André Vauchez
Traduction d’Hélène Ginabat
ROME, lundi 17 décembre 2012 (ZENIT.org) – « L’aspect peut-être le plus important de Vatican II fut la reconnaissance, de la part de l’Eglise catholique, du fait que tous les baptisés sont également appelés à la sainteté », écrit André Vauchez.
La revue « Le modèle des sœurs. Le regard de Claire d’Assise aujourd’hui » (« Forma sororum. Lo sguardo di Chiara d’Assisi oggi ») a publié un écrit inédit du professeur André Vauchez, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, intitulé « Le concile Vatican II cinquante ans après : réflexions d’un laïc ».
Il témoigne de son expérience du Concile en disant : « J’ai eu la chance, n’étant alors qu’un jeune étudiant inconnu, de pouvoir assister, grâce à un évêque que je connaissais personnellement, à une des dernières sessions du concile Vatican II, en octobre 1965 et j’en ai conservé un souvenir très vif. La réunion de ces milliers d’évêques catholiques, raconte-t-il, venus à Rome du monde entier était déjà en soi un fait impressionnant et l’importance de l’événement ne pouvait pas échapper à un observateur, vu ce qui était en jeu dans le débat et les espérances que celui-ci avait soulevées, dans l’Eglise et en dehors des milieux catholiques ».
Il insiste sur l’appel de tous à la sainteté en disant : « Pour moi, l’aspect peut-être le plus important de Vatican II fut la reconnaissance, de la part de l’Eglise catholique, du fait que tous les baptisés sont également appelés à la sainteté, ce qui impliquait une nouvelle manière de concevoir les ministères. En définissant l’Eglise avant tout comme le peuple de Dieu en chemin vers son salut, le Concile a réussi, pour la première fois dans l’histoire, à élaborer une théologie du laïcat dans laquelle les fidèles n’étaient pas seulement l’objet du ministère pastoral des clercs et les « sujets » de la hiérarchie ecclésiastique, mais des membres de plein droit de l’Eglise et des acteurs de sa réalisation dans le monde ». Cette affirmation ne minimise pas pour autant l’importance du sacerdoce, ni celle des ordres religieux, qui furent invités à retourner à leur sources spirituelles les plus authentiques ».
M. Vauchez insiste aussi sur l’interprétation du Concile dans el sens de la « réforme » indiquée par Benoît XVI : « Vatican II a été en fait un concile réformateur ; mais il faut se mettre d’accord sur le contenu de ce concept qui a été parfois mal compris : contrairement à ce que certains milieux « traditionnalistes » lui ont reproché, il ne s’agissait pas alors de faire une autre Eglise, mais de ramener l’Eglise aux principes fondamentaux de la tradition chrétienne. L’Eglise ne se confond pas avec les usages qui se sont développés à travers les siècles, en fonction d’un contexte social et culturel bien précis, aujourd’hui disparu. Il ne s’agit pas de l’adapter à des modes actuelles ; seule une fidélité plus grande à l’Esprit peut rendre les chrétiens capables d’affronter le présent et l’avenir ».
Expert de l’histoire de la sainteté médiévale, l’auteur a aussi a publié, entre autres, « François d’Assise. Entre histoire et mémoire » (Fayard, 2009).