Des imams français place Saint-Pierre, initiative de Marek Halter

Ne pas laisser le monopole des images aux terroristes

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Il ne faut pas laisser « le monopole des images aux guerres et aux terroristes », déclare Marek Halter qui était présent ce mercredi matin, 25 septembre, place Saint-Pierre, avec un groupe de huit imams français.

L’écrivain juif français d’origine polonaise, Marek Halter, 77 ans – comme le pape -, a eu cette initiative, « pour relancer le dialogue interreligieux ». Ils ont voyagé à bord de l’avion du producteur tunisien Tarak Ben Ammar, un de ses amis.Ils occupaient une place de choix près de l’auvent papal.

Ne pas laisser le monopole des images aux terroristes

Dans un entretien accordé à Stefano Montefiori dans le quotidien italien Il Corriere della Sera, Marek Halter explique le sens de leur démarche : « C’est un moment historique où le dialogue entre les religions fait peur et où les kalachnikovs parlent trop ».

Il explique que le voyage a été organisé « très rapidement », en juin dernier, avec des réponses positives dans le cours de la semaine suivante.

« Je crois, explique-t-il, que c’est le moment de relancer le dialogue entre les religions parce que nous sommes une source de richesse et d’union et non de division. Nous nous sommes interrogés sur la forme à donner à cette rencontre et nous avons choisi cette forme publique devant les caméras. C’est important. Autrement, nous laissons le monopole des images aux guerres et aux terroristes. Moi, juif, qui accompagne mes amis musulmans chez le pape, chefs des catholiques : je crois que c’est un beau symbole, au moment des horreurs du Pakistan et du Kenya. »

Un voyage interreligieux à Jérusalem

L’imam Hassen Chalghoumi, de la communauté musulmane de Drancy (région parisienne), fait partie de la délégation : il est menacé de mort, souligne Marek Halter « en raison de sa position en faveur de l’amitié entre musulmans, juifs et chrétiens » et « il vit depuis des années sous la protection de la police française.

« Mais nous ne nous laissons pas intimider, ensemble, nous sommes déjà allés en Israël et à Gaza et nous continuerons notre lutte », annonce Marek Halter.

Au pape, il voulait parler de la « proposition » contenue dans une lettre qu’il lui a adressée : « une visite à Jérusalem, l’an prochain, avec 50 cardinaux de l’Eglise d’Orient, 50 rabbins et 50 imams représentant l’islam, troisième religion monothéiste. Ensemble, au Mur des Lamentations, pour prier pour la paix. »

Marek Halter vient de publier en italien un livre sur Marie : « Maria, la madre di Gesù » (« Marie, la mère de Jésus ») chez Newton Compton. Enfant, il a échappé à l’enfer du ghetto de Varsovie, puis à l’URSS de Staline. Il est le fondateur du mouvement « Sos Racisme » (1984). Il était un ami du pape Jean-Paul II. Il se rendra ensuite à Milan où il donnera une conférence à la synagogue sur « le Chabbat de l’espérance » dans le cadre du festival «Jewish and the City».

Le Chabbat, fête de l’égalité

A propos du Chabbat, il précise qu’il est un don pour tous, pas seulement pour les juifs : « Je cherche toujours à utiliser la leçon du passé pour comprendre le présent. Toutes les grandes idéologies se sont écroulées. Les religions demeurent. Mais elles peuvent être dangereuses, déclencher des guerres. C’est pourquoi nous devons parler, nous expliquer, communiquer le plus possible. Dans les Tables de la Loi de Moïse, il est écrit : « Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier. Pendant six jours, tu fatigueras et tu feras tout ton travail. Mais le septième jour est le Chabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave, ni ton bétail, ni l’étranger qui habite chez toi. » Pour la première fois dans l’histoire, l’homme a un jour de congé, et la chose importante est que tous doivent l’observer : le patron et l’esclave. »

Il ajoute : « C’est la grandeur et l’actualité du Chabbat. Lorsque nous travaillons, nous ne sommes pas tous égaux. Certains travaillent plus, et ils gagnent donc plus, d’autres moins. Pendant le Chabbat, riches et pauvres, misérables, tous sont égaux et le soir du Chabbat, chaque famille juive invite à sa table un pauvre ou un mendiant, parce que c’est le jour de l’égalité de tous les homes. Comment est-ce que je pourrais me reposer ne paix si je vois devant moi quelqu’un qui è contraint à se fatiguer ? Même le mendiant a le droit de respecter le Chabbat, et moi je l’inviterai à partager mon dîner. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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