ROME, Jeudi 25 novembre 2010 (ZENIT.org) – « Le Mont Saint-Michel sauvé des sables » : c’est le « nouveau Brunor ». Un album qui met en images l’aventure du barrage qui doit sauver le Mont Saint-Michel de l’ensablement. Nous publions ci-dessous un extrait de l’entretien réalisé avec l’auteur par France Catholique.
L’architecte Luc Weizmann et Brunor dédicaceront leurs livres le 1er décembre 2010 à 19h, à la « Librairie du Moniteur », 7 place de l’Odéon, 75006 Paris – France. Tél. : ++33 (0)1 44 41 15 75
FC – Dans plusieurs de vos bandes dessinées, vous avez fait référence au Mont Saint-Michel. Cette fois-ci, le sujet de votre nouvel album n’est autre que le Mont Saint-Michel, lui-même, ou plus précisément son sauvetage des sables dont les premiers résultats sont très encourageants. Mais, ce sera ma première question, cet ensablement du Mont ne fait-il pas partie des choses naturelles ?
Brunor – L’ensablement est surtout dû à l’intervention humaine. D’abord avec la construction de digues et la création artificielle de polders, afin de gagner du terrain sur la mer, puis avec la construction en 1879, d’une digue -route insubmersible, pour permettre aux véhicules d’accéder directement au pied du Mont. Dès lors, il a cessé d’être une île et surtout, la mer a été empêchée de tourner autour de ce rocher, cessant donc de drainer dans son reflux les alluvions et sables qu’elle apportait avec la marée montante. On observe donc un ensablement constant. Dans une cinquantaine d’année le Mont cesserait d’apparaître au milieu des eaux de la baie, pour n’être plus qu’une simple colline au milieu des prés ou des bois, si rien n’était entrepris pour restituer son caractère maritime.
FC – Comment le sauver des sables ?
Brunor – Mon album raconte le premier chapitre de cette aventure authentique, à travers le regard de mes personnages favoris : la jeune Marine découvre tout cela grâce à Tom, un des guides de la baie qui conduisent les marcheurs entre les sables mouvants au long des 6 kms séparant le village des Genets et le Mont. Le lecteur comprend avec elle comment il va être possible de chasser les sables en utilisant les forces naturelles, ce qui est très enthousiasmant. Elle apprend qu’un petit fleuve de 100 km, le Couesnon, débouche juste en face du Mont. Il a longtemps joué un rôle de frontière entre Bretagne et Normandie. Mais son débit étant insuffisant pour drainer les sables vers le large, l’idée est de lui donner un « coup de main » en augmentant son débit, grâce à un barrage pas comme les autres.
FC – Pourquoi ce barrage n’est-il pas comme les autres ?
Brunor – Habituellement un barrage sert à séparer, à retenir les eaux d’un côté pour en tirer de l’énergie électrique. Au contraire, ce barrage du Couesnon est conçu pour réunir. D’abord réunir les eaux douces du fleuve avec les eaux salées de la marée montante, pour unir leurs forces et créer ces crues deux fois par jours, quand la mer redescend. Mais nous parlerons tout à l’heure d’une autre dimension humaine culturelle et spirituelle que l’architecte a voulu mettre dans cette œuvre.
Les barrages sont généralement des édifices imposants qui affirment une certaine puissance, celui-ci est tout en discrétion, son horizontalité qui ne dépasse pas la hauteur des digues des polders, répond à la verticalité du Mont.
FC – Comment a-t-il été conçu ?
Brunor – Des études hydrauliques ont permis d’établir un cahier des charges et un concours d’architecture a été lancé, il y a une dizaine d’années. C’est Luc Weizmann qui l’a gagné avec un projet discret, esthétique et efficace. Je n’ai pu réaliser cet album qu’avec sa complicité bienveillante, et avec le soutien de François-Xavier de Beaulaincourt, responsable du Syndicat Mixte chargé de gérer les différentes phases de ces grands travaux.
(…)
FC – Comment témoigner, sur un barrage, du haut lieu de spiritualité et de culture qu’a été l’Abbaye du Mont ?
Brunor – C’est le défi qu’a relevé l’architecte Luc Weizmann. Il a voulu que la rambarde du balcon maritime ne soit pas en vulgaire aluminium moderne, mais en bronze. Le visiteur qui regarde le Mont en s’appuyant sur ce bastingage, va remarquer des signes incrustés dans le bronze.
Il ne tarde pas à reconnaître des lettres gravées en creux, qui sont réparties tout au long de la centaine de mètres de ce pupitre. Rien d’ésotérique : ce sont les quatre alphabets qui se rencontrent ici, comme dans les pages enluminées des manuscrits médiévaux, conservés dans le scriptorial de la bibliothèque de l’Abbaye. Luc Weizmann raconte avec talent cette autre aventure dans son très beau livre : « Le Pupitre des lettres » (à commander sur le site : http://www.jeanmichelplace.com).
Pour lire l’ensemble de l’entretien cf. France Catholique.
Propos recueillis par Brigitte Pondaven