Propos recueillis par Salvatore Cernuzio
Traduction d’Hélène Ginabat
ROME, vendredi 6 avril 2012 (ZENIT.org) – Les stations du Chemin de Croix du Christ « parlent de moments véritables, bien réels dans les familles » expliquent Danilo et Annamaria Zanzucchi.
C’est à ce couple italien que le Saint-Siège a confié la charge de rédiger les textes des méditations qui, cette année, illustrent les stations du traditionnel Chemin de Croix du Colisée.
Les époux Zanzucchi, originaires de Parme, ont cinq enfants. Ils ont été consulteurs du Conseil pontifical pour la famille, et ont fondé le mouvement « Familles Nouvelles » au sein du Mouvement des Focolari. Ils confient aux lecteurs de Zenit ce qu’a signifié pour eux la préparation de ces méditations, ancrées dans leur longue expérience.
Zenit – Danilo et Annamaria, comment avez-vous accueilli demande du Saint-Père ?
Danilo et Annamaria Zanzucchi – Nous avons appris que nous avions été choisis par le pape Benoît XVI pour rédiger les méditations du Vendredi Saint avec étonnement, émotion et, pour ne pas vous le cacher, avec crainte et appréhension.
Mais aussi avec une très grande joie : il nous semble que le fait que le pape ait appelé une famille à exposer la pensée de l’Eglise pour les textes du Chemin de Croix met en évidence que la famille, au sein même de l’Eglise, n’est pas seulement objet d’évangélisation mais aussi une véritable « voie » proposée par celle-ci pour vivre et porter l’évangile, la réalisation de ce que Jean-Paul II a écrit dans la Lettre aux familles en 1984.
En effet, la famille est au cœur de vos méditations. Comment avez-vous fait pour l’insérer dans le Chemin de Croix ?
Danilo – Nous avons cherché à voir la correspondance qui existe entre le Chemin de Croix et la vie de famille. Dans notre vie de couple, mais aussi dans l’expérience du mouvement Familles Nouvelles, nous avons eu l’occasion de connaître et, d’une certaine manière, de participer aux souffrances de nombreuses familles et de voir comment, dans chacune de ces épreuves, il y a un reflet du Chemin de Croix de la famille.
La douleur d’une famille est toujours un mystère en effet, parce qu’elle atteint la personne, et même les deux époux ensemble ou leurs enfants, quand il y en a. C’est une douleur communautaire qui a aussi des répercussions dans la société.
Annamaria – La conviction que nous nous sommes forgée, petit à petit, c’est donc que le Chemin de Croix est très lié à la vie humaine et à celle de la famille, en particulier dans les moments douloureux que traverse celle-ci.
Par exemple, la station du Cyrénéen : se pencher sur la douleur d’un parent, faire tout son possible pour la soulager… Ou bien la rencontre de Jésus avec sa Mère, la coparticipation… Ce sont des épisodes qui parlent de moments véritables, bien réels dans les familles.
Le Chemin de Croix est une réalité vivante. En approfondissant cette tradition de l’Eglise, nous l’avons accueillie comme une réalité qui, nous fait goûter non seulement la vie de Jésus mais, en lui, la vie humaine dans tant de ses passages, dans toutes ses douleurs.
Qu’est-ce que le mouvement des « Familles Nouvelles », et quelle est son action ?
Familles Nouvelles est une branche du mouvement des Focolari, fondé par Chiara Lubich en 1967. C’est un mouvement de familles au service de la famille, pour en développer les potentialités dans un contexte comme celui d’aujourd’hui qui semble méconnaître son rôle.
Ce sont des familles qui ont découvert, dans l’amour évangélique, la source et l’inspiration pour un engagement nouveau et plus fort dans la vie de couple, dans l’éducation des enfants, dans un dialogue constructif avec d’autres familles, suivant des lignes-guides dans la spiritualité de l’unité.
Avec des initiatives familiales et communautaires dans les cinq continents, le mouvement propose des parcours de formation pour les couples et les personnes en fonction des différentes phases et des âges de la vie familiale et, à travers l’association AFN (Action pour les Familles Nouvelles), il soutient 102 projets de coopération au développement dans 54 pays, dans lesquels ils sont progressivement insérés jusqu’à leur autonomie, ainsi que 18.000 enfants et leurs familles.
Quels sont les questions les plus urgentes pour la famille aujourd’hui ?
Nous pourrions en citer au moins deux : avant tout, la présence de pressions idéologiques qui, en voulant placer toute forme de vie en commun sur le même plan que la famille, risquent de vider la famille naturelle de sa signification profonde et de ses devoirs spécifiques.
Le second est le peu d’attention que portent à la famille les organes politiques et législatifs, en ces temps de difficultés économiques et sociales. En ce sens, l’importance accordée par le pape à la famille, à travers la charge qu’il nous a confiée, est un signe notable de la valeur que lui reconnaît l’Eglise.
Peut-on dire qu’il y a une espérance pour les familles, et notamment pour les familles nombreuses ?
Nous sommes convaincus que le manque de reconnaissance et d’attention à l’égard de la famille est une phase de transition. On perçoit déjà les effets négatifs du niveau des naissances quasiment réduit à zéro. C’est pourquoi nous croyons qu’émergera bientôt une nouvelle conscience de la valeur de la procréation, y compris pour le bien commun. Nous verrons donc venir un nouveau soutien pour ces familles qui se disposent généreusement à donner un avenir à notre société.
Dans cette phase de « transition » , comment soutenir le désir de maternité et de paternité chez les couples plus jeunes ?
En témoignant et en faisant prendre conscience de la joie que donnent la maternité et la paternité. Comme membres de Familles Nouvelles, nous voyons beaucoup de jeunes couples qui sont d’abord surpris mais qui, ensuite, veulent vivre eux-mêmes ce don. C’est pour cela que nous organisons des sessions de formation pour les jeunes couples désireux de se confronter et de s’aider mutuellement dans l’expérience éducative qu’ils ont avec leurs enfants.
Comment la foi peut-elle aider à fortifier le mariage face aux attaques et aux critiques ?
Comme familles, en particulier, c’est de notre foi que nous tirons la motivation pour nous associer et agir. C’est pourquoi, depuis 1992, nous contribuons à l’action du Forum des associations familiales présentes en Italie, en Espagne et dans d’autres nations européennes. Mais ce qui est important surtout, c’est l’action que nous cherchons aussi à mener auprès des institutions locales, afin que la famille soit reconnue et aidée à remplir sa fonction de « cellule sociale de base ». Elle est le lieu qui fournit à la société ses ressources humaines et qui, à travers le témoignage de la gratuité sur laquelle se fondent les rapports familiaux, constitue aussi un modèle de vie pour la société tout entière.