ROME, dimanche 18 décembre 2011 (ZENIT.org) – La prison de Rebibbia, a été aujourd’hui le théâtre d’une rencontre historique entre 300 détenus et le pape Benoît XVI. Une rencontre intense, où le pape a répondu à des questions de détenus et s’est dit « ému de l’amitié » qu’il percevait parmi eux.
La rencontre s’est passée ce dimanche matin 18 décembre 2011, en l’église de la prison, où les prisonniers ont réservé à Benoît XVI un accueil enthousiaste, appuyé par des avalanches de standing ovations.
Benoît XVI est arrivé en voiture à 10h ce matin, et a été accueilli dès son arrivée par Mme Paola Severino, ministre de la justice italienne.
Devant l’église du Notre Père, le pape s’est retourné pour saluer le personnel administratif, les journalistes et la haie de gardes pénitenciers en grand uniforme qui l’attendaient.
Le pape a ensuite franchi les larges marches d’escalier qui conduisaient à l’église. Lorsqu’il est entré, les 300 détenus qui l’attendaient sur les bancs se sont levés pour la première standing ovation. C’était à qui parviendrait à serrer la main de Benoît XVI. De nombreux détenus lui baisaient les mains avec ferveur, respectueusement. Certains le tiraient même à eux avec enthousiasme. Les applaudissements ne s’arrêtaient plus. L’émotion était palpable.
Benoît XVI est allé s’asseoir sur un fauteuil blanc installé devant l’autel. Les détenus l’ont à nouveau longuement applaudi jusqu’à ce qu’on les invite à s’asseoir.
La cérémonie a été d’abord introduite par la ministre de la justice, qui s’est dite « profondément touchée » de cette visite du pape qui est un « motif de réflexion renouvelée sur la situation carcérale » et sur « les conditions de vie des détenus ».
La ministre s’est dite également « consciente des terribles conditions des personnes incarcérées », dans un « monde de souffrance, solitude, humiliation, qu’on ne doit pas oublier. »
Le père Pier Sandro Spriano, aumônier de la prison depuis 21 ans, s’est à son tour adressé au pape. Il s’exprimait en communion avec les détenus, utilisant le « nous » en leur nom. Une nouvelle standing ovation a fait suite à ses paroles conclues par un vibrant : « Nous vous aimons ».
Le pape a ensuite parlé aux détenus, exprimant « la proximité de l’Eglise » pour eux (cf. documents de Zenit pour le texte intégral). Le public était extrêmement calme et attentif, on n’entendait pas un bruit dans la chapelle.
A la fin du discours, l’assemblée, sans se lasser, s’est à nouveau levée pour applaudir. Sept prisonniers se sont succédé pour poser des questions au pape, qui y a répondu spontanément, sans lire de texte.
Le premier prisonnier, Rocco, visiblement impressionné, a remercié le pape au nom de tous. « Je suis ému de cette amitié, que je sens chez vous tous », a répondu le pape, affirmant qu’il pensait « souvent » à eux.
Le deuxième, Omar, de type africain, voulait demander au pape « un million de choses » mais l’émotion lui a fait tout oublier, sinon sa reconnaissance. Omar a terminé en lançant au pape un « je t’aime ! » d’une voix chargée d’émotion. « Moi aussi je t’aime » a répondu le pape tout aussi naturellement.
Alberto, le troisième, a demandé au pape de pouvoir rentrer dans sa famille pour voir sa fille Gaia, bébé d’un mois, affirmant les yeux brillants : « Je suis maintenant un homme nouveau ». Il a montré au pape la photo de sa famille, avec une simplicité déroutante. Le pape l’a alors « félicité », l’assurant de ses prières pour qu’il puisse un jour être avec sa famille et « construire l’avenir de l’Italie ».
D’une voix marquée par la souffrance, le quatrième, Feligo, s’est exprimé au nom des malades et des séropositifs, demandant au pape de « porter leur voix là où on l’entend pas ». « On parle trop peu de nous, a-t-il ajouté, ou bien de façon féroce ». Dans son émotion, Feligo a même quitté le micro sans aller saluer le pape, mais est revenu aussitôt sur ses pas. « Nous devons supporter qu’on parle de nous de façon féroce » a répondu Benoît XVI avec un brin d’humour : « certains parlent même du pape de façon féroce », mais il faut « aller de l’avant ».
Gianni, le cinquième, n’a pas baisé les mains du pape comme les précédents, mais l’a embrassé spontanément sur les deux joues, avec effusion !
Le sixième, africain, Nwaihim a rappelé au pape son voyage au Bénin : « Vous avez vu la foi de cette nation » mais aussi « sa souffrance ». Benoît XVI a fait remarquer qu’en Afrique il y a « plus de joie et d’allégresse » que dans les pays riches où les gens sont « tous préoccupés ». A la fin de la réponse de Benoît XVI, de grosses larmes coulaient sur le visage de Nwaihim.
Le septième, Stefano, a lu une « prière de derrière les barreaux » sur des accords de harpe. De retour à sa place, sous les applaudissements enthousiastes de ses voisins, il a été embrassé chaleureusement par Nwaihim.
Les détenus et le pape ont prié ensemble le Notre Père avant la bénédiction papale.
Sur fond de chant, environ 25 personnes se sont avancées vers le pape pour le saluer et lui offrir des présents : un tableau représentant les barreaux de la prison entre lesquels se glisse la colombe de l’Eglise, de l’huile d’olive, et même un strudel, en hommage aux origines du pape, tous confectionnés par les prisonniers.
Lorsque le pape a voulu quitter l’église, tous se sont levés pour applaudir à nouveau. Tout le long de l’allée, le pape a été arrêté par les centaines de mains qui se tendaient vers lui. Il donnait sa main, saluait, souriait, écoutait quelques mots, repartait, dans une disponibilité totale. Des femmes pleuraient d’émotion sur son passage.
Tandis que Benoît XVI allait bénir un arbre planté en mémoire de sa visite, les prisonniers sortaient de l’église, dans le calme et la sérénité. Certains sortaient leurs cigarettes avec un grand sourire aux lèvres. La joie venait transfigurer leurs visages marqués par les épreuves.
Lorsque Benoît XVI est ressorti, à 11h20, tous les détenus l’attendaient dehors pour un dernier salut, contenus par le dispositif de sécurité. Le pape leur a adressé un ultime salut : « Joyeux Noël ! » au micro dans la cour, sous les ovations, et les hourrahs qui ne discontinuaient pas, avant de rentrer dans sa Mercedes noire.
Anne Kurian
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Dec 18, 2011 00:00