Sa Béatitude Gregorios III face à la crise syrienne

Documents du patriarcat catholique

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Voici quelques textes – lettres, discours, appels et sermons… – de Sa Béatitude Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem sur la crise syrienne: les documents sont très nombreux et disponibles sur le site internet du patriarcat (http://www.pgc-lb.org/) ou sur simple demande au secrétariat de Sa Béatitude: secretariat@pgc-lb.org.

Ci-dessous le patriarcat propose des extraits de ces principaux textes.

1- Lettre ouverte à tous les Syriens. Al Raï – 13 juin 2011.

« Sur la base de notre foi en Dieu et en la Patrie, ainsi que de nos valeurs et convictions spirituelles et nationales,, nous invitons nos frères et nos sœurs à travailler ensemble, dans ces circonstances difficiles, pour préserver notre unité nationale arabe et notre unité islamo-chrétienne, en surmontant ce défi et ces blessures, en œuvrant pour une société arabe civilisée, dans laquelle disparaissent les différences sociales, confessionnelles et ethniques, et dans laquelle nos espoirs de justice, d’égalité, de dignité et de liberté religieuse et personnelle se réaliseront, où la corruption sera combattue, les campagnes seront développées, les pauvres et les démunis seront aidés, spécialement dans les provinces et les zones désavantagées par la nature et privées de modernisation.

« Nous devons travailler ensemble afin de réaliser les conditions préalables à la réforme politique, sociale et familiale dans le monde arabe, en proclamant notre solidarité avec cette réforme, car nous l’aimons et nous voulons être les constructeurs d’une société meilleure, dans laquelle la civilisation de la paix, de la fraternité et de l’amour soit commune à toutes les nombreuses et différentes confessions qui ont vécu ensemble pendant des siècles… »

2- Rôle des Chrétiens dans la Cité. 27 mai 2013

Nous voulons affirmer avec toute clarté, fermeté et constance notre liberté dans la prise de position que nous trouvons convenable pour le service de notre pays. Personne n’a la droit de nous mettre en gage ou en rançon, de nous dicter telle ou telle position, de nous cerner dans un coin, ni de nous demander de faire telle ou telle déclaration! Nous sommes des citoyens libres et nous demandons à tous de respecter notre liberté, aujourd’hui, demain et toujours!

Quels que soient ou seront les changements, dans telle ou telle direction, nous resterons aux côtés de notre Patrie, la Syrie, et aux côtés de toute personne œuvrant pour sa sécurité, son calme, son indépendance, sa souveraineté, l’unité de son peuple et de sa terre, en Syrie et en dehors de la Syrie.

Nous sommes Syriens. Nous resterons Syriens cent pour cent. De plus, nous resterons le grand facteur et acteur de l’unité de tous les Syriens, de la réconciliation entre tous les Syriens, du dialogue entre les Syriens, afin d’œuvrer ensemble pour une seule Syrie, unie, libre et renouvelée!

Nous déclarons notre amour pour tous, notre solidarité avec tous, notre ouverture à tous: gouvernement, opposition, partis, groupes religieux… Nous les appelons tous avec le langage du Coran: “Venez à une parole, commune”. Nous les appelons avec les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ et du Saint Evangile: “Mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres” (Jean 15, 12).

Nous continuerons à prier pour tous. Nous nous efforcerons, par tous les moyens, avec toutes nos forces, nos relations et nos moyens, pour notre pays, la Syrie, pour sa sécurité, pour le dialogue, pour la réconciliation entre tous ses fils. Ensemble nous construirons la Syrie. Ensemble nous triompherons. Ensemble nous surmonterons la crise. Ensemble nous construirons un avenir meilleur pour les jeunes générations de l’avenir.

