Italie: les 40 ans du Renouveau dans l'Esprit (I/II)

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« Le Ciel n’est jamais gris pour ceux qui croient »

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Luca Marcolivio

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, lundi 10 décembre 2012 (ZENIT.org) –  Cette année le mouvement italien du Renouveau dans l’Esprit Saint (RnS) fête ses quarante ans : l’année 2012 est donc jalonnée d’initiatives et d’événements spéciaux.

Le président du mouvement, Salvatore Martinez, trace pour les lecteurs de Zenit un bilan de ces derniers mois, mettant en avant le caractère actuel d’un charisme comme celui du RnS à une heure particulièrement chargée de défis spirituels.

Zenit – 2012 a été une année particulièrement dense pour le Renouveau : aux rassemblements habituels de Rimini se sont ajoutés l’initiative  « Dix places pour Dix commandements », le projet sur  « La construction du Centre international pour la Famille à Nazareth », et votre participation au synode des évêques, sans oublier l’audience spéciale que vous a accordé le pape à la veille de la Pentecôte. On dirait vraiment que l’Esprit Saint a beaucoup soufflé à l’occasion de cet anniversaire …

S. Martinez – Si des vents de doctrine contraires à l’Evangile de Jésus et à son Eglise sont en train de souffler, l’Esprit saint souffle encore plus fort. Et nous en sommes témoins! L’année dernière, il y a eu un kairos de grâces inespérées, signe que nous ne sommes jamais seuls et que le Ciel n’est jamais gris pour ceux qui croient.

Nous avons vécu un vrai Jubilé missionnaire: un jubilé de foi renouvelé par le don de la communion ecclésiale, un jubilé porteur d’une nouvelle espérance pour une culture de la Pentecôte, souhaitée par l’Eglise et par le monde, d’une nouvelle charité, forte, particulièrement attentive aux jeunes, aux familles, aux prêtres, aux plus pauvres et aux personnes seules. « Un apport spécifique à la diffusion du Royaume de Dieu », nous disait le pape à l’audience spéciale qu’il nous a accordées place Saint-Pierre, venant d’hommes et de femmes qui sentent l’attraction du Ciel dans leur vie et qui font de la louange au Seigneur un nouveau style de vie ».

Les confirmations du bon chemin entrepris et de toutes les nouvelles ouvertures en direction de la Nouvelle évangélisation que nous avons enregistrées, sont nombreuses. Il y en a une parmi toutes que je voudrais souligner, c’est la décision du Saint-Père Benoît XVI d’ériger au Vatican une nouvelle fondation, appelée « Centre international Famille de Nazareth », destiné aux familles du monde entier, pour leur soutien spirituel, culturel et pastoral, et dont la construction et la gestion à Nazareth on été confiées au Renouveau dans l’Esprit.

Depuis des décennies, on discute du rôle des mouvements pour la Nouvelle évangélisation. C’est pour aller dans cette direction que Benoît XVI a décidé de créer un Conseil pontifical pour la promotion de la Nouvelle évangélisation. Dans son intervention au début du synode, le cardinal Donald Wuerl a fait l’éloge de ces mouvements. Dans l’ensemble, les pères synodaux étaient-ils plutôt ouverts aux réalités comme le Renouveau et les autres charismes?

Conceptuellement, il est difficile de nier l’existence, la valeur, et l’efficacité des pédagogies de foi proposées par les Mouvements d’Eglise et par les Nouvelles communautés, pour toutes les  Eglises. Les signes et les fruits sont éloquents, dans certains cas une providence incontournable pour l’animation spirituelle et l’expansion du Royaume de Dieu dans tant d’églises pauvres de chaque continent. Au plan pastoral il y a encore des difficultés sur leur place en vue d’une meilleure intégration à la vie ordinaire des églises locales.

Mais il serait grave de confondre un don avec un problème. Un don reste toujours un don, même quand celui-ci pose des problèmes car, dans le discernement et dans  la communion, ils sont toujours surmontables pour le bien de tout le Corps du Christ.

On a beaucoup fait, mais on doit encore faire beaucoup, sans archiver la saison du renouveau postconciliaire sublimée par le pontificat de Jean Paul II dans la promotion d’un laïcat organisé, et réaffirmée  sous le pontificat actuel. La voie maitresse est de promouvoir, de manière adéquate, une « théologie expérientielle des charismes » et une « pneumatologie de la mission » dans la préparation doctrinale des prêtres. L’Eglise est charismatique ontologiquement, physiologiquement. Il ne saurait y avoir de séparation ou d’opposition entre son profil institutionnel, hiérarchique et son profil charismatique, missionnaire.

