ROME, Lundi 31 janvier 2011 (ZENIT.org) - Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a exprimé sa préoccupation après la récente décision de l'académie d'Al Azhar du Caire (Egypte) de suspendre ses rencontres avec le Vatican.

Dans une interview accordée à L'Osservatore Romano, le 28 janvier dernier, le cardinal français a insisté sur l'importance de poursuivre le dialogue avec les musulmans, rappelant que tous les rendez-vous, « y compris celui de février avec nos partenaires du Caire », restaient « valides ».

« Nous désirons bien comprendre quels sont les motifs qui ont pu pousser le Conseil de l'Académie des recherches islamiques d'Al Azhar à ‘geler', le 20 janvier dernier, le dialogue avec nous », a-t-il affirmé. « Je pense qu'une lecture attentive des paroles de Benoît XVI dans son message pour la Journée de la paix 2011, ainsi que son discours au Corps diplomatique du 10 janvier, pourrait aider à dissiper les malentendus ».

En effet, dans ces deux textes, il est clair que « le pape se réfère aux valeurs universelles et c'est pourquoi, en parlant du respect effectif des droits et des libertés de la personne humaine, il ne commet aucune ingérence sur des questions qui ne sont pas de sa compétence », a expliqué le cardinal Tauran.

Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a rappelé l'importance de rester fidèles à la ligne de Nostra Aetate, qui exhorte « à oublier le passé et à s'efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu'à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ». « Et cela est valable pour tous », a-t-il affirmé.

Interrogé sur le fait que certains affirment que le pape n'aime pas l'islam, le cardinal Tauran s'est indigné : « Il n'y a rien de plus faux », a-t-il affirmé en revenant sur les paroles prononcées par le pape au début de son pontificat, le 25 avril 2005, où Benoît XVI saluait « la croissance du dialogue avec l'islam » et souhaitait « continuer à établir des ponts d'amitié avec toutes les religions, dans la recherche du bien authentique de toute personne et de la société tout entière ».

Le cardinal Tauran a aussi rappelé la visite de Benoît XVI à la mosquée bleue d'Istanbul, son discours au corps diplomatique en Turquie, la visite au Dôme du Rocher à Jérusalem. On pourrait aussi rappeler la réunion de novembre 2008 à Rome, avec les signataires de la fameuse Lettre des 138 personnalités musulmanes aux chefs religieux chrétiens.

« Je n'ai jamais trouvé dans les paroles de Benoît XVI un quelconque mépris de l'islam », a insisté le cardinal.

Comment sortir de cette crise ?

Pour sortir de cette crise, le cardinal Tauran a souhaité « encourager toutes les religions à vivre le dialogue » comme « une opportunité ». « Malgré les déficiences des fidèles des religions, nous devons tous avoir le courage de veiller et d'être témoins pour promouvoir l'amour, le respect, la paix. Dans un monde aussi précaire et plein de murs de séparation, physiques et moraux, il me semble plus que jamais opportun que les religions, malgré leurs différences, encouragent ensemble l'amour et la paix », a-t-il affirmé.

Pour progresser dans le dialogue, il faut avant tout « s'asseoir » et « se parler de personne à personne, et non pas à travers les journaux ». « Et puis, je crois personnellement beaucoup dans le rôle de l'école et de l'université, où s'impose, selon moi, l'urgence d'une nouvelle rédaction de livres d'histoire, tant du point de vue du style que du contenu. Ainsi, le dialogue interreligieux reste un instrument prioritaire pour la promotion de la paix ».

Le cardinal a enfin rappelé que le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux continuerait « à accueillir avec amitié ceux qui veulent converser avec l'Eglise catholique ». « Pour le moment, tous nos rendez-vous restent valides, y compris celui de février avec nos partenaires du Caire », a-t-il conclu.

Marine Soreau