« Je demande à tous les Européens de se réveiller », déclare l’archevêque gréco-catholique de Kiev, Sviatoslav Shevchuk, qui remercie les pays européens qui ont manifesté leur proximité à la société civile ukrainienne dans sa lutte pour sauvegarder les valeurs européennes, reçues dès le baptême du prince Vladimir, il y a 1025 ans.
L’archevêque majeur de Kiev et de Galicie, primat de l’Église gréco-catholique ukrainienne, actuellement à Rome pour la réunion du Conseil du synode des évêques, a en effet donné une conférence de presse, ce mardi 25 février, à 13h, au siège de Radio Vatican.
Il a souligné notamment le rôle de pacificateur joué par les Églises en Ukraine. Il a lancé un appel aux Européens.
Un appel plus qu’à la « solidarité » : « Je veux demander que les Européens se réveillent, car ce qui arrive en Ukraine touchera, l’Europe. L’Ukraine fait partie de l’Europe ». Sans cette solidarité, une « grande méfiance » s’installera vis-à-vis des « valeurs européennes ».
Il demande aux pays européens de « revoir » leur relation à l’Ukraine, notamment pour ce qui est des visas des jeunes, difficiles à obtenir: « Nous voulons construire l’Europe en Ukraine », et cela passe par les jeunes, l’Europe ne peut donc pas « se défendre contre ces jeunes ».
Puis il fait état des « milliers de blessés »: certains sont déjà accueillis par la Pologne, la Lituanie, la République tchèque, la Slovaquie, mais « cela ne suffit pas ». Il demande que l’Italie ou d’autres pays accueillent eux aussi des blessés, pour les aider et « sauver l’intégrité » de leur corps.
L’archevêque a particulièrement salué les efforts de la Pologne, de l’Allemagne et de la France dont les ministres des Affaires étrangères sont « venus en Ukraine pour une médiation de paix ».
Il faut « continuer », a demandé Mgr Shevchuk, « parce que le danger que le « voisin » provoque une guerre civile n’est pas passé »: « cette solidarité internationale est urgente pour l’Ukraine ». Il a expliqué que les « diversités » de l’Ukraine ne sont pas des « divisions ». Mais ertains pouvoirs voudraient les transformer en division, alors qu’en 1993, lorsque l’Ukraine a renoncé à l’arme nucléaire, la communauté internationale s’est engagée à garantir l’intégrité territoriale du pays.
Il reconnaît que « l’aide économique » est importante au moment où le pays est à la « limite de banqueroute », mais ce qu’il demande avant tout c’est « la solidarité humaine et diplomatique, dont l’Ukraine a un besoin urgent ».
L’archevêque a fait un récit détaillé du soulèvement étudiant et populaire, de la « société civile » face à un gouvernement « corrompu », « dictarorial » et qui a fait un « usage disproportionné » de la force contre son peuple.
Il a expliqué les enlèvements, les tortures – parfois à mort -, les arrestations dans les hôpitaux, ce qui a fait que des églises (catholique, protestante) ont été transformées en hôpitaux, pour pouvoir opérer les jeunes blessés – des milliers – sans qu’ils soient arrêtés ou torturés.
Il a aussi souligné « l’unité des Eglises dans la tragédie »: le rôle des Eglises auprès de la société civile, comme part de la société civile, a été importante, le patriarche orthodoxe dépendant du patriarcat de Moscou étant président de l’association des Eglises et des communautés religieuses.
Une tente dressée derrière les barricades était consacrée aux liturgies, et un rabbin et un imam ont aussi accompagné les manifestants de la place de l’Indépendance, à Kiev, devenue le « Maïdan de la société civile ».
Devant les ravages faits par les francs-tireurs, la foule a eu une réaction: aller faire la file pour se confesser, pour se préparer à mourir.
Il insiste sur le fait que choisir l’Europe ne se fait contre personne, pas contre la Russie, mais que l’Ukraine veut être « elle-même », et libre de s’associer avec l’Union européenne.