ROME, mardi 6 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Face à la provocation », il convient d’« exercer son sens critique », suggère Mgr Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, dans un entretien publié dans de l’hebdomadaire « Paris Notre-Dame » du 1er décembre 2011 et dont le site du diocèse de Paris publie des extraits. Mgr de Moulins-Beaufort rappelle le rendez-vous du 8 décembre, à Notre-Dame, à l’invitation du cardinal André Vingt-Trois pour vénérer les reliques de la Passion: « Nous confesserons les bienfaits de la croix ».
P.N.-D. – Pourquoi tant d’agitation autour de spectacles parlant du Christ ? N’y a-t-il pas d’autres supports qui abordent le sujet de façon critique (bandes dessinées, musique) ?
Mgr Éric de Moulins-Beaufort – À la fin de l’été, l’information circulait sur Internet que deux spectacles programmés cet automne à Paris offensaient gravement le Christ. L’information était rédigée pour provoquer. Elle a réussi. Première leçon : réfléchissons à notre manière de recevoir une information par Internet. Qui l’émet ? Pourquoi me l’envoie-t-il ? Son information est-elle vraie ? Abordons le fond : un spectacle n’est pas un livre qu’on lit chez soi ; il a une certaine face publique. Il cherche à créer une réaction collective.
Quels différents niveaux peut-on distinguer dans la façon de traiter d’un tel sujet ? Par quel filtre doit-on s’efforcer de décrypter ces expressions artistiques ?
Des spectacles ou des mises en scène utilisent la symbolique religieuse. C’est légitime : la religion est une composante essentielle de la vie. Quand cette utilisation est provocante, tourne en dérision ce en quoi des personnes croient, la question doit être posée : pourquoi un auteur ou un metteur en scène utilise-t-il la provocation ou se permet-il la dérision ? Il n’est pas exclu que ce soit pour appâter des spectateurs. Mais peut-être ce que cette manière brutale exprime mérite-t-il d’être entendu ? Un spectacle devrait être apprécié selon son texte, la mise en scène, le talent des acteurs. Il ne faudrait pas qu’à cause de la polémique, les spectateurs se prennent pour des héros de la lutte contre l’intolérance et n’exercent plus leur sens critique. La fascination de certains artistes pour le « sale », pour une sexualité banalisée ou même violente, mériterait une analyse. Mélanger tout cela à la religion n’est pas nouveau. Faire réfléchir à la misère humaine ou à la corruption de la société est toujours nécessaire. Pourtant, d’un strict point de vue artistique, est-il vraiment audacieux de « tout » montrer ?
Faut-il réagir systématiquement face à de telles mises en scène ? Si oui, de quelle façon ?
Sûrement pas systématiquement. Que la figure du Christ attire des regards critiques, c’est un risque que le Seigneur a voulu courir. Si, nous chrétiens, considérons qu’il est bafoué, ce sentiment doit nous conduire à nous rapprocher de lui. Dans le cas présent, puisque la croix du Christ est présentée comme n’ayant pas apporté de bien, voire comme ayant provoqué des maux, notre archevêque nous invite à vénérer les reliques de la Passion, le soir du 8 décembre. Nous confesserons les bienfaits de la croix.
Quelle peut-être la juste réaction des chrétiens ?
Ayant la chance de vivre dans un État de droit, nous bénéficions des garanties que la loi accorde à tous, nous n’avons pas à réclamer davantage ni à nous résigner à moins : une société a besoin que ses membres se respectent, y compris dans leurs différences de pensée. Comme chrétiens, le plus important est que nous fassions resplendir le visage du Christ par tout notre comportement, que ceux qui le refusent aujourd’hui puissent découvrir un jour son pardon et sa vérité.
Cet article est extrait de l’hebdomadaire Paris Notre-Dame du 1er décembre 2011.