(Après un long extrait de la lettre à Diogète) (…) Dans ce magnifique discours, nous découvrons la force de la foi chrétienne. Cette foi est la base du comportement du chrétien vis-à-vis de sa société, des développements, des changements, des lois, des constitutions, des ordonnances, qui pourraient être un obstacle dans l’exercice de sa sainte foi. Ainsi, c’est le cas, par exemple, de la Charia ou loi islamique, du Fiqh ou jurisprudence, dans l’Islam et plus particulièrement dans la société arabe à majorité musulmane. Le chrétien doit savoir comment se comporter vis-à-vis de ces lois ou de ces constitutions. Comment trouver, dans le cadre de ces lois, et avec la Charia et la jurisprudence non chrétiennes, un espace pour vivre et pratiquer sa foi et ses valeurs chrétiennes. De plus, il devrait découvrir comment être interactif avec ces lois, et même les enrichir, les développer et y greffer les valeurs de sa foi et les enseignements de son Maître Jésus-Christ dans le Saint Evangile, ainsi que les principes de son Eglise et ses convictions de foi nationale et humaine. Ainsi, il rencontrera ses frères concitoyens d’une autre religion, d’une autre croyance et d’une autre culture. De plus, à travers cela, à travers cette ouverture, il pourra obtenir des mesures qui protègent sa foi, ses mœurs, ses valeurs et les lois de son Eglise. Cela pourra être obtenu par le moyen du statut personnel, mais aussi par des conférences au sujet du développement des principes de la société civile et de la laïcité croyante.

Au sujet de l’émigration des chrétiens, ou de la volonté de les obliger à émigrer, on me pose souvent, de la part des instances chrétiennes, civiles ou politiques, dans les pays arabes et en dehors, cette question: y a-t-il une volonté de vider l’Orient de ses chrétiens? Je réponds comme suit: nous voulons, d’une volonté ferme, rester ici comme chrétiens ! Nous voulons rester, en tant que chrétiens, avec les musulmans et pour les musulmans. Nous voulons que les musulmans comprennent cela. C’est à eux de faire éloigner l’accusation selon laquelle les musulmans veulent vider l’Orient des chrétiens.

D’autre part, nous leur disons, avec tout amour, courage et fermeté: nous voulons rester avec eux! Rester avec eux et pour eux. Nous avons été ensemble dans l’histoire. Nous resterons ensemble aujourd’hui et demain. L’avenir est pour nous tous, ensemble. Ou nous serons ensemble, ou nous ne serons pas. Les chrétiens et les musulmans forment ensemble un seul tissu commun dans presque chaque pays arabe. Dieu est avec nous! Et nous sommes les uns avec les autres. Nous le disons en toute franchise: nous avons été et resterons, nous les chrétiens, en Syrie et dans les autres pays arabes, les grands défenseurs de l’Islam en première ligne. De même, nous sommes toujours les défenseurs de l’arabité et de l’unité arabe.

Quelqu’un a dit, au début de la crise en Syrie: conservez vos chrétiens pour préserver votre arabité. Le célèbre écrivain et journaliste Mohammad Hassanein Heikal (dans son livre Un an de crises 2000-2001, Le Caire, 2002, p. 52) a décrit le changement du tissu social arabe en ces termes: “J’ai une remarque à faire au sujet des chrétiens d’Orient. On note le phénomène de l’émigration des chrétiens. On ne peut pas détourner l’attention au sujet de ce phénomène, ni le négliger ou ignorer ses raisons ou causes, même si ces raisons sont psychologiques, en relation avec le climat prédominant, plus qu’en relation avec des réalités véridiques. Je sens que le panorama arabe tout entier sera différent humainement, du point de vue de la civilisation. Il sera sûrement plus pauvre, moins riche, si cette émigration des chrétiens est ignorée, négligée et est devenue objet de craintes, même injustifiées. Quelle perte si les chrétiens d’Orient sentent, avec ou sans raison, qu’il n’y a pas d’avenir pour eux et pour leurs enfants dans cet Orient! Et alors l’Islam restera seul, solitaire dans cet Orient où rien ne soulage sa solitude”.

L’Eglise
a effectivement collaboré au développement des démocraties et des libertés d’une manière excellente. Nous avons défendu ces valeurs qui ont été proclamées dans les révolutions arabes. Nous sommes les premiers révolutionnaires, les véritables penseurs qui revendiquent tout le contenu de ces révolutions, notamment en ce qui concerne la liberté individuelle, la dignité humaine et les principes suivants: l’homme est un être libre qui a une valeur propre absolue, et tous les êtres humains sont frères.

Nous affirmons que toutes les religions partagent ces principes, même si les applications se différencient.

