ROME, lundi 25 juin 2012 (ZENIT.org) – « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne est le programme de vie de l’Eglise », explique Mgr Frezza.

L’Instrument de travail - Instrumentum Laboris - de la XIIIème Assemblée générale ordinaire du synode des évêques (7 – 28 octobre 2012) sur le thème « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », a été présenté au Vatican lundi 25 janvier par Mgr Nicola Eterovic, Secrétaire général du Synode des évêques, et Mgr Fortunato Frezza, sous-secrétaire du Synode des évêques. Nous avons publié hier la traduction intégrale de l’intervention de Mgr Eterovic (cf. Zenit du 25 juin 2012). Voici celle de Mgr Ferezza.

Intervention de Mgr Fortunato Frezza :

Le 11 octobre de l’année 2011, le Saint-Père Benoît XVI a publié la Lettre apostolique sous forme de Motu Proprio intitulée Porta fidei, proclamant l’Année de la foi qui commencera un an plus tard exactement, le 11 octobre 2012, au cours de la XIIIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur le thème : « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ».

A la lumière de la commémoration des événements ecclésiaux particuliers du 50e anniversaire du Concile Vatican II et du 20e anniversaire de la publication du Catéchisme de l’Eglise catholique, et en raison de la coïncidence avec la célébration du synode, le texte pontifical constitue, pour celui qui veut percevoir l’esprit qui l’anime, une référence directe avec ses connotations bibliques, théologiques, spirituelles, et pastorales.

Le thème commun au synode et au Motu proprio se trouve dans leurs titres : il s’agit de la foi, qui les lie si fortement que l’on peut considérer le document du Souverain Pontife comme une leçon magistrale sur le synode.

La « Porte de la foi » : la formule a une double signification, selon que l’on considère la foi comme un moyen ou comme un terme. La foi, comme moyen, est une porte qui conduit à Dieu ; la foi, comme terme, présuppose la porte qui conduit à la foi elle-même. Et les premiers mots du Motu proprio illustrent parfaitement ce double sens : « La ‘porte de la foi’ qui introduit à la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée dans son Eglise est toujours ouverte pour nous. Il est possible de franchir ce seuil quand la Parole de Dieu est annoncée et que le cœur se laisse modeler par la grâce qui transforme » (Porta fidei, 1). La communion avec Dieu et la Parole de Dieu sont les indicateurs de cette double signification : la foi introduit dans la communion avec Dieu, la Parole de Dieu introduit à la foi.

Ce point de connexion entre le Synode et le Motu proprio détermine ensuite d’autres correspondances, comme les anniversaires du Concile Vatican II et du Catéchisme de l’Eglise catholique, actes de la vie de l’Eglise qui ont donné à la foi une lumière et une force déterminées et déterminantes.

Si la foi est la porte qui ouvre sur Dieu, la Parole de Dieu est la porte qui ouvre sur la foi. L’annonce de l’Evangile n’est pas seulement une entrée ponctuelle dans la foi, mais c’est aussi un canal de transmission permanent à travers les temps, dans la communauté des enfants des hommes qu’est la famille, ou la civitas, et dans la communauté des enfants de Dieu, qu’est l’Eglise.

« Ainsi la foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ » (Rm 10, 17). Ce sont les paroles de Paul, qui sont à l’origine du thème synodal et aussi des actes préparatoires au travail de l’assemblée, dont l’Instrumentum Laboris, présenté publiquement en ce jour, représente l’aboutissement.

La foi, qui est le terme de l’activité d’évangélisation, ne fera pas seulement l’objet d’une réflexion synodale limitée à une durée de trois semaines, parce que l’Année de la foi engagera l’Eglise universelle, à long terme, par une implication plus intense dans sa méditation sur la foi et par une évolution dans ses pratiques pastorales ; ces actions pastorales se réalisent dans un monde « connecté », mais aussi « mondialisé », c’est-à-dire étendu dans un espace qui risque de devenir anonyme, et qui reflète l’aspiration irrépressible de la personne et des communautés humaines à une connexion avec le transcendant.

On accède à cette foi par l’Evangile et, si le monde aujourd’hui déploie, amplement et intensément, une immense quantité de messages et de comportements – qui, par ailleurs, se succèdent avec une rapidité telle qu’ils risquent souvent de se neutraliser, il semble que la culture de la nouveauté soit le code interprétatif de notre univers mondialisé. Par conséquent, pour soustraire la foi au risque de la décadence causée jour après jour par le tourbillon autodestructeur de la novitas, il ne reste qu’à confirmer la permanence quotidienne de l’Evangile et à affirmer que l’annonce de la Bonne Nouvelle a cette capacité de se renouveler dans son langage, ses formes, ses adaptations, de sorte qu’elle peut raviver la conscience même que nous avons de la stabilité et de la grâce de l’Evangile. 

