ROME, Jeudi 27 janvier 2011 (ZENIT.org) – Toute la ville de San Cristobal de Las Casa, au Mexique, s’est mobilisée pour faire ses derniers adieux à Mgr Samuel Ruiz Garcia, archevêque émérite de la ville, décédé lundi dernier, 24 janvier, à Mexico, à l’âge de 86 ans.
Surnommé « l’évêque des Indiens du Chiapas », ou tout simplement « Tatik » (père en langue totzil) par les indiens eux-mêmes, pour avoir été leur « fervent défenseur », était hospitalisé dans la capitale mexicaine, depuis deux semaines, suite à des problèmes de santé.
« C’est avec une profonde douleur que nous vous communiquons qu’en cette matinée du 24 janvier, dans la ville de Mexico, est décédé Mgr Samuel Ruiz Garcia, à l’âge de 86 ans », annonce dans son communiqué le Centre des droit de l’homme Fray Bartolomé de Las Casas, à San Cristobal de Las Casas, dont il était le fondateur et président depuis 1989.
Ce même 24 janvier, le corps de Mgr Ruiz, a été transféré dans la cathédrale de San Cristobal de Las Casas, où le nonce apostolique au Mexique, Mgr Christophe Pierre, a présidé ses obsèques, hier mercredi.
Sa dépouille a été placée dans une crypte située derrière l’autel principal de la cathédrale, là où repose également la dépouille de l’évêque espagnol Fray Bartolomé de Las Casas, connu pour son action constante en défense des indigènes au XVIe siècle.
Mgr Ruiz aurait fêté mardi 25 janvier, 51 ans d’ordination épiscopale.
« La mort de Mgr Ruiz est une perte pour tout le Mexique », a souligné le président mexicain, Felipe Calderon, dans des propos rapportés par Radio Vatican. « Un Mexique que le prélat s’est efforcé de rendre plus juste, solidaire et sans discriminations », a-t-il ajouté.
« Il continuait à servir les peuples autochtones et la cause des pauvres, en tout lieu et toute circonstance », écrit pour sa part dans une lettre, l’archevêque actuel de San Cristobal, Mgr Felipe Arizmendi Esquivel, rappelant ses 40 ans de lutte pour la défense des droits de l’homme.
Une action qui a valu à Mgr Ruiz le Prix de l’Unesco en 1978 et une candidature au Nobel de la Paix, 15 ans plus tard.
« Notre aimé Tatik nous a laissé comme devoir de lutter pour la justice et la construction de la paix avec dignité et persévérance », souligne le Centre de droit de l’homme Fray Bartolomée, évoquant le rôle « d’inspirateur » et de « guide » de Mgr Ruiz auprès de plusieurs organisations civiles et de processus sociaux dans la construction de la justice, mais aussi son rôle « de médiateur » dans les échanges entre l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), et le gouvernement mexicain.
Se disant « fidèle à l’inspiration » de ce « grand penseur de la théologie de la libération et moteur de la théologie indienne », les membres du Centre confirment leur mission de « marcher aux cotés et au service du peuple « pauvre et exclu », de poursuivre le projet de Mgr Ruiz visant à « construire une société où les personnes et les communautés exercent et profitent pleinement de leurs droits ».
Pax Christi Montréal (Canada), dans un message de condoléances aux communautés du Chiapas, au personnel du diocèse et au Centre Fray Bartolomée, invite « tous ses amis des réseaux de justice et paix à trouver, dans la simplicité de vie et l’engagement constant de Mgr Ruiz, un phare qui encourage à ne jamais perdre de vue notre horizon… de lutte pour la justice, notamment pour la reconnaissance des peuples autochtones ».
Partisan de l’option préférentielle pour les pauvres et fervent défenseur de la théologie de la libération – il publia Théologie biblique de la libération (1975) -, Mgr Ruiz mit en place un vaste réseau de 7.800 catéchistes autochtones et 2.600 communautés de base, ce qui permit, par un patient travail pastoral d’éducation populaire, d’aider les Mayas du Chiapas et d’ailleurs, à s’organiser pour défendre leurs droits (cf. Journal La Croix 26 janvier 2011).
Isabelle Cousturié