Luca Marcolivio
Traduction d’Océane Le Gall
ROME, mercredi 13 juin 2012 (ZENIT.org) –  Voici le second volet de l'entretien de Zenit avec le P. Vittore Boccardi, SSS, official du Comité ontifical pour les congrès eucharistiques internationaux, sur le 50ème Congrès eucharistique international en cours à Dublin, en Irlande, jusqu’au 17 juin sur le thème : « L’Eucharistie :  Communion avec le Christ et entre nous ».

Zenit - Redonner à l’eucharistie sa place centrale dans la liturgie et, en général, dans la vie chrétienne, est un objectif du pontificat de Benoît XVI. En quoi ce congrès eucharistique peut-il y contribuer ?

P. Boccardi - Depuis toujours les congrès eucharistiques ont pour but de placer la célébration eucharistique au centre de l’expérience chrétienne. C’est pourquoi le mouvement eucharistique suscité par les Congrès dès la fin du XIXème siècle, en s’entrecroisant avec le mouvement liturgique, avec le mouvement biblique et patristique, a contribué au renouveau de l’Eglise dont le Concile Vatican II  a été le point d’orgue.

Il suffit de voir comment les congrès ont aidé à faire progresser la compréhension du Mystère eucharistique, soulignant la nécessité d’une participation totale à la célébration avec la communion sacramentelle, redécouvrant le sens d’une assemblée qui célèbre, approfondissant le rapport entre le repas de la Parole et le repas du Pain; accentuant la dimension sociale du sacrement, le rapport entre l’Eucharistie et les autres sacrements et, renouvelant la compréhension du culte eucharistique en dehors de la messe …

Et maintenant, 50 ans après le Concile, les Congrès eucharistiques poursuivent toujours leur objectif, s’employant à ce que la théologie eucharistique de communion puisse continuer à produire des fruits de sainteté et de vie pour l’Eglise et pour le monde.

L’Eucharistie fortifie la communauté ecclésiale, comme l'a affirmé Jean-Paul II. Comment les prêtres, les catéchistes et formateurs chrétiens peuvent-ils mettre en oeuvre cete aspect du mystère aucharistique?

L’Eucharistie ne fait pas que favoriser, il crée la communion ecclésiale. Ce qui est, au fond, le message central proposé par le 50ème congrès eucharistique international de Dublin. En ce sens que les prêtres, les catéchistes et formateurs chrétiens devront d’abord comprendre puis témoigner que l’Eucharistie  est « le ventre maternel » de l’Eglise et qu’en participant activement à la célébration eucharistique, la communauté chrétienne marque sa présence dans le monde comme le corps du Christ.  La spiritualité de la communion se conjugue en termes d’amour fraternel.

Le bienheureux Jean Paul II invitait à vivre une « spiritualité de la communion » qui consiste à poser « les yeux de son cœur sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière   doit aussi être perçue sur le visage de nos frères qui sont à côté de nous. Vivre une spiritualité de la communion c’est aussi avoir la capacité de sentir son frère de foi dans l’unité profonde du Corps mystique, donc, comme « quelqu’un qui m’appartient ».

La « spiritualité de la communion » consiste aussi à « voir ce qu’il y a de positif chez l’autre, pour l’accueillir et le mettre en valeur comme don de Dieu : un « don pour moi », rejetant les tentations égoïstes qui, continuellement, nous assaillent et nous mettent en compétition, sèment méfiance et jalousies. Sans ce parcours spirituel, les outils extérieurs de la communion serviraient à bien peu de choses. Ils deviendraient des appareils sans âme, des masques de communion, plus  que des chemins d’expression et de croissance.

En quelques mots, parler de communion ecclésiale signifie prêter attention de nouveau à la Parole de Dieu; retrouver le sens des responsabilités communes dans le service pastoral ; vivre un amour préférentiel pour les pauvres et les nouvelles générations ; redécouvrir la dimension charismatique de l’Eglise.

Benoît XVI aussi, en instituant une Année de la Foi, a appelé à intensifié la participation à la vie liturgique, en particulier dans l’Eucharistie (cf. Porta Fidei, 9). Comment un fidèle ordinaire, surtout s’il est un laïc, peut-il prendre véritablement conscience de la valeur inestimable du Don qu’il reçoit ?

La conscience du don reçu nait de la participation active et fructueuse à la liturgie eucharistique. A partir de là tous les baptisés apprennent ensuite, unis au Christ, à transformer leur vie quotidienne en sacrifice spirituel qui plaise à Dieu (Rm 12,1), offrant dans un vrai geste de culture une vie qui accomplit la volonté du Père  dans tous les choix qui nous sont demandés.

Après avoir célébré l’Eucharistie, chaque chrétien retourne dans le monde transformé car dans ses veines s’écoule maintenant la vie du Christ qui agit mystérieusement mais réellement dans le monde pour transformer chaque chose à la mesure de son amour.



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