« Laissons-nous regarder par Jésus » comme l’a fait saint Matthieu, car « son regard change la vie » : le pape François a livré quelque chose de son expérience spirituelle, samedi 21 septembre, en la fête de l’apôtre et évangéliste saint Matthieu, 60 ans après le jour qui a fait basculer sa vie (cf. Zenit, 21 septembre 2013). Il en a témoigné à nouveau, à Cagliari, dimanche, 22 septembre, lors de sa rencontre avec les jeunes, les invitant à faire confiance à Jésus « le Compagnon fidèle » qui « ne déçoit pas », disant, soixante ans après, il n’avait « jamais regretté » (cf. Zenit, 22 septembre 2013). Nous reprenons des passages publiés en italien par les media du Vatican.
Le pape qui a souvent médité sur le tableau du Caravage qui se trouve en l’église Saint-Louis-des-Français de Rome, affirme que Matthieu a senti « dans son cœur le regard de Jésus qui le regardait ».
« Et ce regard l’a tellement bouleversé, qu’il a changé de vie. Nous on dit : il l’a converti. Il a changé sa vie. ‘Dès qu’il a senti dans son cœur ce regard, il s’est levé et l’a suivi’. Et cela est vrai: le regard de Jésus nous lève toujours. Un regard qui t’élève, ne te laisse jamais là, n’est-ce pas ? Jamais. Jamais il ne t’abaisse, jamais il ne t’humilie. Il t’invite à te lever. Un regard qui t’amène à grandir, à avancer, qui t’encourage, parce qu’il t’aime. Il te fait sentir que Lui t’aime. Et c’est ça qui donne le courage de le suivre: ‘Et il se leva et Le suivit’ ».
Il décrit la scène : « Jésus, maintenant, se rend chez Matthieu et tandis qu’il s’assied à table tant de pécheurs arrivent: la voix s’était répandue. Et toute la société – mais pas une société propre – s’est sentie invitée à ce repas » : « Et les pécheurs, publicains et pêcheurs, entendaient … mais Jésus les avait regardés et ce regard de Jésus sur eux, a été je crois comme un souffle sur la braise, et , ils ont senti en eux comme un feu intérieur, encore, et que Jésus les élevait, leur redonnait leur dignité. Le regard de Jésus fait toujours de nous des êtres dignes, nous donne la dignité. C’est un regard généreux. ‘Mais regardez quel Maître: il déjeune avec la saleté de la ville!’: mais sous cette saleté il y avait les braises du désir de Dieu, les braises de l’image de Dieu qui voulaient que quelqu’un les aide à s’enflammer. C’est ça que faisait le regard de Jésus ».
Mais le pape souligne – et c’est un thème qu’il a repris ce mardi, dans son homélie -, rien de « magique » dans ce regard, car Jésus n’était pas un « spécialiste de l’hypnose », mais une rencontre personnelle: « Jésus regardait chacun et chacun se sentait regardé par Lui, comme s’il appelait chacun par son nom … Et ce regard changeait la vie, de tous ».
Il a changé Matthieu, il a changé Pierre, qui, au soir du Jeudi saint, après avoir renié Jésus rencontre ce regard et « pleure amèrement ».
Le pape évoque un troisième regard, celui de Jésus en croix, qui regarde sa Mère et le « disciple qu’il aimait » : « Il regarda sa mère, il regarda le disciple et nous a dit, avec ce regard, il nous a dit que sa Mère était la nôtre et que l’Eglise est mère. Il l’a dit avec le regard ». Et un quatrième regard, toujours de Jésus en Croix vers le « Bon Larron ».
Puis le pape évoque le regard de Jésus ressuscité, sur Pierre « apeuré » auquel il pose trois fois la question « M’aimes-tu ? ». C’est « un regard qui le rendait honteux ».
Ainsi le pape invite à « penser, prier sur ce regard de Jésus » et à « nous laisser regarder par Lui » : « Tous, dans la vie, nous avons senti ce regard, et pas qu’une seule fois: tant de fois! Peut-être la personne d’un prêtre qui nous enseignait la doctrine ou pardonnait nos péchés … peut-être dans l’aide de personnes amies ».
« Mais tous, conclut-il, nous nous trouverons devant se regard, ce regard merveilleux. Avançons dans la vie, avec cette certitude qu’IL nous regarde. Mais Lui aussi nous attend pour nous regarder définitivement. Et ce dernier regard de Jésus sur notre vie sera pour toujours, sera éternel. Je demande à tous ces saints qui ont été regardés par Jésus, qu’ils nous préparent à nous laisser regarder dans la vie, et qu’ils nous préparent aussi à ce dernier – et premier! – regard de Jésus. »