ROME, mercredi 14 décembre 2011 (ZENIT.org) – « L’annonce de la foi trouve son efficacité non pas tant chez les maîtres qui l’expliquent du haut de leur chaire, que chez les témoins qui la vivent dans les circonstances concrètes de la vie », fait observer le cardinal Vallini, qui souligne pour cela l’importance de l’exemple des saints.
Comme c’est la tradition depuis Henri IV, le cardinal vicaire du pape pour Rome, Agostino Vallini, a présidé, le 13 décembre, nela fête de sainte Lucie, au Latran, une messe pour la France - “pro natione Gallica” -, en présence de l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, M. Stanislas de Laboulaye.
A l’issue de la célébration l’ambassadeur a salué le cardinal Vallini. Parmi les invités les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège et les membres de la Communauté française de Rome.
Homélie pour la Nation française
Basilique Saint-Jean-de-Latran, 13 décembre 2011
Monsieur l’Ambasssadeur,
Chers frères et sœurs,
Conformément à une heureuse tradition, cette année encore nous voici réunis dans la Cathédrale de Rome, famille de Dieu venue implorer de lui l’abondance de ses dons pour la chère Nation française, fille aînée de l’Église.
Cette célébration nous aide à nous préparer à célébrer dans la foi le grand mystère de l’incarnation du Fils de Dieu.
La parole de Dieu qui vient d’être proclamée est comme une lampe qui brûle, qui éclaire notre chemin et nous encourage à persévérer dans le témoignage de la foi, soutenus par l’intercession de la vierge martyre Lucie, dont l’Église universelle célèbre aujourd’hui la mémoire liturgique.
Le prophète Sophonie reçoit du Seigneur sa vocation en un temps de grave et profonde crise religieuse. Le peuple d’Israël a abandonné la foi en Dieu, il a perdu le chemin du bien et de la justice. Dans ce contexte, le Seigneur, par la bouche du prophète, annonce qu’il laissera comme « un peuple humble et pauvre », un petit reste, qui ne commettra plus l’iniquité, qui ne proférera aucun mensonge.
L’expérience historique d’Israël, nous pouvons bien le dire, se répète aujourd’hui dans notre Europe, laquelle, apparemment sans regret, abandonne la foi chrétienne. Mais en France, comme dans les autres nations, l’Église est toujours présente, petit troupeau qui ne cesse de s’efforcer d’annoncer l’Évangile, de témoigner de la charité et de se laisser éclairer par la Vérité.
Dans cette tâche – comme nous le rappelle le Psaume – les disciples de Jésus, conscients de leur pauvreté, se tournent avec foi vers le Seigneur, certains d’être écoutés et d’être sauvés des épreuves qu’ils doivent affronter.
Chers frères, même si les chrétiens qui vivent et professent la foi évangélique ne forment plus la majorité, nous ne devons pas avoir peur, car, comme l’a rappelé le Saint-Père, nous sommes convaincus qu’« en général, ce sont les minorités actives qui déterminent l’avenir, et, en ce sens, l’Église catholique doit se sentir comme une minorité active qui possède un héritage de valeurs qui ne sont pas des choses du passé, mais une réalité tout à fait vivante et pertinente ».
Oui, la foi en Jésus Christ est encore aujourd’hui la réponse la plus convaincante aux interrogations présentes dans le cœur de l’homme, et de même que des siècles durant elle a modelé la vie et la culture de la société européenne, de même aujourd’hui encore elle peut offrir une contribution indispensable, en montrant le chemin pour sortir de la situation actuelle de crise, non seulement économique, mais morale.
S’engager dans le champ de l’évangélisation, à commencer par les lieux où sont éduquées les nouvelles générations, où s’élabore la culture et où se communiquent les informations, telles sont les vignes dans lesquelles le Seigneur demande à ses disciples d’aller travailler.
Accueillons l’appel qu’il nous adresse ce soir, dans son désir de donner aux hommes de notre temps, par la médiation de nos personnes, la lumière de la vérité et de l’amour.
L’Évangile, pourtant, nous avertit : il ne suffit pas de répondre seulement par des mots en disant notre oui, il est nécessaire que la réponse se traduise par une vie qui lui soit en harmonie. En effet, l’annonce de la foi trouve son efficacité non pas tant chez les maîtres qui l’expliquent du haut de leur chaire, que chez les témoins qui la vivent dans les circonstances concrètes de la vie.
C’est pour cette raison que l’Église nous exhorte à regarder la vie des saints, en particulier celle des martyrs, chez qui Dieu le Père, comme le rappelle la liturgie, révèle dans des êtres faibles sa puissance, dans des êtres sans défense la force du martyre.
L’histoire de la jeune Lucie, encore ajourd’hui, est une parole qui nous rejoint pour nous secouer du peu de fidélité à nous-mêmes que nous montrons si souvent devant les difficultés. En même temps, son martyre nous rappelle combien il est important de rester en Dieu pour recevoir la force nécessaire pour lui rendre témoignage.
Comme l’a écrit le bienheureux Jean-Paul II en indiquant à l’Église la route à parcourir au début du troisième millénaire, « notre témoignage se trouverait appauvri d’une manière inacceptable si nous ne nous mettions pas d’abord nous-mêmes à contempler son visage ». C’est pour cela que le psalmiste nous exhorte à regarder le Seigneur : ce n’est qu’ainsi que notre visage deviendra rayonnant. En effet, la méditation assidue de la parole de Dieu et la grâce reçue à travers la vie sacramentelle nous transforment intérieurement, nous rendant capables de refléter la lumière divine qui émane du visage du Christ.
Chers frères et sœurs, la liturgie eucharistique de ce jour ne doit pas être une simple coutume qui se répète d’année en année, mais une forte invitation du Seigneur à nous porter encore une fois à sa suite pour être ses témoins.
Puisse la grâce de ce sacrifice eucharistique allumer en nos cœurs le feu vivant de son amour et nous pousser à vivre notre vie en cherchant toujours la gloire de Dieu et le salut de nos frères.
Agostino cardinal Vallini