision, qui heurte les consciences, suscite une émotion légitime au sein de la communauté internationale. »
« La France, continue le comuniqué, appelle les autorités soudanaises à garantir la liberté de religion ou de conviction, principe fondamental contenu dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Soudan. »
Pour la peine de mort, le Quai d’Orsay rappelle: « Elle rappelle également son engagement déterminé et constant contre la peine de mort, en tous lieux et toutes circonstances. »
“Je suis chrétienne”, a déclaré Maryam Yahya Ibrahim, Soudanaise, médecin, 27 ans, enceinte de huit mois, devant un tribunal islamique de Khartoum, rapportent les agences et les télévisions internationales.
Elle a été condamnée hier, jeudi 15 mai, à la peine capitale pour apostasie, et auparavant à subir à 100 coups de fouet pour adultère. Son cas suscite un tollé en Italie.
Son père était musulman, mais il l’a abandonnée quand elle était encore enfant. Eduquée par une mère orthodoxe, Ethiopienne, elle a épousé un chrétien du Soudan du Sud. Pour cela, elle est accusée d’avoir renié la foi musulmane, ce qui est passible de mort, par pendaison.
A un représentant musulman entré derrière les barreaux pour essayer de la convaincre de « revenir à l’islam », elle déclare : “Je n’ai jamais été musulmane, je n’ai donc pas apostasié”.
Et comme elle est considérée comme musulmane, son mariage avec un chrétien n’est pas reconnu par la loi, et elle est accusée d’adultère.
C’est un voisin qui a dénoncé son mariage avec un chrétien du Soudan du Sud, fondé en juillet 2011. Elle a été arrêtée en août 2013 pour « adultère » en vertu de l’article 146 du code pénal du Soudan.
Au cours du procès, en février dernier, elle s’est déclarée chrétienne : l’accusation d’apostasie aurait dû tomber selon l’article 126.
Son exécution est renvoyée pour lui laisser le temps de mettre au monde l’enfant qu’elle attend et de l’allaiter, soit deux ans, selon le droit islamique. Elle a déjà un autre enfant, âgé de 20 mois.
De nombreux Soudanais sont descendus dans la rue avec des calicots réclamant le respect de la liberté religieuse : “Non au procès aux religions”, “Non à la contrainte en matière religieuse”, “Respectez la liberté religieuse”.
Des ambassades occidentales ont signé un communiqué conjoint réclamant le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme et sa libération immédiate. Des associations de défense des droits de l’homme nationales et internationales se sont mobilisées, ainsi que les étudiants des universités, qui ont été fermées. Des journalistes couvrant le procès ont été arrêtés.
Devant les pressions de l’opinion publique internationale, la sentence pourrait être commuée en détention à vie, ce qui ne respecterait pas davantage la liberté religieuse ni la liberté de conscience.