ROME, Mercredi 18 mai 2011 (ZENIT.org) –L’opposition des évêques catholiques des Philippines à la loi sur « la santé reproductive » a pris un tournant décisif, rapporte « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris. Un champion de boxe soutient leur mobilisation.
Hier, mardi 17 mai, alors que le Parlement philippin examinait la proposition de loi très controversée sur « la santé reproductive », l’Eglise catholique a fait connaître sa décision de donner une nouvelle ampleur à son opposition au texte soutenu par le président Benigno Aquino III.
Depuis le début du mois, des manifestations, des rassemblements de prière et des meetings rassemblant des milliers de personnes ont succédé à la neuvaine de prière lancée par les évêques catholiques lors de l’ouverture de la session parlementaire devant examiner la loi sur « la santé reproductive » (RH Bill ).
Le lundi 9 mai, pour la clôture de la neuvaine, une grande « Journée Nationale de Prière » avait mobilisé tous les diocèses de l’archipel ; les associations, les écoles et les communautés religieuses avaient manifesté côte à côte afin de démontrer que « toutes les classes de la société étaient contre ce projet de loi » (1)
Ce mardi 17 mai, la détermination était toujours aussi forte à Manille où étaient rassemblés plus d’une soixantaine de mouvements et d’associations catholiques, décidés à poursuivre et faire monter en puissance la campagne d’opposition à la RH Bill.
La loi sur la santé reproductive dont le nom a été récemment modifié pour devenir « Responsible Parenthood, Reproductive Health and Population and Development Act » est combattue par l’Eglise depuis des années, pour son projet de financement public obligatoire de tous les moyens de contraception, d’introduction de l’éducation sexuelle dans les écoles, et surtout d’autorisation de l’avortement, pour le moment toujours interdit par la constitution des Philippines.
« La mobilisation au sein de la société se poursuivra sur les places, dans les écoles et les paroisses, afin de montrer que le peuple philippin est avec nous. En outre, sur 284 parlementaires, déjà 144 se sont déclarés pro-vie et se sont prononcés en notre faveur (..) », s’est réjoui auprès de l’agence Fides, Rene Bullecer, à la tête de la section philippine de Human Life International. « Je peux affirmer que l’Eglise philippine, évêques, prêtres et fidèles, est véritablement unie sur ce front, comme au temps de la révolution pacifique de 1986 et qu’elle n’entend pas céder », a t-il ajouté.
La lutte des « combattants de la prière » comme le titrait le Daily Inquirer du 6 mai 2011, a pris en effet un tournant décisif depuis la rupture des négociations entre l’Eglise catholique et le gouvernement Aquino la semaine dernière. « Nous les évêques, sommes unis sur notre position et nous ne voyons pas actuellement de possibilités de médiation, » a déclaré à l’agence Fides, Mgr Leonardo Legaspi, archevêque de Caceres. « Le Président demeure ferme sur ses cinq points, incompatibles avec la Doctrine sociale de l’Eglise ».
Dans une Lettre pastorale lue le 15 mai dernier dans toutes les églises des Philippines, la Conférence des évêques catholiques a expliqué son retrait du dialogue avec les promoteurs de la RH Bill et son intention de poursuivre plus que jamais sa campagne de « sensibilisation des consciences ».
Avec aujourd’hui le soutien affiché de ‘Manny’ Pacquiao, champion du monde de boxe, député, et véritable star aux Philippines, l’Eglise catholique a encore franchi une nouvelle étape dans la médiatisation de sa campagne. Présent aux côtés des évêques lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Manille ce mardi 17 mai, le champion de boxe a exprimé sa ferme opposition à la loi sur la santé reproductive. Manny Pacquiao a cependant tenu à préciser qu’il ne suivrait pas l’appel à la désobéissance civile au cas où la loi serait votée, un appel lancé par de nombreux évêques philippins peu après la rupture du dialogue entre les autorités et la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP). « Si nous ne payons pas nos impôts, le gouvernement en pâtira. Donc, il faut payer nos impôts ! » a-t-il soutenu, soulignant les conséquence pour l’Etat philippin, si les catholiques, très majoritaires dans l’archipel, décidaient de ne plus payer de taxes.
De son côté, la CBCP n’a pas voulu relayer officiellement l’appel à la désobéissance civile : « S’il y a des voix appelant à la désobéissance civile, elles ne viennent pas d’une décision collective de la Conférence épiscopale », a déclaré le président de la CBCP, Mgr Nereo Odchimar.
Le prélat a cependant déclaré que même si la loi était finalement votée par le Parlement, l’Eglise continuerait à exprimer son désaccord profond sur le sujet : « Nous n’utiliserons pas ce vote comme excuse pour arrêter notre plaidoyer [en faveur d’une régulation naturelle des naissances] (…).Certaines propositions ne sont pas négociables. Nous nous devons de suivre les enseignements de l’Eglise et de soutenir [les valeurs morales] » a conclu Mgr Odchimar.
(1) Voir EDA 551
(2) Ucanews, 17 mai 2011, Fides, 17 mai 2011, site de la CBCP