Benoît XVI ou "le courage de se dépouiller de tout"

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Par le philosophe Rémi Brague

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En renonçant à sa charge, Benoît XVI a eu le courage de « se dépouiller de tout et de céder la place à un autre, que l’on ne choisit pas », estime le philosophe français Rémi Brague.

M. Brague, lauréat du Prix Ratzinger en octobre dernier, a rencontré Benoît XVI à cette occasion. Il se souvient, pour l’agence I.Media, qu’il avait trouvé le pape affaibli : « Intellectuellement, tout allait bien. Mais physiquement, il était amaigri et voûté sur son bâton, il semblait qu’il n’en pouvait plus. Joseph Ratzinger n’avait aucune envie d’être pape et il avait préparé la retraite tranquille dont il rêvait. C’est déjà extraordinaire qu’il ait résisté si longtemps », estime-t-il.

Le courage de se dépouiller de tout

Pour Rémi Brague, « il n’est rien de plus insensé que d’opposer Jean-Paul II et Benoît XVI, qui nourrissaient la plus grande estime l’un pour l’autre ou, pire encore, d’organiser entre eux deux un match de sainteté. »

Ainsi, il n’existe pas « une seule forme de courage », qui « peut consister à rester jusqu’à la fin, dans la faiblesse et la souffrance, en signe du Crucifié dont le pape est le vicaire » mais qui « peut aussi consister à accepter, après avoir été au centre de l’attention, de se dépouiller de tout ».

« Faut-il vraiment, ajoute le philosophe, une situation exceptionnelle pour justifier sa démission ? Il me semble que non. Il suffit de se sentir, en conscience, incapable d’accomplir sa mission. Le pape n’est pas une personne sacrée, mais il est porteur d’une fonction ».

L’Esprit-Saint, une lumière, pas un ouragan

Rémi Brague poursuit : « Benoît XVI est assez théologien pour savoir que le seul chef, la seule « tête » de l’Eglise, est le Christ ressuscité. Le rôle du pape est de garder et de transmettre, sans dispersion, le dépôt de la foi reçu des apôtres. Il ne peut donc, en aucun cas, faire ce qu’il veut. Il ne nomme les évêques qu’après de nombreuses consultations auprès des Eglises locales. Et, en tout cas, en règle générale, les décisions les plus lourdes de conséquences se prennent discrètement, n’attirent pas l’attention des médias et ne montrent leurs conséquences que sur le long terme ».

En outre, rappelle-t-il, l’Esprit-Saint lui-même, « n’est pas un ouragan qui pousse là où l’on ne veut pas aller ; c’est plutôt une lumière qui éclaire l’esprit et fait voir plus nettement où est le bien de l’Eglise. Cela n’a pas grand-chose à voir avec le confort de ceux qui sont élus. Dans le conclave, la majeure partie des cardinaux rasent les murs et cherchent plutôt à éviter la corvée ».

Benoît XVI, souligne par ailleurs le philosophe, a eu le courage de « donner un coup de pied dans la fourmilière pédophile », un geste que « les instituts laïcs comme les écoles, les clubs sportifs, les maisons spécialisées pour personnes handicapées, les orphelinats et autres feraient bien d’imiter ».

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ZENIT Staff

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