La doctrine sociale catholique reflète une conception de l'être humain

Un élément fondamental

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Carmine Tabarro

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, vendredi 21 décembre 2012 (ZENIT.org) – La conception que se l’on fait de l’être humain, l’anthropologie, est désormais une question qui est devenue courante dans la culture contemporaine, et pour la doctrine sociale de l’Eglise elle est fondamentale, souligne Carmine Tabarro, de la communauté catholique Shalom.

Expert en doctrine sociale de l’Église et en économie publique et de marché, il analyse pour ZENIT les deux dimensions, une spécifique et l’autre plus large, dans laquelle celle-ci peut être déclinée :

« Sa dimension spécifique trouve sa genèse quand les techniques de procréation ont commencé à manipuler la vie naissante. L’histoire de Luise Brown, la première enfant née par fécondation in vitro. Pour la première fois, un être humain naissait sans être conçu dans le corps d’une femme. Pour la première fois dans l’histoire de l’homme, la relation sexuelle entre un homme et une femme, est devenue superflue pour engendrer une nouvelle vie.

Dans l’imaginaire collectif, chaque enfant pourrait naitre et avoir jusqu’à six parents entre les parents biologiques et sociaux. Cette baisse de la relation entre la dimension sexuelle et la conception produit une dissolution des relations naturelles, donnant vie à une société ou le produit d’un laboratoire se substitue aux lois naturelles.

Un autre pas dans la réflexion sur la question anthropologique concerne l’idéologie du gender marquée par l’affirmation individualiste de choisir son propre genre sexuel: selon cette idéologie on ne nait plus homme ou femme, mais on le devient dans le courant de de la vie.

Certains voudraient créer un monde où il serait toujours facile d’être père sans être un homme et d’être mère ans être femme, avoir un enfant sans l’accoucher, le concevoir seule sans avoir besoin de l’homme, projeter un enfant, contracter un enfant avec une femme qui donne son utérus en location, sélectionner un enfant.

Autrement dit une anarchie anthropologique et déshumanisante avec de profonds revers psychiatriques encore à étudier.

Le cheval de Troie pour l’affirmation de cette anarchie, nous la trouvons dans la demande de reconnaissance du mariage entre homosexuels.

Très souvent, la question des droits de ces personnes est un moyen qu’on utilise. Il n’existe d’ailleurs pas d’associations qui protègent les droits des couples libres hétérosexuels. Si bien que la vraie cible est celle d’ouvrir la voie au mariage homosexuel, vrai changement d’époque, car aujourd’hui le couple homosexuel peut espérer en la possibilité d’adopter ou d’avoir des enfants, en payant des utérus et des gamètes en location. Il ne s’agit même pas  du droit des homosexuels. La question est beaucoup plus profonde : on veut affirmer une société anthropologiquement différente de celle que l’on a connue pendant des millénaires.

On risque une société qui produit la personne en laboratoire, qui modifie son sexe dans le courant de sa vie, qui remplace une entité autrefois appelée famille par quelque chose d’autre.

Selon la DSC, la raison a été rétrogradée par des domaines qu’elle jugeait autrefois à sa portée et elle s’est réduite à n‘être plus qu’une raison qui calcule et mesure. Les domaines de la religion et de la morale sont considérés comme irrationnels, non reconnaissables par la raison, ou bien jugés sans intérêt.

Les domaines du mariage ou de la cohabitation, de la vie et de la mort du petit être à peine conçu, du bien ou du mal, sont vus comme des objets de choix individualistes. Le monde de l’irrationnel s’est ainsi agrandi, effaçant toute distinction.

La politique est l’endroit  où devrait s’exercer la raison publique, mais dans ce climat on dirait que la politique a perdu la boussole de la bonne raison, qu’elle devient technique et n’arrive plus à voir le bien commun, qui est un concept éthique. Le modèle du bien commun disparaît et c’est l’individualisme des désirs, des émotions, de l’irrationnel, qui prend le dessus. La loi morale naturelle fait partie du bien commun, mais la raison individualiste actuelle est incapable de la reconnaitre.

Si telles sont les bases de la culture contemporaine, on comprend que la question anthropologique soit en réalité une question théologique. Le concept de nature éliminé, les quelques morceaux de pont qui restent avec le Créateur se brisent. La nature disparue, c’est l’idée même du Créateur qui disparaît, les « cieux  se ferment ». La foi chrétienne et avec elle la DSC ne peuvent pas vivre sans cette  relation avec la nature, car il n’y aurait alors plus de nature corrompue par le péché originel et il n’y aurait plus besoin du Sauveur. Le baptême ne donnerait plus une nouvelle nature et ne constituerait plus aucune renaissance. La Grâce n’aurait plus de nature à purifier. Sans nature il n’y a plus de loi morale naturelle.

Au contraire la foi chrétienne et la DSC ont besoin de la famille naturelle. Toute la réflexion théologique est centrée sur elle. Si l’homme de demain ne devait plus faire l’expérience de la famille naturelle, il ne comprendrait plus ce que veulent dire les mots amour, père, fils, frère, paroles. Sans elle, il n’y plus de foi chrétienne, pas d’humanisation.

Malheureusement, une campagne violente et instrumentale a été lancée contre la famille naturelle reconnue comme sacrement par la religion chrétienne. Et le résultat maintenant c’est que, dans certaines régions d’Italie, le nombre de mariages civils dépasse celui  des mariages religieux, dans un contexte où les mariages sont généralement en diminution.

Je pense à ce qu’écrivait Karl Marx pour démolir la famille chrétienne: « Comme la base de la Sainte Famille  est la famille sur terre, c’est elle que l’on doit éliminer pour éliminer l’autre ».

Il s’avère donc que la tendance culturelle actuelle qui est contre le mariage et contre la famille naturelle, est en train de créer de gros problèmes sociaux et en train d’essayer d’effacer les fondements de la foi chrétiennes.

Devant ces résultats inhumains, la DSC nous invite à réfléchir aux effets de la sécularisation et du relativisme. Une sécularisation et un relativisme qui conduisent à l’élimination de Dieu et à l’affirmation de l’homme comme idole de l’Olympe.

En éliminant le christianisme de l’espace public on ne gomme pas seulement la religion mais aussi les grandes valeurs éthiques liées à la loi morale naturelle.

Le relativisme ne concerne plus seulement les fois religieuses mais aussi l’adhésion ou pas aux principes de la loi naturelle. La destruction des principes qui régulent la loi morale naturelle, produit à son tour une nouvelle sécularisation religieuse dans la mesure où elle enlève à la foi chrétienne les bases naturelles pour qu’elle puisse être compréhensible et raisonnable, la reléguant ainsi inévitablement à la sphère privée, en dehors de l’arène sociale.

Et sans nature humaine il n’est même plus possible de percevoir le coté raisonnable de la foi chrétienne.

Mais attention car le vécu de la foi dans le privé conduit aussi à un affaiblissement de nos relations avec le Seigneur. La sécularisation est un virus qui affaiblit petit à petit notre vie intérieure, nous faisant céder au dogmatisme relativiste en nous rendant plus arides.

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ZENIT Staff

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