Jésus-Christ nous a expliqué, dans la parabole du bon et miséricordieux Samaritain, que tout homme est mon prochain. Il nous a démontré cette valeur constante, qui ne peut s’accorder avec aucune sorte d’injustice, de coercition, de servitude, de tyrannie, de despotisme et d’assujettissement… Car l’autorité politique est un service public. L’Eglise a toujours été victime et résistante sous le joug des régimes totalitaires, car elle est l’apôtre de la liberté, de la dignité et de la justice. Nous devons redécouvrir notre rôle et nos devoirs, au lieu de craindre pour notre avenir, nos droits et nos privilèges, surtout en ce qui concerne la protection et la culture du pluralisme, et la préservation de l’arabité. Nous devons rassembler les forces progressistes des musulmans, afin qu’ils soient dans nos rangs. Nous devons propager l’enseignement social de l’Eglise, tellement riche, qui remonte à la fin du dix-neuvième siècle. Les chrétiens arabes devraient collaborer afin que le monde arabe récupère son unité forte sur le plan international, sans crainte, sans hésitation, car c’est notre monde et notre propre unité. Le monde arabe est dans le processus d’un enfantement très difficile. Nous devons aider  afin que naisse une société pluraliste, par le biais de l’arabité culturelle, pour construire un avenir commun. Ma confiance n’est jamais ébranlée en ce qui concerne le fait que la raison, dans l’Islam, est capable d’assimiler la culture moderne. Il y a une grande flexibilité pour la réconciliation entre la Charia (la loi islamique) et ses textes, d’une part, et les exigences modernes, de l’autre. Nous devons collaborer à la renaissance de l’homme arabe. (….) Cette présentation explique notre doctrine. C’est notre position, notre situation, notre rôle, notre conviction et notre mission. Cette mission a été présentée par Notre Seigneur Jésus-Christ: “n’aie pas peur, petit troupeau” (Luc 12, 32)! N’aie pas peur: une expression qui se répète 365 fois dans la Bible et l’Evangile, c’est-à-dire le nombre des jours de l’année. Ainsi Jésus nous donne chaque jour une gorgée évangélique; c’est notre pain quotidien pour ne pas avoir peur. L’expression “petit troupeau” a été le centre de mon intervention au Synode des Evêques, à Rome, l’après- midi du 11 octobre 2012, dans laquelle j’ai insisté sur le petit troupeau à qui Jésus a voulu donner un grand rôle à l’égard du grand troupeau. De sorte que le sens de la présence du petit troupeau, de  son rôle et de sa mission dans le monde arabe, où sont nés Jésus, l’Evangile et le christianisme, est qu’il soit avec et pour le grand troupeau, à qui il apporte la plus belle nouvelle jamais écoutée, et que les anges ont entonnée et chantée la nuit de Noël: “Je vous annonce une grande joie… Un Sauveur vous est né!” (Luc 2, 10-11). Le Christ est né pour vous! L’Evangile est né pour vous! N’aie pas peur, petit troupeau! Sois porteur, avec courage, fermeté, joie, enthousiasme et optimisme, de la vision dans les ténèbres de ces jours, portant l’appel de Jésus-Evangile, qui te dit: Sois lumière! Sois sel! Sois levain! 

3- « Pour la Syrie, la réconciliation est l’unique planche de salut et pour cette réconciliation j’offre ma vie en sacrifice » 30 août 2012 

