L'Allemagne qui résiste au nazisme: la Rose Blanche

Il y a soixante-dix ans

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Il y a soixante-dix ans, la Rose Blanche était coupée: c’est en effet le 22 février 1943 qu’à Munich, en Bavière, le frère et la sœur Hans et Sophie Scholl furent guillotinés par les nazis, avec Christoph Probst.

L’histoire. C’était en 1943. En Allemagne, la seconde guerre mondiale battait son plein. Le peuple allemand, ivre de l’idéologie nazie, se salissait par les crimes les plus atroces. Et pourtant, tout le peuple n’était pas du côté du terrible dictateur. Nombreux furent ceux qui eurent le courage de s’opposer à ce qui se passait : des hommes d’Eglise, catholiques ou luthériens, des militaires et de simples citoyens. Parmi ceux-ci, Sophie Scholl, son frère Hans et leur ami Christoph Probst, tous les trois tués par le régime nazi il y a exactement soixante-dix ans.

Hans était né en 1918. A 15 ans, il s’était inscrit aux Jeunesses hitlériennes, mais il s’en était ensuite éloigné car son esprit, ouvert aussi aux cultures et aux traditions non germaniques, était incompatible avec cette « institution ». Sa sœur, Sophie, avait trois ans de moins que lui. En 1942, elle s’inscrivit dans la même université que son frère. Christoph était né en 1919 ; c’était le camarade d’études en médecine de Hans. Il s’était marié très jeune et il était déjà père de famille. Ces trois jeunes avaient deux points en commun : une éducation solide, reçue dans leurs familles respectives, et une forte conscience religieuse.

Avec d’autres jeunes universitaires de Munich et en lien avec leur professeur Kurt Huber, ils montèrent un mouvement de résistance au régim, petit mais significatif. Ce petit groupe, plus une poignée d’amis qu’une véritable organisation, imprima six tracts contre le régime entre juin 1942 et février 1943. Chacun de ces tracts était signé : La Rose Blanche.

Dans un premier temps, les tracts furent distribués clandestinement en Allemagne du sud et en Autriche, où les membres de « La Rose Blanche » pensaient recueillir davantage de consensus. Mais poussés par leur idéalisme et par un peu de cette imprudence typique de la jeunesse, le frère et la sœur Scholl se rendirent dans leur université, l’université Ludwwig Maximilian de Munich, le 18 février, et, pendant que les cours se déroulaient, ils montèrent l’escalier du grand vestibule ; lorsque la cloche sonna, ils lancèrent d’en haut leur sixième tract pour qu’il soit lu par le plus grand nombre possible d’étudiants.

Ils furent repérés et arrêtés par un appariteur de l’université qui les remit aux autorités. Le 22 février, ils furent jugés par le Tribunal du peuple, présidé par un des personnages les plus inquiétants du régime : Roland Freisler. Il s’agissait d’un procès-farce dont la sentence était déjà écrite. Freisler mit en scène le scénario habituel qu’il récitait à toutes les audiences contre les dissidents. Il hurla et s’acharna, selon son habitude, contre les accusés, cherchant à leur faire peur et à provoquer chez eux un sentiment de culpabilité parce que, disait-il, pendant que les soldats se battaient sur le front, la Rose Blanche sapait l’énergie du peuple allemand à l’intérieur du pays. Il leur reprochait aussi le fait qu’ils étudiaient dans une école d’Etat tout en luttant contre celui-ci.

Sophie, Hans et Christoph ne se laissèrent pas intimider et assumèrent toute la responsabilité. Le tribunal les condamna à mort, sans aucune pitié pour leur jeune âge. Ils furent guillotinés tous les trois dans la forteresse Stadelheim de Munich.

Cette belle histoire de courage et de fidélité à l’être humain est racontée dans le film Sophie Scholl – La Rose Blanche, sorti en 2005 et réalisé par Marc Rothemund.  

Traduction Hélène Ginabat


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Nicola Rosetti

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