Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire de saint Pio de Pietrelcina, prêtre (1887-1968).
Lorsqu’à 10 h 24, le 16 juin 2002, à Rome, place Saint-Pierre, devant plus de 300 000 pèlerins, Jean-Paul II a proclamé saint le capucin italien connu sous toutes les latitudes comme le « Padre Pio », il a aussi voulu qu’il soit inscrit au calendrier romain général et que sa fête soit considérée partout comme « mémoire obligatoire »! C’est dire l’importance que Jean-Paul II accorde à ce grand mystique du XXe siècle pour l’Eglise et le monde.
Pendant plus de cinquante ans, saint Pio a porté dans sa chair les plaies vives de la Passion de Jésus, enseignant à tous ses visiteurs à embrasser la Croix du Christ pour pouvoir transformer la souffrance en amour et ainsi soulager activement les souffrances d’autrui, comme en témoigne l’hôpital monumental et ultra-moderne, et par sa volonté toujours fleuri, qu’il a fait construire dans ce mezzogiorno trop abandonné: c’est la « Maison du soulagement de la souffrance ». Elle a été inaugurée en 1956. Pas de dolorisme, chez Padre Pio, à la suite du Christ, la vocation du chrétien, c’est de soulager la souffrance.
François Forgione, c’est son nom de baptême, était né dans une famille pauvre de la province de Bénévent, à Pietrelcina, là où seuls les oliviers économes verdissent dans les collines écrasées de soleil. C’est lorsqu’il reçut, à seize ans, la bure des Capucins, qu’il prit le nom de « Pio ». A vingt ans, il avait fait ses voeux définitifs, et trois ans plus tard, en 1910, il était prêtre.
Il consacrera sa vie à la direction spirituelle, au ministère de la miséricorde dans le sacrement de la pénitence -jusqu’à 16 heures par jour-, à la prière et à la célébration de l’eucharistie. Seule l’obéissance le fera s’éloigner pour deux ans du confessionnal. Car les « plaies d’amour » de la Passion apparues dans son corps en 1918 et le flux de pèlerins convergeant vers le couvent de San Giovanni Rotondo avaient un temps inquiété.
Lui, priait sans cesse. « Dans les livres, nous cherchons Dieu, dans la prière, nous le trouvons. La prière est la clef qui ouvre le coeur de Dieu », disait-il. Un héritage qu’il a transmis aux milliers de « groupes de prière du Padre Pio » répandus dans le monde entier.
C’est au Capucin que, derrière le Rideau de fer, l’évêque auxiliaire de Carcovie, Mgr Karol Wojtyla, écrira, pour demander qu’il prie pour différentes personnes. Il avait entendu parler de sa sainteté alors qu’il étudiait à Rome et il était allé se confesser à lui. Le Capucin répondra et priera.
On a retrouvé la lettre du 14 décembre 1963 dans laquelle l’évêque remercie de saint frère de son intercession « en faveur d’une femme, médecin catholique, et du fils d’un avocat de Cracovie gravement malade depuis sa naissance ». « Grâce à Dieu, ajoute l’évêque, ces deux personnes se portent bien ». Il confie aussi d’autres intentions de prière au Padre, notamment les « immenses difficultés pastorales » qu’il rencontre dans son ministère et une femme paralysée.
On reconnaît dans la « mère de famille » le cas de Mme Wanda Poltawska, pour laquelle il avait écrit au saint le 17 novembre 1962. Et déjà dans une lettre du 28 novembre, il écrivait qu’au moment prévu pour l’opération elle n’avait pas eu lieu : la tumeur avait disparu.
Quand il a lu la première lettre relative à Wanda Poltawska, le Padre aurait dit à son frère et ami Angelo Battisti : « Je ne peux pas dire non à cela ! »
Mais l’évêque de Cracovie n’hésitait pas non plus à recommander à tel ami, qui a témoigné au procès de béatification, d’écrire lui-même au Padre, et ceci dès 1957, en faveur d’une personne de sa famille gravement malade.
Lors de la canonisation, le bienheureux pape Jean-Paul II dira : « Padre Pio a été un dispensateur de la miséricorde divine, en particulier à travers l’administration du sacrement de pénitence. Dans ma jeunesse, j’ai moi aussi eu le privilège de profiter de cette disponibilité envers le pénitents » : c’était en 1947.
« Pendant la confession, il sent que ce frère a le don de guide spirituel. Il échangera quelques confidences avec lui et lui demandera lequel des stigmates lui procure plus de souffrance. Sa réponse fut que le plus douloureux était celui à la hauteur de l’épaule, là où Jésus a porté sa croix. Une plaie dont on n’a rien su jusqu’à la mort de Padre Pio ». Après sa mort, Padre Pio continuera de prie rpour Jean-Paul II et celui-ci confiera à un témoin : « Moi aussi, je le vois » (in Le vrai Jean-Paul II, l’homme, le pape, le mystique, par Mgr Slawomir Oder et Saverio Gaeta).