La nouvelle évangélisation, par Mgr Fisichella

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« Toujours et partout »

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ROME, Vendredi 28 janvier 2011 (ZENIT.org) – « « Ubicumque et semper ». La nouvelle évangélisation », titre L’Osservatore Romano en français du jeudi 27 janvier 2011. Dans cette réflexion du président du nouveau dicastère ad hoc, Mgr Rino Fisichella évoque notamment la « Sagrada Familia » d’Antonio Gaudi, un symbole de la nouvelle évangélisation.

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L’Eglise existe pour apporter en tout temps l’Evangile à toute personne, où qu’elle se trouve. Le commandement de Jésus est tellement limpide qu’il ne permet absolument aucune équivoque ni aucun alibi. Ceux qui croient dans sa parole sont envoyés sur les routes du monde pour annoncer que le salut promis est à présent devenu réalité. L’annonce doit se conjuguer avec un style de vie qui permet de reconnaître les disciples du Seigneur partout où ils se trouvent. L’on pourrait dire que l’évangélisation se résume en ce style qui caractérise ceux qui se placent à la suite du Christ. La charité comme règle de vie n’est rien d’autre que la découverte de ce qui donne un sens à l’existence pour qu’elle la pénètre jusque dans ses méandres les plus intimes de ce que le Fils de Dieu fait homme a vécu personnellement.

On pourra débattre longuement sur le sens de l’expression « nouvelle évangélisation », se demander si l’adjectif qui détermine le substantif a vraiment un sens, mais cela n’entame pas la réalité. Le fait qu’on l’appelle « nouvelle » n’entend pas qualifier les contenus de l’évangélisation mais la condition et les modalités selon lesquelles elle est faite. Benoît XVI, dans la lettre apostolique Ubicumque et semper souligne à raison qu’il estime opportun « d’offrir des réponses adéquates afin que l’Eglise tout entière, se laissant régénérer par la force de l’Esprit Saint, se présente au monde contemporain avec un élan missionnaire en mesure de promouvoir une nouvelle évangélisation ».

Certains pourraient insinuer que prendre le parti d’une nouvelle évangélisation équivaut à juger l’action pastorale menée précédemment par l’Eglise comme un échec à cause de la négligence ou de la faible crédibilité offerte par ses hommes. Cette considération aussi n’est pas dénuée de plausibilité, mais elle s’arrête au phénomène sociologique pris dans sa dimension fragmentaire, sans considérer que l’Eglise dans le monde présente des marques de sainteté constante et de témoignages crédibles qui encore de nos jours sont marqués par le don de la vie. Le martyr de beaucoup de chrétiens n’est pas différent de celui offert au cours des siècles de notre histoire, et pourtant il est vraiment nouveau parce qu’il entraîne les hommes de notre temps souvent indifférents à réfléchir sur le sens de la vie et sur le don de la foi.

Lorsque l’on égare la recherche du sens authentique de l’existence, en avançant sur des sentiers qui portent dans une jungle de propositions éphémères, sans que l’on comprenne le danger qui guette, alors il est juste de parler de nouvelle évangélisation. Elle se veut une véritable provocation à prendre au sérieux la vie pour l’orienter vers un sens achevé et définitif qui trouve sa seule confirmation dans la personne de Jésus de Nazareth. C’est Lui, le révélateur du Père et sa révélation historique, qui est l’Evangile qu’encore aujourd’hui nous annonçons comme réponse à la demande qui inquiète les hommes depuis toujours. Se mettre au service de l’homme pour comprendre l’angoisse qui le meut et proposer une échappatoire qui lui offre sérénité et joie est ce que l’on saisit dans la belle nouvelle que l’Eglise annonce.

Une nouvelle évangélisation, donc, parce qu’est nouveau le contexte où vivent nos contemporains ballottés souvent ici et là par des théories et des idéologies passées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, on préfère imposer une opinion plutôt que diriger vers la recherche de la vérité.

L’exigence d’un langage nouveau, en mesure de se faire comprendre par les hommes d’aujourd’hui, est une exigence que l’on ne peut pas ignorer, surtout pour le langage religieux marqué par une telle spécificité qu’elle apparaît souvent incompréhensible. Ouvrir la « prison du langage » pour favoriser une communication plus efficace et féconde est un engagement concret pour que l’évangélisation soit réellement nouvelle.

On retrouve dans la Sagrada Familia de Gaudí une icône à laquelle le nouveau dicastère entend se consacrer. Celui qui l’observe dans sa puissance architecturale trouve la voix d’hier et celle d’aujourd’hui. Il n’échappe à personne que c’est une église, un espace sacré qui ne peut être confondu avec aucune autre construction. Ses flèches s’élancent vers le ciel, obligeant à regarder vers le haut. Ses piliers n’ont pas des chapiteaux ioniques ou corinthiens et, toutefois, ils y font penser même s’ils permettent d’aller au-delà pour suivre un entrelacs d’arcs qui évoque une forêt où le mystère envahit l’observateur et, sans l’annihiler, lui offre la sérénité.

La beauté de la Sagrada Familia sait parler à l’homme d’aujourd’hui tout en conservant les traits fondamentaux de l’art antique. Sa présence semble s’opposer à la cité faite d’immeubles et de routes à perte de vue montrant la modernité à laquelle nous sommes invités. Les deux réalités coexistent et ne jurent pas l’une à côté de l’autre, elles semblent même au contraire faites l’une pour l’autre; l’église pour la ville et inversement. Il apparaît avec évidence, quoi qu’il en soit, que la ville sans laquelle l’église serait privée de quelque chose de substantiel, soulignerait un vide qui ne peut pas être comblé par davantage de béton, mais par quelque chose de plus vital qui pousse à regarder vers le haut sans précipitation et dans le silence de la contemplation.

(©L’Osservatore Romano – 27 janvier 2011)

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ZENIT Staff

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