ROME, Lundi 31 janvier 2011 (ZENIT.org) – « En Afrique du Nord, les chrétiens restent prudents » : c’est le titre du dossier proposé par la rédaction française de Radio Vatican à l’ouverture de la réunion plénière de la Conférence des évêques de la Région Nord de l’Afrique (CERNA) qui se déroule à Alger du 29 janvier au 3 février.
Sur « fond de troubles politiques » dans le monde arabo-musulman, Radio Vatican a interviewé Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat (Maroc), qui évoque le « devoir de réserve » des chrétiens en terre d’islam et rappelle que les « fondamentalistes et extrémistes » ne sont dans ces pays qu’une « toute petite minorité ».
Les évêques d’Algérie, de Libye, du Maroc, de Mauritanie et de Tunisie réunis actuellement en assemblée plénière ne manqueront pas d’aborder la question des troubles qui touchent notamment la Tunisie. « On va essayer d’avoir une vision un peu plus claire, de mieux comprendre la situation », a expliqué Mgr Landel.
Evoquant en particulier la Tunisie, il affirme : « On va débattre de tous ces thèmes et voir comment on se situe en tant que chrétiens. Nous sommes pratiquement tous des chrétiens étrangers. Nous avons un certain devoir de réserve par rapport au pays qui nous accueille », a-t-il expliqué.
Interrogé sur la place des chrétiens dans un tel contexte, il a rappelé qu’elle était « nulle » : « la place de l’étranger est de continuer à vivre la rencontre avec les musulmans. Parler avec eux. Mais on n’a pas à prendre à leur place des décisions politiques ou même sociales », a-t-il insisté.
L’évêque a évoqué l’importance de l’écoute et de l’accompagnement. « Mais nous ne pouvons pas dire que nous sommes avec eux dans un sens plutôt que dans un autre. Surtout que nous ne sommes rien dans ces pays », a-t-il ajouté en donnant l’exemple du Maroc où les chrétiens ne sont que 25 000 pour une population de 35 millions d’habitants.
« Je crois qu’il y a ce devoir de réserve », a-t-il insisté. « Mais si pour une raison ou pour une autre on nous demande telle ou telle chose d’accompagnement ou d’association, on répondra présent. Il s’agit d’aider au développement d’un peuple ».
Interrogé sur le risque d’une montée des fondamentalistes au pouvoir en raison de l’incertitude actuelle, Mgr Landel a rappelé évoqué le retour au pays de Rached Ghannouchi, chef du mouvement islamiste tunisien Ennahda après vingt-trois ans d’exil en Angleterre.
« Il a bien dit qu’il n’était pas question de faire un gouvernement islamiste. Je crois même qu’il a dit qu’il n’était pas question qu’il entre au gouvernement », a affirmé Mgr Landel.
Tout en reconnaissant la présence d’une « toute petite minorité » d’extrémistes, l’évêque a invité à cesser « d’avoir peur des fondamentalistes ». « Ce qui s’est passé en Egypte, ce qui se passe en Irak, je ne peux pas dire que c’est une histoire de musulmans contre chrétiens », a-t-il affirmé. « C’est une histoire de petits groupes de musulmans contre des chrétiens. Il y a aussi des musulmans qui sont morts et qui meurent tous les jours ».