Le « Passetto », le mur fortifié qui relie la caserne des Gardes Suisses de la Cité du Vatican, au Château Saint-Ange, au bord du Tibre, vient de faire l’objet d’un accord entre le gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican et le ministère italien des « Biens culturels ».
Un protocole d’accord concernant l’utilisation de ce « Passetto » – « passage » – et d’une tour de garde qui en contrôle l’accès a en effet été signé, ce jeudi 14 février 2013, indique un communiqué du Vatican.
En partie restauré pour l’An 2000, le « Passetto » coonstruit par le pape saint Léon IV (845-855) – le contructeur des murailles « léonines » -, a pu être emprunté par des visiteurs pendant le Grand jubilé. Mais le Vatican et l’Italie ont souhaité collaborer afin de le mettre en valeur et de le protéger, en tant que « patrimoine historique et artistique ».
Il fera donc l’objet d’aménagements pour consentir le passage de visiteurs y compris pour les personnes handicapées.
Les travaux, indique la même source, doivent permettre à l’Etat italien de rouvrir le passage surélevé au public, par un accès à partir du Musée national du Château Saint-Ange, qui fut à l’origine projeté pour accueillir le tombeau de l’empereur Hadrien (ses cendres y sont déposées en 139), transformé en bastion militaire, en prison, puis en résidence papale.
Il est surmonté d’une statue de l’archange saint Michel, dont on ne sait pas, quand on l’aperçoit, s’il dégaine son glaive ou s’il le remet au fourreau. La statue est récente: elle date de 1753: c’est un bronze de Peter Antin von Verschaffelt. Ce serait la représentation d’un songe du pape Grégoire Ier, alors que la population de Rome était décimée par la peste de 590. Après une procession et des prières publiques, le pape vit en songe que l’archange rengainait son glaive : l’épidémie prenait fin.
C’est là que le pape Clément VII a pu se réfugier, en passant par le « Passetto » alors que les lansquenets de Charles Quint mettaient à sac la Ville éternelle : c’était en 1527, le 6 mai. Les Gardes suisses furent massacrés en protégeant la fuite du pape. C’est pourquoi la prestation de serment des Gardes suisses pontificaux est fixée chaque année au 6 mai. Le pape s’enfuit ensuite à Orvieto.
La page en ligne de la Garde suisse, sur le site du Vatican raconte cet épisode terrible : « Après un moment d’hésitation, les mercenaires défoncèrent la Porta del Torrione, tandis que les lansquenets envahissaient Borgo Santo Spirito et Saint-Pierre. La Garde suisse, rassemblée aux pieds de l’obélisque qui se trouvait alors près du Campo Santo Teutonico, et les quelques troupes romaines, luttèrent désespérément. Le commandant Kaspar Röist, blessé, sera massacré par les Espagnols chez lui, sous les yeux de sa femme Elizabeth Klingler. Des 189 Suisses, seuls 42 purent en réchapper, c’est-à-dire ceux qui, à la dernière minute, sous le commandement de Hercules Göldli, avaient accompagné Clément VII à son refuge de Château Saint-Ange: les autres tombèrent glorieusement, massacrés, avec deux-cents fugitifs, sur les marches du maître-autel de la basilique Saint-Pierre. Le salut de Clément VII et de ses hommes fut possible grâce au «Passetto», un couloir secret construit par Alexandre VI sur la muraille qui reliait le Vatican à Château Saint-Ange ».
« La horde sauvage était pressée, raconte la même source, car elle craignait que les forces de la Ligue coupent la voie pour la retraite. Après avoir traversé le Ponte Sisto, les lansquenets et les Espagnols se ruèrent sur la ville, et pendant huit jours ils donnèrent libre course à tout abus, vol, sacrilège et massacre; même les tombes des Papes furent violées, y compris celle de Jules II, pour voler ce qui était à l’intérieur: les morts furent environ douze mille et le butin d’environ dix millions de ducats. Tout cela n’est pas étonnant, car l’armée impériale, et en particulier les lansquenets de Frundsberg, étaient animés par un esprit de croisade anti-papiste ».
Mais auparavant, un autre pape avait dû son salut au « Passetto », devant une autre armée d’occupation : les troupes du roi de France Charles VIII, qui s’était proclamé roi de Naples, entrèrent dans Rome, en décembre 1494, lors de la première Guerre d’Italie, et Alexandre VI se réfugia au Château Saint-Ange.