Le chrétien marche « sur le chemin du Christ » et « comme Lui » il doit « s’abaisser » pour entrer « dans la vraie grandeur, dans la grandeur de Dieu qui est la grandeur de l’amour » : c’est l’encouragement du pape émérite Benoît XVI, dans sa première homélie rendue publique depuis sa renonciation le 28 février dernier.
Benoît XVI a célébré hier, 1er septembre 2013, une messe dans la chapelle du Gouvernorat, au Vatican, pour le 38e séminaire d’été du « Ratzinger Schülerkreis », le groupe de ses anciens élèves qui se réunissent chaque année depuis 1977 à Castelgandolfo.
La rencontre portait cette année sur “La question de Dieu dans le contexte de la sécularisation”, à la lumière des écrits du philosophe Français Rémi Brague, lauréat du “Prix Ratzinger pour la théologie” en 2012.
Benoît XVI, qui n’a pas participé au séminaire, a cependant célébré la messe de clôture, entouré du cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, de Mgr Georg Gaenswein, préfet de la Maison pontificale, de Mgr Barthelemy Adoukonou, secrétaire du Conseil pontifical de la culture, et de Mgr Hans-Jochen Jaschke, évêque auxiliaire d’Hambourg. Une cinquantaine de personnes étaient présentes.
Le danger des premières places
Benoît XVI a médité sur l’Évangile du jour, où Jésus invite à s’asseoir « à la dernière place (Luc 14,1a.7-14) : « une place qui semble très bonne peut en réalité se révéler une place très mauvaise », a-t-il fait observer.
La meilleure place est « à la mesure du Christ », c’est-à-dire dans « l’abaissement », et non pas dans « une course aux honneurs », a ajouté le pape émérite : le chrétien « se trouve sur le chemin du Christ, et comme Lui, il essaie de ‘s’abaisser’ pour entrer dans la vraie grandeur, dans la grandeur de Dieu qui est la grandeur de l’amour ».
Aussi le chrétien doit être « le dernier dans l’opinion du monde » : « celui qui, en ce monde et dans l’Histoire est mis en avant et arrive aux premières places, doit savoir qu’il est en danger », « il doit regarder encore plus le Seigneur, se mesurer à Lui, se mesurer à la responsabilité envers l’autre, il doit devenir celui qui sert, celui qui est assis aux pieds de l’autre ».
« L’essence de Dieu, a poursuivi Benoît XVI, consiste à se pencher vers [l’homme] ». Dans cet esprit, le Christ exhorte « à inviter tout le monde, même les pauvres, les paralytiques, les estropiés, en faisant abstraction des avantages personnels ».
La hauteur de Dieu
Dans le Christ, l’humiliation devient “élévation”, et “la Croix”, qui semble “la dernière place”, devient “la vraie exaltation”, a-t-il souligné : sur la croix, « Jésus est plus haut, il est à la hauteur de Dieu parce que la hauteur de la Croix est la hauteur de l’amour de Dieu ».
Pour le pape émérite, le concept de la gratuité est le pivot de la vie chrétienne : « Dans la lutte pour la justice dans le monde nous ne devons jamais oublier la gratuité de Dieu, et nous devons tout construire sur le fait que le Seigneur nous donne gratuitement, notamment à travers des personnes bonnes qui nous donnent gratuitement leur bonté, qui nous supportent à titre gratuit, nous aime gratuitement ».
Il s’agit donc à son tour de « donner cette gratuité pour rapprocher le monde de Dieu, pour devenir semblables à Lui, pour nous ouvrir à Lui ».
« Sans la gratuité du pardon aucune société ne peut croître ». Même l’économie, doit garder « quelque chose de gratuit », a-t-il estimé. En effet, les plus grands trésors de la vie, tels « l’amour, l’amitié, la bonté, le pardon » ne peuvent être « achetés », ils sont, « gratuits, de la même façon que Dieu donne gratuitement ».
Pour conclure, Benoît XVI a évoqué la liturgie chrétienne, une liturgie « humble » mais aussi « incommensurablement grande », car « elle unit [l’homme] aux rangs des anges et des saints dans la joyeuse fête de Dieu » en « renouvelant le sacrifice, l’extrême abaissement du Christ qui verse son sang dans l’Eucharistie ».
Traduction d’Anne Kurian