Lorsque le Pape François a demandé que la journée du 7 septembre soit consacrée à la prière et au jeûne pour la paix dans le monde, spécialement en Syrie, beaucoup ont souri avec condescendance "Comment ! C'est tout ce que le pape a à proposer !" Et pourtant... Il y a peu le conflit syrien était un imbroglio inextricable que l'on ne savait plus comment aborder. Comment amener à une table de négociations des partenaires si divers, animés d'intentions si contraires ? La menace des armes apparaissait à beaucoup comme une mauvaise solution, plus prompte à envenimer le conflit qu'à le résoudre.
Et voilà qu'au surlendemain de la journée de prière et de jeûne du 7 septembre, une solution simple jaillit du côté de la Russie. Poutine propose d'isoler l'armement chimique syrien et de le placer sous contrôle international, voire de le détruire. Et voilà que placée devant cette hypothèse la Syrie ne dit pas non. Les pays les plus ardents à faire la guerre reconnaissent l'intérêt de cette proposition, dont il faut certes étudier avec soin la faisabilité... Comment en est-on arrivé là ? Est-ce un simple coup de génie diplomatique ? Est-ce une illumination divine en réponse à la prière de millions de croyants ?
Personnellement, le soir du 7 septembre, j'attendais non pas un miracle éclatant, mais une illumination des esprits et une conversion des coeurs qui permettraient enfin aux opposants de toutes sortes de se rencontrer autour d'une table et d'imaginer ensemble des solutions de paix. Nous n'en sommes pas encore là, mais peut-être sommes-nous plus près du but qu'il y a quelques jours.
Bien sûr des esprits chagrins ne manquent pas de voir en tout cela un piège dressé par d'habiles belligérants qui cherchent à gagner du temps. Certes il faut en l'affaire que les enfants de lumière sachent être plus habiles que les enfants des ténèbres, la prudence et la circonspection sont de mise, mais pourquoi le projet Poutine soigneusement travaillé ne deviendrait-il pas un bon projet ?
L'O.N.U. a fait des offres de service et c'est tout à fait dans ses compétences. Espérons et continuons à prier le Maître de l'Impossible pour la paix en Syrie.
11 septembre 2013,
fr. Pierre RAFFIN, o.p., évêque de Metz