Isabelle Cousturié
ROME, mardi 17 avril 2012 (ZENIT.org) – Plus de 300 directeurs de la communication, porte-paroles et journalistes provenant de 44 pays participent jusqu’à mercredi à la 8ème édition du Séminaire professionnel sur les bureaux de communication de l’Eglise organisé par l’université pontificale de la Sainte-Croix.
L’Eglise vit aujourd’hui une sorte de période « d’apprentissage » dans un monde où il est demandé le respect d’autres vérités et de toute façon pour la vérité des autres. Elle doit donc apprendre de mieux en mieux à pratiquer un « dialogue sans ambigüité et respectueux des parties concernées », a déclaré le président du Conseil pontifical pour les communications sociales, Mgr Claudio Maria Celli, en saluant lundi les participants. Ce dialogue, a-t-il ajouté, peut en effet « ouvrir de nouvelles portes à la transmission de la foi ».
Et, dans ce « supermarché des choix » propre à la culture de notre ère, a-t-il conclu, il est possible, comme l’enseigne le pape Benoît XVI, de transmettre une annonce fidèle, intègre et parfois soufferte, dans la conscience que « nous ne proposons pas un produit commercial mais sommes les témoins d’une Personne, le Christ, dans le monde d’aujourd’hui ».
Pour « surmonter avec succès la plupart des obstacles dus au désintérêt, aux fermetures idéologiques, préjugés, stéréotypes ou simplifications », les institutions et organisations de l’Eglise doivent apprendre à pratiquer une « communication non seulement vraie mais efficace », a déclaré pour sa part le prof. Armando Fumagalli, de l’Université catholique du Sacré-Cœur de Milan en inaugurant les travaux du séminaire par uen intervention sur le thème : « Entre réalité et récit : une réflexion pour les bureaux de communication de l’Eglise ».
Dans un monde où la communication professionnelle connaît des « techniques toujours plus sophistiquées et attrayantes qui tendent à miser sur l’émotion, l’empathie, le choix de mots fortement connotés, l’invention d’images », a-t-il expliqué, les institutions de l’Église a souvent reposé « une confiance totale en la capacité de la raison à parvenir toute seule à s’ouvrir aux contenus de la communication », mais souvent « les conditions idéales ne correspondent aux situations réelles ».
Une des propositions par le professeur est d’avoir recours au « storytelling » (raconter une histoire) en le transformant professionnellement de manière à ce que « les récits déclenchent des émotions, la reconnaissance d’analogies avec les vies des auditeurs, empathie ».
Evidemment, a-t-il précis, « communiquer en se servant des histoires ne signifie pas transformer la vérité en mensonge, ou embellir dans le sens de manipuler la vérité, mais signifie « réussir à surmonter, dans beaucoup de cas, les barrières du désintérêt, de la froideur, du préjugé ».
Ainsi, pour nous ouvrir à la liberté, a-t-il conclu, « nous avons besoin que l’émotion, l’empathie, suscite de l’intérêt pour la vérité même ».
Autres conseils donnés aux professionnels de la communication dans l’Eglise : « Mettre à disposition du public de bons témoignages en utilisant les réseaux de l’audiovisuel. »
Le prof. Jorge Milán, de l’université pontificale de la Sainte-Croix, est intervenu sur le thème : « L’Eglise sur les écrans : offrir des visages et des témoignages » : il a fourni aux directeurs de la communication des indications sur la manière de mieux capter l’attention du public.
« Il faut d’abord avoir conscience que l’on ne travaille pas avec des personnages mais avec des personnes réelles », a-t-il dit, et croire, même si cela peut paraître parfois périlleux, en « leur esprit créatif, leur spontanéité, liberté et droit à se mettre au premier rang et représenter l’Eglise, au risque même de se tromper ».
Le directeur de la communication, a-t-il ajouté, a pour mission de « découvrir des talents de les préparer et de les lancer dans la mêlée ». Un objectif qui, reconnaît-il, demande beaucoup de temps et confiance en ses proches collaborateurs.
« Chercher des témoignages et des visages à proposer, étudier le langage de l’audiovisuel, conceptualiser exemples et idées », sont quelques unes des tâches essentielles pour atteindre cet objectif, a ajouté le prof. Milàn, mais aussi « instruire les personnes et promouvoir des activités de communication dans les paroisses ou les écoles ».
En lien avec le thème principal du séminaire, la première « étude de cas » s’est occupé de la communication dans l’action humanitaire de l’Eglise, illustrant des campagnes comme « Where God Weeps » (« Là où Dieu pleure »), un programme hebdomadaire de l’œuvre internationale Aide à l’Eglise en détresse (AED) consacré aux régions où l’Eglise souffre le plus de persécutions, avec Mark Riedemann; ou « Chiedilo a loro » – « Demandez-leur » -, organisé par le service pour la promotion du soutien économique à l’Eglise catholique italienne (8×1000), avec Marco Calabresi et don Domenico Pompili.