Voilà pourquoi les mouvements sont une sorte de « provocation bénéfique de l’Esprit Saint, pour que l’Eglise conscientise et explicite encore plus sa nature et son identité, en se déclarant toujours, dans chacun de ses membres, à parti du don de grâce de chaque baptisé, qu’elle est « tout charisme ». Si les charismes participent à la sanctification du peuple de Dieu (Lumen Gentium, 12), comment accepter l’idée que seuls quelques uns soient stimulés à les exercer ? Et comment taire qu’à partir du charisme de l’épiscopat, l’évêque est le premier charismatique à témoigner et favoriser l’exercice des dons de l’Esprit parmi ses fidèles? La Nouvelle Evangélisation est une cause qui va exactement dans cette direction : redécouvrir notre foi,  la ressusciter dans les cœurs et la montrer au monde, pas seulement dans son contenu dogmatique mais aussi dans son dynamisme charismatique.

Lors de votre intervention au synode, vous avez dit que « la mère de toutes les crises » est de nature spirituelle et qu’elle se cache aussi dans l’Eglise. De quelle façon ?

La mère de toutes les crises dont nous souffrons est une crise spirituelle, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Eglise. Une crise qui, avant même d’être affrontée au plan culturel, social, économique,  doit être lue, combattue et vaincue à un niveau surnaturel. On pourra parler de nouvelle évangélisation lorsque nous saurons, par le biais de l’onction prophétique de l’Esprit Saint, redonner à l’homme sa forme « humaine » mais aussi sa forme  « divine », et à nos sociétés néo païennes une nouvelle « éthique des vertus ».

 Les nouveaux évangélisateurs naissent donc en contemplant Dieu, en priant; mieux, à genoux; encore mieux prostrés aux pieds devant la sainteté de Dieu. Ils sont les premiers adorateurs de Dieu, puis les révélateurs des mystères de Dieu. La foi en Dieu Amour est le cœur de la nouvelle évangélisation. Et Dieu sied d’abord au cœur puis à l’esprit. Il est donc urgent qu’il ya ait une vraie conversion du cœur de l’Église pour récupérer la sagesse de Dieu, une nouvelle compassion pour l’homme égaré et blessé, un dialogue plus profond avec l’humanité à parti de notre capacité à écouter et faire silence à l’intérieur de nous. De cette manière, nous sentirons refluer la présence, l’illumination, l’inspiration, les motions de l’Esprit.

Saint Paul, à ce propos, est clair et il nous met en garde: « C’est bien une sagesse que nous proclamons, mais ce n’est pas la sagesse de ce monde, c’est la sagesse de Dieu que, par l’Esprit, nous révélons, en interprétant de manière spirituelle ce qui vient de l’Esprit » (cf. 1Co 2, 6.10.13).

La dévotion mariale est-elle importante dans la spiritualité du Renouveau?

La « voie mariale » est la voie des laïcs, des charismes, que nous a enseigné le Bienheureux Jean Paul II. Comment se passer d’une Mère aussi dévouée à ses enfants et si puissante pour lutter contre le mal ? En observant le mystère de l’Immaculée, on c
onstate en revanche combien est grand aujourd’hui le défi du  mysterium iniquitatis. L’humilité de Marie, sa pureté, nous apprennent à vaincre la force dominante des systèmes politiques et économiques déshumanisants, l’orgueil des riches, la vanité des savants. Comment plaire à Jésus  et comment  profiter de ce qui plait à l’Esprit Saint,  nul ne saurait mieux que Marie nous le montrer et nous le démontrer! Si Marie n’était pas là … il faudrait l’inventer ! Comment pourrions espérer accéder aux mystères de Dieu sans l’évidence de Marie? L’inatteignable Ciel qui descendit sur terre, nait aussi de nos terres, dans nos vies, pour la même adoption divine reçue de Jésus, par l’Esprit Saint. Marie, en vivant au milieu de nous, dans l’Eglise, nous rappelle que «  rien n’est impossible à Dieu », car l’impossible a eu lieu en Elle.

Contempler Jésus avec les yeux de Marie signifie être les nouveaux acteurs de la nouvelle évangélisation. Le RnS prie sans cesse la « Vierge aux mains levées », comme étant la voie d’accès, brève, sûre et parfaite, pour accéder à l’Esprit Saint, Epoux mystique.

Quand Marie est « dérangée », il se passe toujours des merveilles. Nous en avons fait mille et mille fois l’expérience. Marie est la première Eglise, la première foi en Jésus, le premier amour de Jésus. Se passer du mystère de Marie c’est retarder la révélation des effets de la Pentecôte.

[La deuxième partie de l’entretien avec Salvatore Martinez sera publiée demain, 11 décembre]

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ZENIT Staff

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