Syrie : Huit jours de jeûne et de prière au monastère de Deir Mar Musa

Pour implorer le miracle de la réconciliation

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ROME, Lundi 26 septembre 2011 (ZENIT.org) – Huit jours de jeûne, de prière et de sakina (paix de l’âme inspirée par Dieu), pour « implorer de Dieu, le Très-Haut, Père des Miséricordes, la grâce de la réconciliation » : c’est ce que propose la communauté du monastère de Deir Mar Musa al-Habashi, à tous les citoyens et citoyennes de Syrie, en la semaine du 23 au 30 septembre. En effet, six mois après le début des contestations contre le régime, la tension reste très vive sur tout le territoire.

« Nous vous appelons aussi à vous engager avec nous, spirituellement et intellectuellement, et en communiquant par internet », souligne l’appel de la communauté du monastère. Ce «combat spirituel » doit être effectué sur la base d’un choix commun pour la non-violence, « seule méthode pouvant garantir une réforme durable, sans glisser vers la guerre civile et le cercle vicieux de la vengeance ».

Cet appel fait suite à celui de Benoît XVI, à l’angélus du 7 août dernier, et relatif à la situation en Syrie : « J’invite les fidèles catholiques à prier, afin que l’effort pour la réconciliation prévale sur la division et sur la rancœur. Je renouvelle en outre aux autorités et à la population syrienne un appel pressant, afin de rétablir aussi vite que possible la coexistence pacifique et répondre de manière adéquate aux aspirations légitimes des citoyens, dans le respect de leur dignité et pour le bien de la stabilité dans la région ».

« Nous vous invitons à ces jours de jeûne, de prière et de sakina, parce que notre prise de position ne peut se concrétiser sans ascèse, sans pratique du détachement envers tout intérêt particulier qui ne s’accorderait pas avec l’intérêt général », lit-on dans le communiqué. « Ce seront des jours de rencontre et d’échange, dans le calme et le respect pour la dignité de tout individu et de ses opinions ».

« Notre pays est blessé, relève la communauté de Mar Musa,et les âmes sont pleines de ressentiment et de peur de l’autre. Chacun considère l’autre comme un danger pour sa communauté, comme un ennemi du pays, et il lui est difficile de le voir comme un être humain semblable à lui, qui a les mêmes droits et la même dignité, même s’il les a lui-même dénaturés ». Et tout cela, estime-t-elle, ne peut que conduire à une « grande disparité dans l’évaluation des événements ».

« L’extrémisme nous emporte, annulant la possibilité d’un accord national dans la sphère de la vie sociale commune. Il pousse les gens à la division, jusqu’à l’intérieur d’une même maison, d’un même monastère. Il finit plus ou moins, d’une manière ou d’une autre, par justifier en chacun d’entre nous la violence du camp auquel il croit appartenir ».

« Comment sortir de ce tourbillon meurtrier, qui déforme notre humanité à tous ? », s’interroge alors la communauté de Mar Musa. « Comment réaliser, en faveur de tous, les réformes que certains veulent d’une part, tout en conservant de l’autre, les bons côtés du passé, auxquels d’autres tiennent ? Comment le dialogue peut-il advenir, entre deux côtés qui se considèrent mutuellement comme des menteurs, des ennemis de la patrie, de l’humanité ? ».

Selon la communauté, « il existe des portes pour la réconciliation, même si elles sont l’objet de dialogue et de négociation », comme celles de « la liberté d’expression et de presse », celle du « désir de l’homme d’atteindre un niveau de conscience qui lui permette de résoudre ses conflits sans violence, à n’importe quel moment et dans la grande majorité des situations ».

C’est pourquoi, insiste la communauté, « nous refusons tout projet d’intervention armée étrangère, de même que nous refusons toute escalade terroriste interne, et que nous récusons la violence pour réprimer le mouvement pacifique de revendication démocratique ».

Le peuple syrien a besoin du soutien de la communauté internationale. Et si l’un des principes de la charte des Nations unies interdit l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain, toutefois, il semble nécessaire à la communauté,de lui associer un autre principe, celui de « la solidarité mondiale en faveur du bien de tous les peuples et de tous les individus ».

La communauté de Mar Musa invite donc à une coopération entre le gouvernement syrien,le Comité international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, ainsi que d’autres organisations humanitaires internationales non partisanes, afin d’atteindre trois buts : « Garantir le caractère pacifique des manifestations ; accompagner les journalistes pour couvrir les événements ; fournir la médiation permettant aux partis en conflit de communiquer, pour aboutir à la réconciliation et la paix ».

Le communiqué se termine par un appel à toutes les parties en cause. Il demande tout d’abord au gouvernement syrien « la sagesse et la clairvoyance nécessaires pour traverser la crise, pour l’amour de la patrie et dans un esprit de sacrifice à son service », puis à tout responsable dans les rangs de l’opposition, de choisir « l’engagement en faveur de la non-violence, à n’importe quel prix ».

Enfin, il demande à tous les citoyens syriens vivant à l’intérieur du pays ou à l’étranger, ainsi qu’à tous « les amis de la Syrie », de « comprendre et faire son devoir en ce moment difficile, loin de tout parti-pris confessionnel ou idéologique », « non au nom de l’indifférence des appartenances », précise la communauté, mais parce que « nous appartenons tous les uns aux autres ! ».

Chiara Santomiero

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ZENIT Staff

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