L’identité chrétienne est plus menacée en Occident qu’en Orient, estime le patriarchr Grec Melkite Catholique d’Antioche et d etout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, Gregorios III.
Il est en effet intervenu sur ce thème dans le cadre de la deuxxième convention des Melkite d’Europe, qui se tient à Paris (15-18 mai).
Les travaux de la deuxième convention des Melkites d’Europe se sont poursuivis par une journée d’étude à l’Institut Catholique de Paris autour du thème de « L’Identité melkite, entre deux mondes », que le Gregorios III a développé dans sa conférence de clôture.
Gregorios III a commencé par un long développement sur les défis qui se lèvent devant cette identité melkite qu’il définit selon le résumé qu’en avait donné en son temps Mgr Neophytos Edelby (1920-1995) : « Nous sommes une Eglise, nous sommes des chrétiens ; Arabes, mais non musulmans ; Orientaux, mais non orthodoxes ; Catholiques, mais non latins. C’est notre identité spécifique. » ; avant de conclure :
« Nous sommes très jaloux de notre orientalité et de notre catholicité, de notre autonomie intérieure et de notre ecclésiologie, qui a des caractéristiques orientales (nous pourrions dire orthodoxes) et catholiques. On se rappelle les discussions, à la veille de Vatican II, aujourd’hui dépassées: catholicisme ou latinisme? (…)
« Nous sommes ici, en Occident, plus interpellés par notre identité que dans nos pays d’origine au Proche-Orient. Cette identité est, à mon avis, plus menacée en Occident qu’en Orient. (…)
« C’est vraiment une identité, non seulement entre deux mondes, mais aussi entre plusieurs mondes. C’est ce qu’exige le tissu de nos Eglises, de nos institutions, de notre vie quotidienne. C’est à travers tout cela que nous devons mettre à l’épreuve notre identité, qui est notre pain quotidien et notre habit. C’est ainsi que nous chantons: “Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ”.
« Mes frères les prêtres, dans ces pays d’émigration de nos fidèles, ont une mission très difficile à cet égard. Ils sont, en effet, les vrais gardiens de notre identité melkite. « En effet, il est plus facile de préserver notre identité melkite dans nos pays d’origine que dans notre nouvelle patrie.
« Je dois exprimer ma profonde reconnaissance à nos prêtres présents en Europe, pour tout le travail qu’ils accomplissent. Ils ont toujours été des pionniers.
« De même, je dois remercier nos fidèles dans les pays d’émigration pour leur fidélité à leur identité. Merci ! Bon courage ! Surtout, je prie pour vous, afin que vous puissiez faire partager cette identité par vos enfants, par la nouvelle génération, par les jeunes qui n’ont pas eu de contacts avec l’Église-Mère dans les pays d’origine.
Comment s’y prendre? Notre Convention est l’expression de notre volonté de travailler à mettre sur pied une certaine stratégie, avec un plan et quelques jalons pour atteindre ce but. »
Les principaux jalons énoncés par Gregorios III sont :
Que les prêtres soient des prêtres missionnaires qui ne cantonnent pas à leur paroisse
Que dans chaque paroisse soient désignés des laïcs missionnaires qui vont vers les familles qui ne connaissent pas ou ne fréquentent pas la paroisse grecque-melkite catholique la plus proche
Unifier les livres liturgiques selon les traductions validées par la commission liturgique patriarcale
Dresser les listes d’adresse des fidèles et les envoyer au patriarcat pour que chacun puisse recevoir les lettres patriarcales directement
Prévoir des fiches d’inscription
Organiser des conférences régulières sur l’héritage des Eglises orientales et l’Eglise melkite en particulier
Dresser et garder disponible – si possible en ligne sur les sites internet des paroisses – une bibliographie d’ouvrages permettant à chacun de découvrir et d’approfondir l’histoire et l’identité melkite
Créer au sein de chaque paroisse une confrérie. Si possible sous le même vocable…
La journée d’études à l’Institut catholique a rassemblé une assemblée nombreuse et attentive qui a pu écouter les témoignages d’un panel de conférenciers venus d’horizon divers avec chacun une expérience et un regard différent :
« Le berger, l’usufruitier et le vendeur de souvenirs. Réflexions sur l’appartenance, l’héritage et l’affiliation ». Ramzi Geadea. Professeur universitaire de philosophie morale et directeur du C.I.C.E.R.F
« Témoignage d’un père de famille oriental en France : chrétien entre deux rives ». Farid Aractingi, président de Renault Consulting, président de l’IFACI et paroissien.
« L’Eglise melkite : origine et rôle oecuménique. Expérience d’un évêque dans la diaspora ». S.E. Mgr Issam Darwish, archevêque de Zahlé et de Fourzol, (Liban).
« Parcours d’un diocèse oriental en Europe : Défis, difficultés et visions ». S.E. Mgr Maroun Nasser Gemayel, évêque de l’éparchie Notre-Dame du Liban de Paris des Maronites. Visiteur apostolique des Maronites pour l’Europe septentrionale et occidentale.
« Les Melkites d’Egypte, d’un siècle à l’autre : enracinement et rayonnement ». Robert Sole. Journaliste et écrivain.
« Peut-on reconnaître une identité melkite à travers les interventions de Sa Béatitude Maximos IV au concile Vatican II ? » Maître François Sureau, écrivain et membre du conseil paroissial.
« L’identité melkite : une identité de tension ». Archimandrite Charbel Maalouf b.c., exarque patriarchal, cure de Saint-Julien-le-Pauvre (Paris)
Le texte intégral de l’intervention de S.B. Gregorios III est disponible sur le site internet du patriarcat http://pgc-lb.org/