"J'ai dit un autre 'Me voici'"

Le card. Bassetti, héritier des saints Benoît et François

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« J’ai dit un autre me voici, comme le jour où j’ai prononcé ce mot en devenant prêtre, en devenant évêque, quand j’ai changé trois fois de diocèse… Je me suis toujours donné et aujourdhui j’ai répété le même me voici, avec simplicité », confie le cardinal Gualtiero Bassetti, archevêque de Pérouse, créé cardinal par le pape François le 22 février dernier, à Saint-Pierre.

Ils étaient plus de 2000 fidèles de la région de l’Ombrie patrie de saint Benoît et de saint François à venir lui rendre hommage à l’occasion du consistoire. Après la cérémonie, le tout nouveau cardinal est revenu sur cet événement et sur sa mission, pour les lecteurs de Zenit.

Très apprécié par les fidèles de son diocèse, le cardinal Bassetti s’est toujours distingué par sa simplicité et son attention particulière aux problèmes de sa terre et de ses gens, surtout les plus démunis. Son style reflète celui du pape François : il conduit seul sa voiture, aime être en contact avec les personnes, surtout avec celles qui sont hospitalisées ou qui travaillent en usine, et il se retire souvent en prière. Parmi ses récentes actions : la mise en place dun fonds de solidarité pour les familles en difficulté et un appel aux propriétaires à louer leurs appartements à des « prix raisonnables ».

Eminence, comment avez-vous vécu la journée de samedi ?

Card. Bassetti – Les dernières journées ont été très intenses. Il y a eu le consistoire (extraordinaire sur la famille, ndlr), tant de thèmes traités, et je ne métais pas beaucoup concentré sur lévénement auparavant. Mais vendredi soir quand je suis allé dormir à minuit, jai commencé à sentir de l’agitation en moi, car ce ne sont pas des circonstances extérieures Pour un évêque cest un appel de Dieu. Et le Saint-Père par cette nomination, donne une grande responsabilité de service et de collaboration à l’Eglise. J’ai donc eu un sommeil un peu agité

Et aujourd’hui ?

Quand j’ai vu mes frères tous ensemble ce matin, je me suis repris. J’ai dit un autre « me voici », comme le jour où j’ai prononcé ce mot en devenant prêtre, en devenant évêque, quand j’ai changé trois fois de diocèse… Je me suis toujours donné et aujourdhui jai répété le même « me voici », avec simplicité. Voir le pape émérite Benoît a été un grand réconfort pour moi. Dès qu’il ma vu il m’a dit « Pérouse ! », avec cet accent auquel je suis très attaché, puis il a dit « Pape Léon  Je prie, je prie ». Puis les paroles du Saint-Père, l’étreinte de tous les cardinaux, le fait de se sentir membre non pas dun groupe mais dune famille, sentir vibrer l’Esprit Saint qui fait avancer l’Eglise. Voilà, je me suis senti plus fort.

A propos du pape Léon, cela fait 160 ans que l’Eglise à Pérouse n’a pas de cardinal à sa tête. Soit depuis 1853, lorsque Mgr Gioacchino Pecci fut créé cardinal, puis élu pape en 1878, sous le nom de Léon XIII, le « Pape des réformes », le « Pape du travail »

Oui. Le pape Léon XIII est une figure que je sens très proche. Il s’intéressait aux problèmes des gens, demandait si les enfants des paysans allaient à lécole, quel était leur salaire et ainsi de suite. Moi aussi, à mon petit niveau, j’essaie de suivre ses traces car, comme je le disais, je le sens très proche. Quelqu’un ma dit: « Le pape Léon est sûrement content au Ciel et il prie pour toi ».   

Vous avez toujours été très sensible aux problématiques sociales, en particulier aux problèmes de l’emploi. En tant que cardinal, que changerez-vous dans votre programme ?

Tout d’abord une partie du programme doit rester la même, celle qui concerne le diocèse où j’ai commencé mes visites pastorales. Il y aura sûrement quelque engagement en plus à Rome, avec le Saint-Père ; je fais partie aussi de la Congrégation des évêques, donc tous les quinze jours je serai ici car nous devons penser aux provisions des églises, etc. Les engagements augmentent certainement, mais je ne veux rien enlever à mon diocèse, ni à ma région.

Selon vous, pourquoi le pape François a-t-il voulu vous créer cardinal ?

Je crois qu’il y a deux raisons. Tout d’abord le pape a voulu aller tout de suite aux périphéries, donc il ne s’est pas arrêté aux seuls sièges traditionnels. Alors Pérouse aussi, tout comme Haïti, le Burkina Faso et dautres, peut devenir un siège cardinalice. Mais surtout, il faut se rappeler que l’Ombrie est la patrie de deux grands saints : Benoît, patron dEurope, et François, patron d’Italie qui, nous le savons, est si cher au pape qu’il en a pris le nom. En réalité, en dix ans, deux papes ont pris le nom de ces saints de l’Ombrie: d’abord Benoît XVI et maintenant François. Donc il y a un lien spécial entre ma région et la papauté. Et puis c’est une terre qui a une grande importance spirituelle, patrie de tant dautres saints: sainte Rita, sainte Claire ou sainte Angèle de Foligno, canonisée récemment.

Depuis l’annonce de votre nomination, le diocèse de Pérouse est en fête. De nombreuses personnes sont venues samedi à Rome

Oui, ils étaient plus de 2000 : 1300 de Pérouse et autant d’Arezzo. Ils remplissaient la basilique. Ce fut très beau et je les en remercie.

Certains s’inquiétaient qu’après votre création, vous puissiez lâcher votre charge actuelle ou les « négliger » un peu…

Je dois dissiper cette crainte, car, bien au contraire, le pape a lié mon cardinalat à mon Eglise, à ma région que j’aime tant. Et puis à 72 ans je sens que je dois bien finir ce que j’ai commencé il y a longtemps.

Traduction dOcéane Le Gall

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Salvatore Cernuzio

Crotone, Italy Bachelor's degree in Communication Sciences, Information and Marketing (2008) and Master's degree in Publishing and Journalism (2010) from LUMSA University of Rome. Vatican Radio. Rome Seven. "Ecclesia in Urbe. Social Communications Office of the Vicariate of Rome. Second place in the Youth category of the second edition of the Giuseppe De Carli Prize for religious information.

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