ROME, jeudi 5 avril 2012 (ZENIT.org) – « Si nous nous demandons en quoi consiste l’élément le plus caractéristique de la figure de Jésus dans les Évangiles, nous devons dire : c’est son rapport avec Dieu », explique Benoît XVI qui évoque la bonté du Père qui appelle la confiance et l’agenouillement, l’obéissance, dans laquelle s’épanouit la liberté humaine.
Benoît XVI s’est en effet rendu ce Jeudi Saint, à 17 h 30 à sa cathédrale, la basilique de Saint-Jean-du-Latran, pour présider la messe de la Cène du Seigneur qui ouvre le Triduum pascal. Au cours de la liturgie, il a accompli le rite du lavement des pieds à douze prêtres, en signe de vocation du disciple du Christ à servir ses frères.
« La nuit obscure du Mont des Oliviers vers lequel Jésus sort avec ses disciples, fait aussi partie du Jeudi Saint ; en font partie la solitude et l’abandon de Jésus, qui, en priant, va vers la nuit de la mort ; en font partie la trahison de Juda et l’arrestation de Jésus, ainsi que le reniement de Pierre ; l’accusation devant le Sanhédrin et la remise aux païens, à Pilate. Cherchons en cette heure à comprendre plus profondément quelque chose de ces événements, car en eux se déroule le mystère de notre Rédemption » : Benoît XVI annonce ainsi le contenu de son homélie pour le Grand Jeudi.
Puis il a fait remarquer l’attitude du Christ dans son Agonie à Gethsémani : « Si nous nous demandons en quoi consiste l’élément le plus caractéristique de la figure de Jésus dans les Évangiles, nous devons dire : c’est son rapport avec Dieu. Il est toujours en communion avec Dieu. Le fait d’être avec le Père est le cœur de sa personnalité ».
Voilà donc comment le baptisé peut être configuré au Christ : « Par le Christ, nous connaissons vraiment Dieu. « Dieu, personne ne l’a jamais vu », dit saint Jean. Celui « qui est dans le sein du Père … l’a révélé » (1, 18). Maintenant, nous connaissons Dieu tel qu’il est vraiment. Il est Père, et cela, dans une bonté absolue à laquelle nous pouvons nous confier ».
Plus encore le pape souligne la révélation du Père comme bonté et insiste sur la confiance en cetet bonté : « L’évangéliste Marc, qui a conservé les souvenirs de saint Pierre, nous raconte qu’à l’appellation « Abba », Jésus a encore ajouté : Tout est possible pour toi. Toi tu peux tout (cf. 14, 36). Celui qui est la Bonté, est en même temps pouvoir, il est tout-puissant. Le pouvoir est bonté et la bonté est pouvoir. De la prière de Jésus sur le Mont des Oliviers, nous pouvons apprendre cette confiance. »
Et à un Père bon non seulement va la confiance mais l’obéissance : « Matthieu et Marc nous disent qu’il « tomba la face contre terre » , adoptant ainsi l’attitude d’une soumission totale ; ce qui a été conservé dans la liturgie romaine du Vendredi Saint. Luc, au contraire, nous dit que Jésus priait à genoux ».
A chaque fois qu’un baptisé s’agenouille, c’est l’agenouillement du Christ qui est rappelé : « Dans les Actes des Apôtres, il parle de la prière à genoux des saints : Etienne durant sa lapidation, Pierre dans le contexte de la résurrection d’un mort, Paul sur la route vers le martyre. Luc a ainsi relaté une petite histoire de la prière à genoux dans l’Église naissante. Les chrétiens, par leur agenouillement, entrent dans la prière de Jésus sur le Mont des Oliviers ».
C’est leur façon de vaincre le mal, fait observer en substance le pape : « Devant la menace du pouvoir du mal, eux, parce qu’ils sont agenouillés, sont droits devant le monde, mais ils sont à genoux devant le Père parce qu’ils sont fils. Devant la gloire de Dieu, nous chrétiens nous nous mettons à genoux et nous reconnaissons sa divinité, mais nous exprimons aussi dans ce geste notre confiance qu’il triomphe ».
Jésus, explique-t-il, « étend son regard sur les nuits du mal. Il voit l’insalubre marée de tout le mensonge et de toute l’infamie, qui vient à sa rencontre dans cette coupe qu’il doit boire », et son bouleversement est « le bouleversement de Celui qui est totalement Pur et Saint face au flot du mal de ce monde, qui se déverse sur Lui ».
A propos de la prière de Jésus au Mont des Oliviers, le pape explique que « la volonté naturelle de l’Homme-Jésus effrayée face à une chose si énorme recule », mais « en tant que Fils, il dépose cette volonté humaine dans la volonté du Père : non pas moi, mais toi » et « par cela, Il a transformé le comportement d’Adam, le péché primordial de l’homme, guérissant ainsi l’homme ».
Le péché d’Adam est effacé par l’obéissance du Christ qui indique le chemin de la liberté humaine: « L’attitude d’Adam avait été : Non pas ce que tu veux toi, Dieu ; moi-même je veux être dieu. Cet orgueil est la vraie essence du péché. Nous pensons être libres et vraiment nous-mêmes, seulement quand nous suivons exclusivement notre volonté. Dieu apparaît comme le contraire de notre liberté. Nous devons nous libérer de Lui, – c’est notre pensée – alors seulement nous serons libres. C’est cette rébellion fondamentale qui traverse l’histoire et le mensonge profond qui dénature notre vie ».
L’union à Dieu est le remède à la désobéissance qui traverse l’histoire : « Quand l’homme s’érige contre Dieu, il s’érige contre sa propre vérité et par conséquent, il ne devient pas libre, mais aliéné par lui-même. Nous sommes libres seulement quand nous sommes dans notre vérité, quand nous sommes unis à Dieu. Alors, nous devenons vraiment « comme Dieu » – non pas en nous opposant à Dieu, non pas en nous débarrassant de Lui ou en Le reniant. Dans la lutte durant sa prière au Mont des Oliviers, Jésus a dénoué la fausse contradiction entre l’obéissance et la liberté, et il a ouvert le chemin vers la liberté ».
« Demandons au Seigneur de nous introduire dans ce « oui » à la volonté de Dieu et de nous rendre ainsi vraiment libres », conclut le pape.