Les armes affluent de toutes parts et leur fracas domine et étouffe chaque voix qui s’élève pour crier « halte à la guerre, halte aux hostilités d’où qu’elles viennent, que les armes se taisent, que les responsables des crimes de guerre soient condamnés pour que s’ouvre enfin la voie de la réconciliation » déclare Gregorios III qui ajoute « Quelle dynamique pour trouver une issue à la crise ? Par cette lettre nous voulons appeler à nouveau tout le monde au dialogue…afin que nous dépassions nos blessures, nos souffrances et le sang qui a coulé…et que nous soyons du nombre de ceux qui croient au dialogue, à la réconciliation, à la rencontre et au face-à-face… Ce chemin est le plus difficile mais c’est l’unique chemin raisonnable parce qu’il constitue l’unique garantie pour l’avenir. C’est un chemin inéluctable car aucune faction ne peut  éliminer l’autre de quelque manière que ce soit. La violence accroît la violence tandis que le dialogue ajoute au dialogue force et fruit. Quant à la réconciliation elle prépare les cœurs et les esprits à encore plus de dialogue et de réconciliation. » « L’Eglise qui est en Syrie est appelée au ministère de la Réconciliation, par tous les moyens disponibles car la réconciliation est au cœur de l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ dans le Saint Evangile (…) Au milieu de ce fleuve de sang qui, jour après jour, coule dans toutes les contrées de la Syrie, nous disons à nos enfants bien-aimés: Patience ! Si vous avez été déplacés à l’intérieur de la Syrie ou dans un pays limitrophe restez proches de vos maisons et de vos biens dans votre pays… si vous partez au-delà de la région, votre retour sera plus difficile et votre situation ne sera pas facile malgré les facilités offertes par les pays qui vous accueillent, facilités qui ne sauraient durer. C’est pourquoi je vous dis : « n’émigrez pas ! » Nous continuerons à mettre tous nos  efforts pour aider de toutes nos forces les nécessiteux et les déplacés (…) Grand est mon espoir que nous les Syriens, chrétiens et musulmans, qui, tous, subissons le poids de cette situation tragique et sanglante qui dure depuis un an et demi, nous trouverons  tous ensemble – il le faut – une autre voie que celle de la violence, des armes, des tueries et de la destruction (…) C’est pourquoi j’adresse mon appel avec le vénérable verset du Coran : « venez ayons une parole en commun ! » et avec le verset du Saint Evangile : « Bienheureux les artisans de paix » …Voici le slogan que nous élevons avec cette lettre. La réconciliation est l’unique planche du salut pour la Syrie (…) Pour le ministère de la Réconciliation je suis prêt à offrir ma vie en sacrifice »  

4- Vœux de Noël 2012 – La Nativité de Notre Seigneur un appel à la Réconciliation   

Le chant des anges dans la nuit de Noël nous ravi le cœur et l’âme et nous le chantons dans toutes nos vicissitudes : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime»; et même au cœur de notre souffrance en ces jours tragiques que vit notre Moyen-Orient et tout particulièrement la Syrie. Ce chant est un appel constant à glorifier Dieu notre Créateur, à œuvrer pour la paix sur la terre, pour la bienveillance entre les hommes et pour que règne en chacun de nous la joie et la paix de notre Seigneur. « Car c’est Lui qui est notre paix » nous dit Saint Paul « Lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un: Il a renversé le mur de séparation, l’inimitié […] afin de fondre en Lui-même les deux dans un seul homme nouveau, en faisant la paix » (Ep. 2,14-15). Saint Paul résume ainsi Noël et la mission de Jésus qui est réconciliation entre Dieu et les hommes. Le Christ détruit le mur de l’inimitié entre les nations et annonce la paix nous confiant ainsi le ministère de la Réconciliation. C’est à cela et à rien d’autre que nous a appelé le saint Père le Pape Benoît XVI à chaque instant de sa visite au Li
ban en septembre dernier : « Non à la vengeance ! Oui au pardon ! Car le pardon donné et accepté, jette les fondements qui soutiennent la réconciliation et la paix. » Et nous avons tant besoin de cette réconciliation, de cette paix, dans notre monde arabe, et d’abord en Syrie dont elle est l’unique planche de salut… 

5 – Lettre de Noël 2012 : « Noël, un appel à la réconciliation » 

