Syrie: un espoir pour les Métropolites d'Alep et le père Paolo

Les Orientaux chrétiens au coeur de l’assemblée des évêques français

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Les Orientaux chrétiens ont été au cœur de l’homélie de Mgr Pontier lors de la messe télévisée de dimanche, 10 novembre, au terme de l’assemblée des évêques de France à Lourdes (5-10 novembre 2013), alors qu’un espoir se profile pour le sort des Métropolites d’Alep et du père Paolo Dall’Oglio, mais pas pour la situation dans la vieille ville de Homs.

L’archevêque de Marseille, président de la conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, a en effet évoqué les « martyrs » de notre temps, et spécialement la situation des chrétiens de Syrie et les morts de Maloula, dont il tenait des nouvelles par des chrétiens de Syrie vivant dans son diocèse.

Une parole forte, à laquelle l’émission dominicale Le Jour du Seigneur (France 2) et les media présents à Lourdes pour l’assemblée des évêques ont servi de caisse de résonnance.

« Comment ne pas penser aux martyrs d’aujourd’hui ! » s’est exclamé l’archevêque en commentant les lectures de la messe du jour.

Il n’est pas seulement question de témoignage, mais aussi de « tenir, lutter, pardonner », souligne Mgr Pontier : « Nous autres, Evêques, nous avons accueilli au cours de ces journées de travail, le témoignage de souffrance et de foi de nos frères chrétiens dans le monde et tout particulièrement dans les zones en conflit. Ils puisent dans cette espérance la force pour tenir, lutter et pardonner. Nous en avons des témoignages multiples. »

Il évoque ainsi le sort des chrétiens de Syrie : « J’en ai eu moi-même par des Syriens vivant à Marseille, qui les recevaient de leurs parents présents à Maloula au moment des récentes violences. Nous sommes nombreux aussi à pouvoir témoigner de la lumière intérieure qui habite bien des croyants au moment de mourir. Le refrain du psaume, nous devrions le savoir par cœur pour qu’il soit notre prière au moment venu: Le jour viendra, Seigneur, où je m’éveillerai en ta présence ! »

En rencontrant la presse à Lourdes, Mgr Marc Stenger, président de Pax Christi France et évêque de Troyes, et Mgr Pascal Gollnisch, directeur de L’Oeuvre d’Orient, ont évoqué ces Orientaux chrétiens, et le million et demi de réfugiés syriens qu’ils ont rencontré dans les camps au Liban.

La question, disait Mgr Gollnisch, en évoquant leur dénuement, est « de savoir comment ils vont passer l’hiver ».

Avec « beaucoup de bémols » il a évoqué des signes que les deux métropolites d’Alep sont vivants, ainsi que le père Paolo Dall’Oglio, jésuite italien, qui serait en prison.

Pour ce qui est du sort d’une centaine de civils, chrétiens, bloqués depuis deux ans dans la vieille ville de Homs, par une « poche de rebelles » eux-mêmes encerclés par l’armée syrienne, le Mgr Gollnisch, qui avait appelé à une trêve pour une évacuation humanitaire des civils, a confirmé le statu quo.

Grâce au Croissant Rouge, le père Frans van der Lugt, jésuite néerlandais, aurait pu être évacué, mais il a refusé, a indiqué le P. Gollnisch, pour ne pas abandonner la population dans la détresse.

La situation des réfugiés a suscité la générosité des Français, a souligné Mgr Gollnisch, avec une collecte considérable en temps de crise.

Il fait observer que « tout conflit est immédiatement hyper-exploité par djihadistes extrémistes, qui s’en nourrissent, rêvant d’un grand califat de l’Atlantique à l’Inde » et qui sont soutenus « par certaines puissances ».

Or, le djihadisme est anti-chrétien, c’est pourquoi les chrétiens sont aujourd’hui pourchassés en Syrie, mais les mêmes djihadistes se révèlent aussi « anti-musulmans ».

Ainsi, face au régime syrien, l’unification des rebelles ne s’est jamais faite.  La situation s’avère « inextricable ».

Mgr Stenger a expliqué pourquoi le patriarche maronite Béchara Raï a incriminé les proposition d’accueillir les réfugiés syriens en Occident : 17 nations occidentales se sont proposées. Le patriarche a déploré ces incitations au « départ », car ces chrétiens sont chez eux au Moyen Orient, rappelle l’évêque. Le patriarche a aussi invité à « ne pas prendre parti » pour éviter les « effets négatifs sur l’avenir du pays ».

Mgr Gollnisch a rappelé pour sa part que face à la répression sanglante menée par le gouvernement syrien, les ambassadeurs de France et de Grande Bretagne avaient tenté de parler « pour apaiser la répression ». Au bout de six mois, l’ambassadeur français a été rappelé, contre son avis.

Et les djihadistes se sont saisis du conflit : ils étaient les seuls à avoir des armes…

En conclusion, Mgr Stenger fait deux remarques : tout d’abord, « ne faisons pas des chrétiens d’Orient des Occidentaux, ils sont chrétiens d’Orient, chez eux, leur contribution dans leur pays est à défendre et ce qui serait « occidentalisé » serait néfaste ».

Ensuite, se pose la question : « Comment sensibiliser les communautés en France ? », malgré un « manque de lisibilité pour beaucoup », un manque de « culture religieuse élémentaire » pour comprendre la réalité des chrétiens en Orient, découverte uniquement dans « l’urgence ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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