Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, publie quelques éclaircissements dans L’Osservatore Romano, après l’annonce d’un synode extraordinaire qui se tiendra en octobre 2014 sur la pastorale de la famille (cf. Zenit du 8 octobre 2013).
Il approfondit notamment la question des fidèles divorcés et remariés, « un problème pastoral de grande portée », dans le but de « rendre compréhensible l’enseignement authentique de l’Église ».
L’archevêque procède à partir de la Parole de Dieu qui est contenue dans l’Écriture Sainte, exposée dans la Tradition de l’Église et interprétée normativement par le Magistère. Puis il donne quelques considérations anthropologiques, théologico-sacramentelles et des observations théologico-morales avant d’évoquer le souci pastoral qui doit guider aussi les décisions.
Voici la première partie d’une synthèse de sa réflexion.
Il souligne un paradoxe dans l’Ancien testament, où l’on trouve le commandement « Tu ne commettras pas d’adultère » (Ex 20, 14), alors qu’ailleurs le divorce est considéré comme possible.
A côté de la concession du divorce (Dt 24, 1-4), fait-il observer, « l’on trouve aussi un certain embarras à l’égard de cette pratique » : « Comme l’idéal de la monogamie, de même l’idéal de l’indissolubilité est compris dans la comparaison que les prophètes font entre l’alliance de Yahvé avec Israël et le lien matrimonial. Le prophète Malachie exprime clairement cela : «Qu’il n’y ait pas d’infidélité envers la femme de ta jeunesse […] la femme de ton alliance » (Ml 2, 14-15) ».
L’Église catholique, rappelle l’archevêque, « dans son enseignement et dans sa pratique, s’est constamment référée aux paroles de Jésus », qui a pris « expressément ses distances d’avec la pratique vétérotestamentaire du divorce, que Moïse avait permise à cause de la « dureté de cœur » des hommes : « Mais au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ; et les deux seront une seule chair ; […] Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni » (Mc 10, 5-9 ; Mt 19, 4-9 ; Lc 16, 18).
« Le pacte qui unit intérieurement les deux conjoints est institué par Dieu lui-même. Il désigne une réalité qui vient de Dieu et n’est donc plus à la disposition des hommes », explique Mgr Müller qui estime que « l’Église doit s’en tenir à l’enseignement clair du Christ ».
Il cite également saint Paul qui annonce l’interdiction du divorce comme une volonté expresse du Christ : « Quant à ceux qui sont mariés, je leur prescris non pas moi toutefois, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare pas de son mari – et si elle se sépare, qu’elle demeure sans se remarier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari – et que le mari ne quitte point sa femme » (1 Co 7, 10-11).
Saint Paul permet aussi qu’un non chrétien se sépare de son partenaire devenu chrétien (1 Co 7, 12-16) : « À partir de ce passage, l’Église a reconnu que seul le mariage entre un homme baptisé et une femme baptisée est un sacrement au sens propre, et que l’indissolubilité sans condition ne vaut que pour eux », explique l’archevêque.
Enfin, Mgr Müller évoque la Lettre aux Éphésiens, où saint Paul affirme : « Maris, aimez vos femmes, comme aussi Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle » (Ep 5, 25) : « le mariage chrétien est un signe efficace de l’alliance du Christ et de l’Église. Le mariage entre baptisés est un sacrement parce qu’il désigne et communique la grâce de cette alliance », souligne-t-il.
A suivre…