Le chemin de la réconciliation est le chemin de l’Evangile. J’aimerais dire à mes frères dans le monde arabe, en Syrie particulièrement, surtout aux véritables révolutionnaires, que leurs demandes justes sont les demandes des chrétiens qui les réclament sans violence. Nous leur disons franchement que nous les chrétiens, quand nous proposons la réconciliation, nous suivons les enseignements de notre Seigneur dans l’Evangile. Nous ne voulons pas être inféodés à personne ; personne n’a le droit de renchérir sur nous, ou nous confiner à une faction, ou nous posséder, ou nous armer, ou nous attirer pour cette ou cette position. Nous sommes pour la réconciliation et les exigences justes.  C’est ce que nous avons exprimé, moi comme Patriarche dans mes lettres, de même l’Assemblé de la Hiérarchie Catholique en Syrie (rapport de 25 avril 2012), et la déclaration des trois Patriarches en Syrie (mai 2012). La Réconciliation planche du salut La logique de l’Evangile, sa méthode, ses principes de conduite, sa spiritualité, sa culture et la pensée de Jésus-Evangile sont ce qui inspire l’Eglise dans ses prises de position et toutes ses démarches. A partir de cela, je me suis conduit et j’ai pris différentes initiatives pour vivre l’Evangile dans les conditions difficiles que vit la région du Proche-Orient. J’ai réalisé une tournée européenne, visité les capitales, participé à des congrès, donné des conférences, rencontré des hommes d’Etat de plusieurs pays (même plusieurs d’entre eux qui ne sont pas de mon avis), chrétiens et autres, arabes ou non. A la suite de tout cela, je suis arrivé à la conclusion que la vraie et seule voie d’issue de la crise actuelle du monde arabe, surtout en Syrie, au Liban, en Egypte, en Jordanie, en Palestine, etc., est la réconciliation. J’ai publié, le 30 août 2012, un document intitulé « La réconciliation est l’unique planche de salut pour la Syrie ».  

Je l’ai envoyé au monde entier, aux dignitaires chrétiens, et notamment catholiques, aux chefs d’Etat arabes et autres, aux organisations non gouvernementales (ONG), à des parlementaires, à diverses personnalités. Dans ce document, j’ai souligné que la mission de l’Eglise, fondée sur l’Evangile, est un ministère et un service de réconciliation. L’importance de la Réconciliation   Voici mon analyse de l’importance de la Réconciliation dans tous les domaines. Quelle que soit l’évolution de la situation en Syrie, la réconciliation est la seule voie de salut, aujourd’hui et demain. La réconciliation évite la partialité à l’égard de l’un ou l’autre groupe. La réconciliation est un appel commun et équilibré à tous les groupes. La réconciliation est importante pour guérir les blessures, dépasser les inimitiés et les haines, et construire des ponts de dialogue social, politique et religieux. La réconciliation est importante pour reprendre la construction de la pierre et de la chair, pour la solidarité, pour revenir à la normalité de la vie, et pour soutenir les pauvres, les réfugiés et les sinistrés. La réconciliation est importante pour la reprise du dialogue entre les communautés, pour accepter l’autre et le respecter. La réconciliation est importante pour faire revenir l’amour dans chaque maison, dans chaque ville et village, dans chaque parti, dans chaque homme. La réconciliation est importante: c’est une mission mondiale. Nous sommes tous appelés à nous joindre à elle, sur les plans local, régional, arabe et mondial. La réconciliation est la voie de l’avenir pour toute la région, et pas seulement pour la Syrie. Cela vaut pour la réconciliation arabe-arabe, arabe-Europe, arabe-juive (israélienne) et chrétienne-musulmane, dans le monde entier. La réconciliation est de l’essence de l’Evangile. C’est le contenu de tous les dogmes chrétiens: la Trinité, l’Incarnation, la Rédemption. La réconciliation a donc une dimension mondiale. Elle n’est pas seulement liée à la crise syrienne ou autre dans la région. C’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu. C’est ce que nous dit l’Evangile, affirmant que Jésus est mort « afin de ramener à l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11, 52). 

6- Carême 2013. Solidarité dans la foi et la charité 

(…) Nous faisons appel par cette lettre à la solidarité de tous, pour encore plus d’efforts pour trouver ensemble les moyens de faire face aux défis. Nous faisons appel à nos frères musulmans pour soutenir nos efforts et préserver la présence chrétienne avec eux et pour eux. Ils savent bien combien cette présence chrétienne fut et est toujours si importante – et efficace – dans l’histoire du monde arabe sur tous les plans. Ils savent combien nos institutions éducatives, culturelles, sanitaires, religieuses, sociales et intellectuelles sont au service de tous les citoyens sans distinction. Tout cela, tout, est menacé de disparition si la présence chrétienne venait à disparaître. Aussi la solidarité chrétienne doit être une solidarité islamo-chrétienne, car le but est de servir notre société, nos patries arabes sans distinction, comme ce fut à travers l’histoire. Nous devons être solidaires, Chrétiens et Musulmans, pour un avenir meilleur pour nos générations montantes. (…) 

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