ROME, Mercredi 26 mai 2010 (ZENIT.org) – Les 14 millions de chrétiens qui vivent au Moyen Orient, malgré les difficultés et les persécutions, ont une mission à accomplir dans leurs pays respectifs, pour créer un environnement de paix et d’harmonie.
C’est l’un des thèmes soulevés par Mgr William Shomali, nommé depuis peu évêque du Patriarcat de Jérusalem, lors d’une conférence organisée le 13 mai dernier à l’auditorium de St. Saviour.
La conférence, visant à préparer la prochaine assemblée spéciale du synode des évêques pour le Moyen Orient, réunissait environ 140 religieux qui travaillent au Patriarcat latin et ont coopérer à la rédaction des Lineamenta (le texte de base).
Mgr Shomali a insisté sur la nécessité que les chrétiens du Moyen Orient « découvrent leur vocation », évitant ainsi de se renfermer dans une « mentalité de ghetto » qui ne ferait qu’accentuer leur marginalisation sociale.
Durant la conférence, intitulée « The Synod for the Middle East in its Geopolitical and Pastoral Context » (« Le synode pour le Moyen Orient dans son contexte pastoral et géopolitique »), le nouvelle évêque auxiliaire de Jérusalem a analysé pays par pays, la situation des minorités chrétiennes.
De la Turquie à l’Egypte, de la Syrie à l’Irak, la situation des chrétiens est toujours plus difficile, d’un côté en raison de leur émigration, de l’autre à cause de la montée d’un islam politique qui veut assujettir les sociétés arabes.
Même si la situation concrète de tolérance à plus ou moins grande échelle dépend de chaque pays (de l’intolérance totale de l’Arabie saoudite à la liberté de culte en Jordanie), les chrétiens vivent dans des sociétés où il n’existe pas de vraie liberté de conscience, et leur présence est plus tolérée qu’admise.
Moins de chrétiens
Le plus gros problème des communautés chrétiennes aujourd’hui, a expliqué Mgr Shomali, est celui de sa propre continuité, car depuis désormais 100 ans ces dernières vivent un exode continu, auquel est venu s’ajouter le génocide des maronites (1860) et celui d’un million et demi d’arméniens de Turquie (1912), la guerre du Liban (1975 -1990) et l’instabilité de l’Irak (depuis 1990).
Ces migrations, affirme Mgr Shomali, ont non seulement « affaibli le tissu de la vie chrétienne », mais elles ont aussi « ouvert les yeux des musulmans modérés, qui voient en cet exode un appauvrissement de la société arabe et la perte d’éléments modérés ».
« Beaucoup d’intellectuels palestiniens, y compris l’actuel Grand Mufti de Palestine, le président Mahmoud Abbas et le premier ministre Salam Fayyad, ont affirmé que le départ des chrétiens a été une perte pour tous les palestiniens et qu’il finira par mettre les juifs et les extrémistes musulmans face à face », a-t-il déclaré.
« Les chrétiens peuvent apporter leur contribution dans la recherche de solutions aux conflits politiques et religieux », mais pour cela ils doivent « perdre cette mentalité de ghetto », et « participer plus activement à la vie publique ».
« Vocation » et non « destin »
Pour Mgr Shomali, les chrétiens qui vivent au Moyen Orient sont insérés dans une certaine culture et vivent avec d’autres peuples, partagent avec eux une langue, une histoire et tant de traditions.
« Les chrétiens ne doivent pas se sentir des étrangers. Ils sont appelés à être des témoins du Christ dans les pays où ils vivent », a-t-il indiqué.
Si bien qu’il les a exhortés « à vivre avec foi et joie sur la terre de leurs ancêtres », leur expliquant que « quitter son pays d’origine signifie échapper à la réalité ».
Oecuménisme
« Les saintes Ecritures, écrites sur nos terres et dans nos langues (hébreu, araméen et grec), avec des expressions littéraires et culturelles que nous sentons proches de nous, guideront notre pensée » pour « découvrir le sens de notre présence, de notre communion et de notre témoignage dans le contexte actuel de nos pays respectifs », a poursuivi Mgr Shomali.
« Les Eglises ont besoin de vivre leur particularité liturgique et linguistique et une plus grande communion les uns avec les autres. Actuellement, cette communion laisse un peu à désirer. Elles ont besoin aussi d’un renouvellement pastoral et liturgique ».
Mgr Shomali a ensuite retracé le parcours des relations entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe, affirmant avec les Lineamenta que les divisions entre les Eglises du Moyen Orient « sont les fruits amers du passé, mais l’Esprit œuvre avec les Eglises pour rassembler et briser les barrières, les porter vers cette unité visible que souhaite le Christ ».
L’Eglise, a-t-il conclu, « ne cherche pas à offrir des solutions toutes faites pour tous les problèmes que doivent affronter les chrétiens qui vivent au Moyen Orient ».
Faisant sienne une des réponses pour les Lineamenta, Mgr Shomali a souligné que le devoir de l’Eglise est de « former le clergé et les fidèles, lors des sermons et catéchèses », pour donner au croyant « un vrai sens à sa foi et la conscience qu’il a un rôle à jouer dans la société, au nom de cette foi ».