ROME, Mercredi 12 mai 2010 (ZENIT.org) - Benoît XVI a évoqué le ‘conflit' présent dans la culture actuelle entre la tradition et le présent, qui s'exprime par une « crise de la vérité ».

Avec force, il a rappelé que l'Eglise avait une mission de vérité dans le monde. Une mission qu'il a jugée « impérative ». Chercher la vérité « en dehors de Jésus Christ s'avère dramatique », a-t-il insisté.

Au deuxième jour de son voyage au Portugal (11-14 mai), le pape a rencontré le monde de la culture au Centre Belém de Lisbonne. La rencontre a commencé vers 11h, en présence de plus de 1000 personnes, sans compter les autorités présentes dont le ministre de la culture, et des représentants de la pensée, de la science et de l'art.

Après plusieurs intermèdes musicaux et l'intervention de Mgr Manuel Clemente, évêque de Porto et président de la Commission épiscopale pour la culture, et du cinéaste Manoel de Oliveira, le pape a prononcé son discours.

Aujourd'hui, a-t-il déploré, « la culture reflète une ‘tension', qui prend parfois la forme de ‘conflit' entre le présent et la tradition ». « L'élan de la société absolutise le présent, le détachant du patrimoine culturel du passé et sans l'intention de tracer les contours d'un avenir ».

« Mais une telle valorisation du ‘présent' en tant que source d'inspiration du sens de la vie, aussi bien individuelle que sociale, se heurte à la forte tradition culturelle du peuple portugais, profondément marquée par l'influence millénaire du christianisme et par un sens de la responsabilité globale », a confié le pape en évoquant la « sagesse » de la tradition portugaise marquée par « le sens de la vie et de l'histoire » et une « cohérence éthique ».

Pour Benoît XVI, le conflit entre la tradition et le présent « s'exprime dans la crise de la vérité, mais c'est seulement celle-ci qui peut orienter et tracer le chemin d'une existence réussie, aussi bien en tant que personne que comme peuple ». Et d'insister : « un peuple qui cesse de savoir quelle est sa vérité propre finit par se perdre dans le labyrinthe du temps et de l'histoire, privé des valeurs clairement établies et sans grands buts clairement énoncés ».

Annoncer la vérité : un service offert à la société

Dans son allocution, le pape a invité à faire un « effort de compréhension » autour de « la forme dans laquelle l'Eglise se situe dans le monde, en aidant la société à comprendre que l'annonce de la vérité est un service qu'Elle offre à la société, ouvrant de nouveaux horizons d'avenir, de grandeur et de dignité ».

A ses yeux, la vérité est gage de liberté. « La fidélité à l'homme exige la fidélité à la vérité qui seule, est la garantie de la liberté (cf. Jn 8,32) et de la possibilité d'un développement humain intégral ». « C'est pour cela que l'Eglise la recherche, qu'elle l'annonce sans relâche et qu'elle la reconnaît partout où elle se manifeste. Cette mission de vérité est pour l'Eglise une mission impérative » (Caritas in veritate, n.9), a-t-il expliqué.

Evoquant enfin le Portugal comme une « société formée en majeure partie de catholiques et dont la culture a été profondément marquée par le christianisme », il a estimé que « la tentative de trouver la vérité en dehors de Jésus-Christ » s'avérait « dramatique ».

Confrontez-vous à la source de la beauté

S'adressant aux « artisans de la culture sous toutes ses formes, créateurs de pensée et d'opinion », le pape leur a rappelé combien leur « talent » leur donnait « la possibilité de parler au cœur de l'humanité, de toucher la sensibilité individuelle et collective, de susciter des rêves et des espérances, d'élargir les horizons de la connaissance et de l'engagement humain ».

« N'ayez pas peur de vous confronter avec la source première et ultime de la beauté, de dialoguer avec les croyants, avec ceux qui, comme vous, se sentent en pèlerinage dans le monde et dans l'histoire vers la Beauté infinie (Discours aux artistes, 21/XI/2009) », a-t-il lancé.

Pour Benoît XVI, l'Eglise a la « mission prioritaire, dans la culture actuelle, de tenir éveillée la recherche de la vérité et, en conséquence, de Dieu ; de porter les personnes à regarder au-delà des choses qui passent et à se mettre à la recherche des choses qui demeurent ».

« Faites des choses belles, mais par-dessus tout faites que vos vies deviennent des lieux de beauté », a-t-il conclu.

Marine Soreau