La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne est le programme de vie de l’Eglise dans son interprétation de la mission originelle des disciples du Seigneur, envoyés précisément vers cette forme de continuité avec la Parole du Maître, qui ne doit jamais manquer, dans la contemporanéité de l’Eglise avec les différentes époques. Actuellement, la nouveauté de l’évangélisation pourrait consister, entre autres, dans un effort pour suggérer à l’homme d’aujourd’hui, avec son langage, la réponse vitale du culte des choses non éphémères, qui durent, et dont parlent même les historiens laïcs. La crise actuelle de l’économie mondiale ne semble pas exclure, au fond, cette recherche de la stabilité, de l’honnêteté, c’est-à-dire de la vérité au visage pérenne.

Pendant le Grand Jubilé de l’année 2000, le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi écrivait : « La nouvelle évangélisation doit se soumettre au mystère du grain de sénevé, et ne doit pas prétendre produire tout de suite un grand arbre. […] Certes, nous devons utiliser de manière raisonnable les méthodes modernes pour nous faire entendre - mieux:  pour rendre la voix du Seigneur accessible et compréhensible... Nous ne cherchons pas seulement l'écoute pour nous - nous ne voulons pas augmenter le pouvoir et l'extension de nos institutions, mais nous voulons nous mettre au service du bien des personnes et de l'humanité en faisant place à Celui qui est la Vie. Cette expropriation de soi-même, en l'offrant au Christ pour le salut des hommes, est la condition fondamentale d'un authentique engagement pour l'Evangile » (J. Ratzinger, La nouvelle évangélisation, Jubilé des catéchistes, 10 décembre 2000).

Le secret de la nouvelle évangélisation réside justement dans son objet, c’est-à-dire l’annonce de Jésus-Christ qui « est le même hier, aujourd’hui et dans les siècles » (He 13, 8). Il y a une christologie de l’évangélisation qui est l’âme de l’annonce et en soutient le dynamisme en tout temps, stimulant le disciple d’aujourd’hui à se faire tout à tous (cf. 1 Co 9, 22), à savoir se dépenser (cf. 2 Co 12, 15), à interpréter les nouveautés, à adopter des méthodes nouvelles, avec une ardeur et un enthousiasme nouveaux. Un jour, Pierre a dit à Jésus : « A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 69). Certaines traductions ajoutent « seul »: « Toi seul as l es paroles de la vie éternelle », ce qui, paradoxalement, finit par affaiblir l’expression de la foi dans l’unicité du Christ, qui s’affirme justement dans le contraste entre le « à qui », c’est-à-dire tous les autres, et le « Toi » qui s’identifie avec les Paroles de vie éternelle qu’il possède. Jésus de Nazareth est l’évangélisateur (cf. Mc 1, 14), bien plus, il est l’Evangile de Dieu pour l’humanité (cf. Jn 1, 14) qui disait de lui-même : « Je suis le pain, je suis la lumière, je suis la porte, je suis le pasteur » (cf. Jn 6, 35 ; 8, 12 ; 10, 7.9 et 11), et qui demandait avec autorité à ses disciples : « Mais pour vous, qui suis-je ? » (Mc 8, 29), leur enseignant par là que la réponse de la foi est celle qui découle de l’annonce du « Je suis ». Dire cela à l’homme d’aujourd’hui suppose une référence constante à la personne du Christ de Dieu (cf. Mt 16, 16), implique de rechercher ensuite la meilleure manière de connaître l’homme contemporain dans son identité et dans ses attentes, dans son langage et dans ses instruments de connaissance.

L’instrument que l’Eglise a aujourd’hui entre les mains, pour qu’à travers elle l’Evangile devienne effectivement la porte de la foi dans le monde actuel, est la doctrine du Concile Vatican II et du Catéchisme de l’Eglise catholique, qui semble être le traité de théologie catholique le plus autorisé depuis le Concile. L’heureuse coïncidence des deux anniversaires annoncés par Benoît XVI dans le Motu proprio permet de recueillir la portée réelle de ces deux corpus doctrinaux.

Dans le document Porta fidei, le Saint-Père adopte seulement deux fois le terme de « nouvelle évangélisation », alors qu’il insiste de manière diffuse sur la foi comme devoir et comme grâce : « Et j’ai précisément convoqué l’Assemblée générale du Synode des évêques, au mois d’octobre 2012, sur le thème de « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Ce sera une occasion propice pour introduire la structure ecclésiale tout entière à un temps de réflexion particulière et de redécouverte de la foi » (n. 4). « Par son amour, Jésus-Christ attire à lui les hommes de toutes générations : en tous temps il convoque l’Église lui confiant l’annonce de l’Évangile, avec un mandat qui est toujours nouveau. C’est pourquoi aujourd’hui aussi un engagement ecclésial plus convaincu en faveur d’une nouvelle évangélisation pour redécouvrir la joie de croire et retrouver l’enthousiasme de communiquer la foi est nécessaire » (n. 7).

On peut considérer que les deux livres pour l’aujourd’hui de la foi, le Concile Vatican II et le Catéchisme de l’Eglise catholique, doivent être accueillis comme les deux tables pour l’annonce de l’Evangile dans le monde contemporain, tandis que la mise en œuvre et l’esprit du document Porta Fidei présentent une méthodologie efficace à la veille des travaux synodaux, dont on attend qu’ils permettent de faire un pas en avant dans la transmission de la foi à l’homme d’aujourd’hui.