ROME, Dimanche 1er mai 2011 (ZENIT.org) – Quand la liaison vidéo s’établit avec le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, au Mexique, les 7 religieuses venues de Nouveau Leon (Mexique) sont en liesse. Avec les milliers de pèlerins qui ont rejoint le Cirque Maxime, le 30 avril au soir pour une veillée en hommage à Jean-Paul II, elles donnent un témoignage touchant.
« Jean-Paul II a été un père pour nous », affirme sœur Adela della Rosa -, toujours proche des gens, uni au Christ, un témoin par toute sa vie ». Sa manière d’entrer en contact avec les gens était très touchante : « lors de sa visite à Mexico, les gens attendaient des heures dans la rue dans l’espoir de le voir, de pouvoir le toucher ».
Dès la fin de la veillée au Cirque Maxime, les sœurs comptent rejoindre immédiatement la place Saint-Pierre et attendre l’ouverture de la place à 5h30. Et s’il pleut ? « Peu importe, nous nous abriterons sous des parapluies ».
A côté, déroulant des banderoles blanches et rouges, 19 jeunes Polonais ont voyagé pendant 3 jours pour faire le trajet de Gdansk jusqu’à Rome. Ils ne ressentent aucune fatigue : au contraire, « pour nous, affirme Magda Batachowska – c’est un rêve de pouvoir être ici pour la béatification de Jean-Paul II ». Pour nous qui sommes Polonais, « il a été de manière particulière ‘notre’ pape, un père pour tous et maintenant un saint à qui se confier ». Quelles sont les paroles du pape polonais qui la touchent le plus ? « N’ayez pas peur, répond Magda avec assurance. C’est ainsi, rien de mauvais ne peut arriver à celui qui croit ».
« Nu và temeti! » : c’est aussi l’inscription que l’ont peut lire sur les t-shirts de l’Action catholique roumaine. Ils sont partis jeudi dernier de Cluj en bus, ont fait étape à Padoue, Assise, Cascia et ont été accueillis samedi à Rome dans la paroisse S. Barnaba, entre sacs de couchage et pizzas à emporter. « Le pape qui venait de l’Est – affirme Oana Tuduce – pouvait comprendre notre situation parce qu’il l’avait lui-même vécu et nous donnait ainsi du courage ».
« Sa leçon fondamentale – poursuit Oana – a été la confiance dans la vérité parce que la vérité rend libre : si dans nos pays nous avions plus de courage pour affronter les erreurs du passé, la situation actuelle serait meilleure ».
Les jeunes scouts de Misterbianco, dans la province de Catane, ont aussi vécu un long voyage en bus dans la nuit. Giuseppe Scuderi a 16 ans, et il était à peine plus qu’un enfant quand Jean-Paul II est mort, et pourtant : « je le voyais à la télévision et je le voyais proche des jeunes, affectueux avec les enfants ». Même chose pour Alfredo Murabito: « Les derniers temps, on ne comprenait pas tout ce qu’il disait, mais il transmettait des émotions : en l’écoutant, on se sentait mieux ». Eux non plus ne dormiront pas entre le Cirque Maxime et la place Saint-Pierre : « Nous n’avons pas pris de sac de couchage, cela aurait été un poids inutile ».
Le Frère Fabian, de la communauté de St Jean en Autriche, qui unit vie active et contemplative, a un souvenir personnel très précis de Jean-Paul II : « J’avais 19 ans lorsqu’il passa par Paderborn, en Allemagne du nord, pour aller vers Berlin. Il était dans la papamobile, et en passant il a croisé mon regard et il m’a fixé : cela a été un moment déterminant pour moi ». « Aujourd’hui – affirme le Frère Fabian – l’Eglise nous encourage à le prier et sa béatification est comme un sceau sur ce que nous portions déjà dans le cœur ».
A l’occasion de la béatification de Mère Teresa de Calcutta, Costanca Andrade, de Lisbonne, était dans la foule de pèlerins qui fêtait aussi le 25e anniversaire du pontificat de Jean-Paul II. Des feux d’artifice étaient prévus le soir : « Il faisait nuit place Saint-Pierre et le pape était à sa fenêtre, se rappelle Costanca. Nous avions entonné le chant de la Vierge de Fatima et de manière improvisée, le pape a dit ‘bonne nuit’ en portugais : c’est un souvenir inoubliable ». Pourquoi l’aimons-nous ? « Parce qu’il a ouvert l’Eglise aux gens, parce que c’est un saint pour notre temps ».
« Jean-Paul II – affirme Benedetto Coccia, président de l’Action catholique de Rome – a rendu le concept de sainteté proche des jeunes, repoussant l’idée que cela était éloigné de leur vie quotidienne ». Beaucoup de jeunes de l’association, à l’occasion de la béatification, se sont engagés comme volontaires : « C’est une manière de servir, affirme Benedetto – mais aussi de remercier le pape qui leur a appris à être Eglise ».
Le chant « Grazie Jahvè » a rassemblé sur une partie du Cirque Maxime les jeunes du chemin néocatéchuménal venant de toute l’Europe qui ont dansé au son des tambourins.
Gianfranco Tata de la communauté néocatéchuménale de la paroisse S. Girolamo Emiliani de Rome a participé aux JMJ de Saint-Jacques de Compostelle, Denver, Paris, Rome, Toronto et, avec Benoît XVI à celles de Cologne. « J’ai vu Jean-Paul II de nombreuses fois – raconte-t-il – je crois qu’il a évangélisé le monde par sa souffrance en détournant la logique du monde qui n’accepte pas celui qui n’est pas parfait ».
« Je le voyais souvent à la télévision le dimanche – affirme Achille Ascione de Naples -; sa souffrance m’impressionnait, je souffrais avec lui. Croyez-moi, je parle avec le cœur ». Achille n’est pas au Cirque Maxime en habit de pèlerin : il vend des magnets à l’effigie souriante de Jean-Paul II qui bénit, un métier improvisé pour joindre les deux bouts.
Et maintenant, le pape qui a accompagné notre jeunesse peut-il être invoqué de la même manière que S. Gennaro, saint patron de la ville de Naples honoré comme une célébrité par les Napolitains ? « Nous avons vu Jean-Paul II rencontrer beaucoup de gens – affirme-t-il sans répondre à la provocation d’une ‘compétition’ entre saints – nous l’avons vu voyager dans le monde entier pour comprendre, se faire proche de tous : ce n’est pas possible de le vivre avec saint Gennaro ».
Presente, presente, el Papa está presente, répètent les fidèles, en chœur, de Guadalupe, après le refrain ‘classique’ : Juan Pablo II, te quiere todo el mundo « Jean-Paul II, le monde entier t’aime ». Le cardinal Stanislaw Dziwisz l’affirme aussi dans son témoignage aux pèlerins : « ce soir, au Cirque Maxime, Jean-Paul II est plus présent que jamais ».
Chiara Santomiero